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voilà couché dans une crèche, Celui qui porte la terre, et le voilà dans des langes, Celui qui enveloppe l’univers. Ce qui est couché, c’est le temple, et celui qui l’habite, c’est Dieu. Et les mages arrivent, et l’adorent aussitôt ; arrive le publicain, et il devient évangéliste ; arrive la courtisane, et elle devient une vierge ; arrive la Chananéenne, et elle éprouve sa charité. C’était le propre d’un cœur plein d’amour de ne pas réclamer les comptes sévères des péchés, mais de pardonner les délits et les fautes. Eh bien ! que fait-il ? Il prend l’humanité, il fait ses fiançailles avec elle. Et que lui donne-t-il ? Un anneau : Lequel ? l’Esprit-Saint. Écoutez Paul : Le Dieu qui affermit notre société avec vous, le Dieu qui nous a scellés de son sceau, et qui nous a donné les arrhes de l’Esprit. (2Co. 1,21-22) C’est l’Esprit qu’il lui donne. Ensuite, il lui adresse ces mots : Ne t’ai-je, pas plantée dans le paradis ? Elle répond, oui. Et comment en es-tu déchue ? Le diable est venu, et il m’a prise, et il m’a tirée du paradis. Tu avais été plantée dans le paradis, et il t’en a chassée ; voici que je te plante en moi, c’est moi qui te porte. Comment ? il n’ose pas s’approcher de moi. Je ne te fais pas monter dans le ciel, mais, ici, tu seras plus grandement qu’au ciel : c’est en moi-même, en moi, le Maître du ciel, que je te porte. Le berger porte la brebis, et le loup n’approche plus ; ou plutôt je lui permets d’approcher. Il porte notre nature, et le diable s’approche, et il est vaincu. Je t’ai plantée en moi. Voilà pourquoi il dit : Moi, je suis la racine, et vous, les sarments (Jn. 15,5), et il l’a implantée en lui. Et après ? Mais je suis un pécheur, dit l’homme, et un être immonde. Ne t’inquiète pas, je suis médecin. Je connais mon vase, je sais comment il a été détérioré. Il était d’argile d’abord, et il a été détérioré. Je le renouvelle par un baptême de régénération, et je le livre au feu. Voyez bien ! il a pris de la terre et il en a fait l’homme ; il l’a façonné. Le diable est venu, il l’a détérioré. Il est venu, Lui, et, de nouveau, il l’a repétri, et il lui a donné une nouvelle forme dans le baptême, et, cette fois, il n’a pas voulu que son corps fût simplement d’argile, niais il l’a fait de terre cuite. Il a livré l’argile au feu de l’Esprit : Lui-même vous baptisera dans l’Esprit-Saint et dans le feu (Mat. 3,11) ; dans l’eau, pour réformer ; dans le feu, pour consolider. C’est pourquoi le Prophète, inspiré d’en haut, disait longtemps d’avance : Comme les vases d’un potier, vous les briserez. (Psa. 2,9) Il ne dit pas, comme les vases de terre cuite[1], que chacun possède : car les vases du potier sont ceux que le potier fabrique sur sa roue ; et les vases du potier sont d’argile, candis que les nôtres sont de terre cuite. Donc le Prophète, annonçant la recomposition par le baptême, comme les vases d’un potier, dit-il, vous les briserez. Nouvelle forme, dit-il, corps de nouveau pétris. Je me plonge dans les eaux du baptême ; et ma forme est renouvelée, le feu de l’Esprit la reconstitue, et de là la terre cuite. Et ce qui prouve qu’il n’y a pas là un étalage de paroles, écoutez Job : Il nous a faits d’argile. (Job. 10,9.) Voici Paul : Gardant ce trésor dans des vases de terre cuite. (2Co. 4,7) Considérez la force de la terre cuite, ici :-c’est qu’il n’est pas question de la terre cuite dans le feu, mais dans l’Esprit. Comment, vases de terre cuite ? Écoutez : Cinq fois, j’ai reçu trente-neuf coups de fouet ; trois fois j’ai été frappé de verges ; une fois j’ai été lapidé (2Co. 11,24-25), et le vase de terre cuite n’a pas été brisé. Un jour et une nuit, je suis resté au fond de la mer. Il est resté au fond de la mer, et le vase de terre cuite ne s’est pas dissous ; il a fait naufrage, et le trésor n’a pas été perdu. Le navire a été englouti, et le chargement a surnagé. Gardant ce trésor. Quel trésor ? Les provisions de l’Esprit, la justice, la sanctification, la rédemption. Quel trésor ? Répondez-moi. Au nom de Jésus-Christ, lève-toi et marche. (Act. 3,6) Aenée, Jésus-Christ te guérit. (Act. 9,34) Je te le dis, esprit impur, sors de ce corps. (Act. 16,18)
12. Avez-vous compris ce trésor, plus magnifique que tous les trésors des rois ? Car quelle perle royale a le pouvoir des paroles de l’Apôtre ? Mettez mille et dix mille diadèmes sur des morts, vous ne les réveillez pas ; une seule parole est sortie de l’Apôtre, et la nature rebelle est devenue docile, et la voilà rétablie en son premier état. Gardant ce trésor. O trésor, non seulement conservé dans la maison, mais conservant la maison qui le possède ! Avez-vous compris ? Les rois, les princes de la terre quand ils ont des trésors, construisent de grands édifices ; il leur faut des murailles, des verroux, des portes, des gardes, des serrures, pour conserver le trésor ; le Christ a fait tout

  1. Le vase de potier, c’est le vase qui n’a pas encore passé par le feu ; le vase de terre cuite c’est le même vase que le feu a ##Rem duret. Cette même distinction est déjà dans la première catéchèse.