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puissance de la prière, suppléer à l’impuissance de la nature, nous pourrons à plus forte raison, corriger les vices de la volonté ; si nous invoquons Dieu assidûment. Si Dieu voit que par amour pour sa loi, vous supportez avec constance les défauts de votre femme, il vous aidera à la corriger et vous récompensera de votre patience. Comment savez-vous si vous sauvez votre femme ? Comment savez-vous si vous sauvez votre mari ? (1Co. 7,16) Ne vous découragez pas, ne désespérez pas. Elle peut se corriger, et quand même elle ne se corrigerait pas, votre patience est toujours méritoire. Mais si vous la répudiez, vous êtes pécheur tout le premier, puisque vous transgressez la loi, et vous êtes adultère au jugement de Dieu. Quiconque, dit-il, renverra sa femme, autrement que pour adultère, l’entraîne à l’adultère. (Mat. 5,32)
Souvent vous prenez une femme plus difficile que la première, vous n’avez fait que changer un mal pour un pire et votre repos n’y gagne rien. Si la seconde vaut mieux que la première, vous ne pouvez pas goûter avec elle des plaisirs purs, en songeant que vous êtes regardé comme adultère à cause de celle que vous avez renvoyé ; et, en effet, ce divorce est un adultère. Ainsi, quand vous voyez se présenter une difficulté dans le mariage ou dans toute autre chose, ayez recours à Dieu ; lui seul peut nous tirer des embarras de la vie ; en effet, la prière est Une arme bien puissante. Je l’ai dit souvent, je le dis maintenant, et je ne cesserai point de le dire : Si pécheur que wons soyez, considérez le publicain qui a été exaucé, qui s’est purifié de tant de péchés. Voulez-vous savoir ce que peut la prière ? Auprès de Dieu même, l’amour ne suffit point sans la prière. Ce n’est pas moi qui parle, car je n’oserais pas vous dire de moi-même une ; chose aussi grave. Apprenez de l’Écriture même que là où l’affection seule échoue, la prière réussit. Un de vous, ayant un ami, vient et lui dit Mon ami, prête-moi trois pains ; l’autre ré pond : La porte est fermée, les enfants sont couchés, ne me tourmente pas. Eh bien !, je vous le dis ; ce qu’il aurait refusé à l’amitié, il l’accordera à l’importunité et donnera tout ce qu’il faudra. (Luc. 11,5-8) Vous voyez ainsi que l’affection n’a, point suffi sans la persévérance. Car le solliciteur était ami, mais pour qu’on ne croie pas que cela lui ait suffi ; l’Écriture dit : Ce qu’il aurait refusé à l’amitié, il l’accordera à l’importunité. Ainsi, dit-elle, l’amitié était impuissante, mais alors la persévérance réussira. Et sur qui cela s’est-il vérifié sur le publicain. Il n’était pas l’ami de Dieu, mais il l’est devenu : ainsi, même si vous êtes son ennemi, la persévérance vous rendra son ami. Voyez encore la Chananéenne et écoutez ce que le Christ lui dit d’abord : Il n’est pas ton de prendre le pain des enfants pour le jeter aux chiens. (Mat. 15,26) Cependant comment l’a-t-il fait, si ce n’était pas une bonne action ? Cette femme l’a rendue bonne par sa persévérance ; ce qui nous enseigne que l’homme le moins digne d’un bienfait finit par le devenir En persévérant.
8. Si je parle ainsi, c’est pour vous empêcher de dire : Je suis un pécheur, je n’ose parler, je ne puis prier. Celui-là est écouté qui croit ne pas l’être ; celui, au contraire, qui est sûr de lui devrait craindre, tel que le pharisien : tandis que celui qui se regarde comme repoussé et indigne d’attention, est écouté plus qu’un autre ; tel que le publicain. Voyez combien d’exemples vous en avez : la Chananéenne, le publicain, le voleur sur la croix, l’ami que la parabole nous représente mandant trois pains et les obtenant, non par amitié, mais par importunité. Si chacun d’eux avait dit : je suis un pécheur, couvert de tant de honte que je ne dois pas me présenter ; cela n’aurait servi à rien. Mais comme chacun d’eux n’a pas considéré la grandeur de ses péchés, mais l’inépuisable bonté de Dieu, il a été confiant et audacieux : tout pécheur qu’il était, il a demandé plus qu’il ne croyait mériter, et il a réussi à l’obtenir.
Songeons à tous ces exemples et gardons-en la mémoire : prions sans cesse avec vigilance, avec ; confiance, avec un bon espoir, avec un zèle infatigable. Toute cette ardeur que d’autres mettent à faire des vœux contre leurs ennemis, mettons-la à prier pour nos ennemis, pour leurs frères, et nous obtiendrons en même temps la satisfaction de nos désirs personnels. Car notre bienfaiteur est si bon pour nous qu’il désire encore plus donner que nous ne désirons recevoir. Ainsi, bien pénétrés de tous ces exemples, quand même nous serions tombés au plus profond abîme de la perversité, ne désespérons pas, même alors, de notre salut, mais présentons-nous avec une bonne, espérance, et persuadons-nous que nous obtiendrons tout ce que nous demanderons, pourvu que nous le demandions en observant la loi