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profit. (Act. 8,27) Afin qu’il n’est soit pas de même de vous, appliquez-vous a ce que je vais vous dire, prêtez-moi un esprit attentif et désireux de s’instruire, employez toute la pénétration, réunissez toutes les forces de votre intelligence ; que votre âme se détache de tout ce qui touche à la terre, afin que la parole ne tombe ni au milieu des épines ; ni sur la pierre, ni le long de la route, mais que, rencontrant une terre fertile et cultivée profondément, elle produise une moisson abondante. (Lc. 8,5, 8) Si ma parole vous trouve dans ces dispositions, vous allégerez ma tâche et vous faciliterez vos propres recherches.
Qu’est-ce donc qu’on a la ? Mon Père, s’il est possible, que ce calice passe loin de moi ; toutefois non ma volonté, mais la vôtre. (Mt. 26,39) Que veut dire par là notre Sauveur ? Car c’est une interprétation exacte qui nous donnera la solution. Il dit : Mon Père, si c’est possible, éloignez de moi la croix. Quoi donc, ignore-t-il si cela est possible ou non ? qui l’oserait dire ? Et pourtant ses paroles ont la forme du doute ; l’emploi du mot si semble indiquer le doute. Mais, comme je l’ai déjà dit, il faut s’attacher, non aux paroles, mais aux pensées, voir le but que Jésus se proposait, la cause, le temps, et après avoir recueilli toutes ces circonstances, rechercher la pensée que ces paroles contiennent. La sagesse ineffable, ce Fils qui connaît le Père comme le Père connaît le Fils, a-t-il pu ignorer cela ? Après tout, la connaissance de sa passion n’est pas quelque chose de plus grand que la connaissance de cette nature divine que seul il connaît exactement : Comme mon Père me connaît, dit-il, moi-même je connais mon Père. (Jn. 10,15) Non le Fils unique de Dieu n’a pas ignoré qu’il devait souffrir, que dis-je, les prophètes eux-mêmes non plus ne l’ont pas ignoré ; ils en ont eu une connaissance complète, ils ont annoncé et surabondamment affirmé que cela arriverait et qu’il en serait ainsi infailliblement. Voyez comme tous, quoique de diverses manières, ont annoncé la croix ? Le premier, le patriarche. en s’adressant au Christ s’écrie : C’est d’un bourgeon, mon Fils, que vous êtes sorti, entendant par ce bourgeon la Vierge, la pure Marie. Puis désignant la croix : Vous vous êtes couché et vous avez dormi comme le lion et comme le petit du lion ; qui le réveillera? (Gen. 49,9) Il parle de sa mort comme d’un repos, comme d’un sommeil, et à cette mort il joint la résurrection lorsqu’il ajoute : Qui le réveillera ? Personne ; il se ressuscitera lui-même. C’est pourquoi le Christ dit : J’ai le pouvoir de déposer ma vie et j’ai le pouvoir de la reprendre (Jn. 10,18) ; et encore : Détruisez ce temple, et, en trois jours, je le relèverai. (Id. 2, 19) Que veut dire le patriarche par ces mots : Vous vous êtes couché, et vous avez dormi comme un lion ? C’est que de même que le lion est terrible, non seulement quand il est éveillé, mais encore quand il dort, de même Notre-Seigneur, et avant sa passion, et sur sa croix, et jusque dans la mort, a été terrible et a opéré de grandes merveilles, puisque le soleil recula, que les rochers se fendirent, que la terre trembla, que le voile se déchira, que la femme de Pilate fut saisie de frayeur et Judas déchiré de remords. Car c’est alors qu’il dit : J’ai péché en livrant un sang innocent. (Mt. 27,4) Et la femme de Pilate envoyait dire à ce proconsul : Qu’il n’y ait rien entre toi et ce juste, car j’ai beaucoup souffert dans un songe ci cause de lui. (Id. 29) Alors les ténèbres se répandirent sur toute la terre et la nuit se fit au milieu du jour ; alors la mort fut vaincue et son joug brisé, car beaucoup de justes, morts depuis quelque temps, ressuscitèrent. C’est là ce que le patriarche voyait de loin, et, c’est pour montrer que, même sur la croix, le Christ sera terrible, qu’il dit : Vous vous êtes couché et vous avez dormi comme un lion. Et il ne dit pas : Vous vous coucherez, mais : Vous vous êtes couché, pour faire voir la certitude de la prophétie. Car souvent les prophètes parlent de l’avenir comme s’il était déjà passé. S’il n’est pas possible que ce qui est passé n’ait pas existé, il n’est pas possible non plus que ce qui est prédit n’existe pas un jour. Aussi les prophètes annoncent le futur sous la forme du passé, pour marquer que les événements prédits arriveront nécessairement et infailliblement. C’est ainsi que David disait en parlant de la croix : Ils ont percé mes pieds et mes mains (Ps. 21, 17) ; non pas : Ils perceront, mais : Ils ont percé. Ils ont compté tous mes os. Et outre cela, il prédit encore ce que feront les soldats : Ils se sont partagé mes vêtements, et, sur ma robe, ils ont jeté le sort. Et il annonce encore qu’ils le nourriront de fiel et l’abreuveront de vinaigre : Ils m’ont donné, dit-il, pour ma nourriture, du fiel, et, pour apaiser ma soif, ils m’ont présenté du vinaigre. (Ps. 68,22) Un autre parlant du coup de lance : Ils porteront