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en l’état contraire : il suffit que je veuille ; et tous les péchés disparaissent.
2. Je ne dis pas ces choses pour vous, qui, grâces à Dieu ! n’avez pas besoin de réprimande ; je les dis afin que vous les reportiez aux absents. Si je pouvais savoir où ils se réunissent, je n’importunerais pas votre charité ; mais, comme il n’est pas possible qu’un homme seul connaisse tout un peuple si nombreux, je vous recommande à vous le soin de vos frères. Occupez-vous d’eux, invitez-les ; je sais que vous l’avez fait souvent, mais ce n’est rien de l’avoir fait souvent : il faut le faire jusqu’à ce que vous les ayez persuadés et attirés. Je sais combien est peu agréable ce rôle d’importuns dont je vous charge, et que vous avez souvent rempli sans rien gagner ; mais que saint Paul vous console par ces paroles : La charité espère tout, croit tout ; la charité n’excède jamais. (1Co. 13, 7) Pour vous, faites votre devoir ; et si votre frère se refuse au bien que vous lui voulez faire, vous n’en recevrez pas moins de Dieu votre récompense. Quand c’est à la terre que vous confiez vos semences, si elle ne vous rend pas d’épis, vous revenez chez vous les mains vides ; il n’en est pas de même de la doctrine que vous semez dans une âme, elle vous donne toujours une récompense assurée, que la persuasion s ensuive ou non. Ce « n’est pas sur le résultat final du travail, mais sur l’intention des travailleurs que Dieu mesure les salaires. Je ne vous demande rien, sinon que vous fassiez ce que font ceux que possède la passion du théâtre et des courses de chevaux. Que font-ils ? Ils se concertent dès le soir, et au point du jour ils vont les uns chez les autres, ils choisissent leurs places, s’établissent les uns à côté des autres, afin d’augmenter ainsi le plaisir qu’ils se promettent à ces spectacles diaboliques. Ce zèle qu’ils déploient pour la perte de leurs âmes ; en s’entraînant mutuellement, ayez-le pour travailler au bien des vôtres, entr’aidez-vous dans l’œuvre du salut : un peu avant l’heure de l’office divin, allez devant la maison de votre frère, attendez à la porte, et quand il sort, emparez-vous de lui. Il va peut-être vous objecter mille affaires urgentes ; tenez ferme, ne lui permettez pas de mettre la main à aucune œuvre séculière avant qu’il ait assisté à l’office tout entier. Il se défendra, il résistera, il alléguera vingt prétextes ; ne l’écoutez pas, ne cédez pas ; dites-lui, faites-lui comprendre que ses affaires temporelles ne s’en expédieront que mieux lorsqu’il aura assisté à l’office jusqu’à la fin, pris part aux prières et profité des bénédictions des Pères ; par ces raisons et d’autres semblables, enchaînez-le et l’amenez à ce banquet sacré, et votre récompense sera double, parce que, non content d’y venir vous-même, vous y aurez attifé votre frère.
Déployons ce zèle et cet empressement à ramener ceux qui négligent leurs devoirs, et certainement nous ferons notre salut. Les plus indolents, les plus éhontés, les plus pervers seront à la fin touchés de vos efforts persévérants, et ils s’amélioreront. Si insensibles qu’on les suppose, ils ne le seront pas plus que ce juge qui ne connaissait pas Dieu et ne craignait pas les hommes, et qui cependant, tout cruel, tout farouche et tout cuirassé de fer et de diamant qu’il était, se laissa vaincre par les assiduités d’une seule femme veuve. (Luc. 18, 2-5) Quoi ! urne pauvre veuve a su fléchir un juge cruel qui ne craignait ni Dieu ni les hommes, et nous, nous ne pourrions fléchir nos frères, beaucoup plus traitables et plus faciles que ce juge', et cela quand il y va de leurs propres intérêts ! Non, nous sommes inexcusables. Ce sont là des choses que je répète bien souvent ; je les dirai encore et toujours, jusqu’à ce que je voie bien portants ceux qui sont maintenant malades ; je ne cesserai de les réclamer, jusqu’à ce que je les aie recouvrés par vos soins. Puisse l’état de ces malheureux vous causer la même peine qu’à moi ! certainement vous ferez tout pour les sauver. Ce n’est pas moi seulement, c’est aussi saint Paul qui vous recommande de prendre soin de ceux qui sont avec vous membres du même corps. Consolez-vous, dit-il, mutuellement par de telles paroles ; et encore : Édifiez-vous les uns les autres. (1Th. 5, 11) Grande sera la récompense de ceux qui s’occupent du salut de leurs frères, et non moins grand le châtiment de ceux qui le négligent.
3. L’importance même de ces recommandations me donne la confiance que vous vous empresserez de les mettre en pratique : Je termine donc ici l’exhortation pour commencer l’instruction, et c’est saint Paul qui va me fournir l’aliment spirituel que je me propose de vous offrir. Paul, apôtre de Jésus-Christ, par la vocation de Dieu (1Co. 1, 1) Voilà des paroles que vous avez souvent ouïes, souvent lues. Mais c’est peu de lire, il faut encore entendre