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le péché du monde. Le Christ n’étant pas encore crucifié, la réconciliation n’était pas encore faite ; or, la réconciliation n’étant pas encore faite, il était convenable que le Saint-Esprit ne fût pas envoyé, de telle sorte que ce qui prouve la réconciliation c’est l’envoi du Saint-Esprit. Voilà pourquoi le Christ dit encore : Il est avantageux pour vous que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, celui-là ne viendra pas. (Jn. 16,7) Si je ne m’en vais, et ne réconcilie le Père, dit-il, je ne vous enverrai point le Paraclet. Vous voyez par combien de textes je vous ai prouvé que c’est un signe de la colère de Dieu que l’absence du Saint-Esprit parmi les hommes : La parole de Dieu était précieuse et il n’y avait point de vision distincte ; il n’y a dans ce peuple, ni prince, ni prophète ; le Saint-Esprit n’avait pas encore été donné, car Jésus n’avait pas encore été glorifié ; il est avantageux pour vous que je m’en aille, car si je ne m’en vais, celui-là ne viendra pas. C’est pourquoi l’absence du Saint-Esprit est un signe de la colère divine ; au contraire, quand vous voyez l’Esprit-Saint descendre en abondance, ne doutez plus de la réconciliation. Mais, dira-t-on, où est le Saint-Esprit maintenant ? Sans doute, on en pouvait parler quand on en voyait des signes, quand des morts étaient ressuscités, quand tous les lépreux étaient purifiés ; mais aujourd’hui qui nous montrera que le Saint-Esprit est présent au milieu de nous ? Soyez sans crainte, car je vais vous démontrer qu’aujourd’hui encore le Saint-Esprit est en nous. Comment et de quelle manière ? Si le Saint-Esprit n’est pas en nous, comment ceux que vous voyez qui, dans cette sainte nuit, ont été illuminés, ont-ils pu être affranchis de leurs péchés ? Vous savez bien qu’il est impossible d’être affranchi des péchés sans l’opération de l’Esprit. Écoutez ce que dit Paul : Car nous étions aussi nous-mêmes autrefois insensés, désobéissants, égarés, asservis aux diverses passions ; mais depuis que la bonté de Dieu, notre Sauveur, et son amour pour les hommes a paru, il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous eussions faites, mais à – cause de sa miséricorde, par le baptême de la renaissance, et par le renouvellement du Saint-Esprit (Tit. 3,3-5) ; et encore ailleurs : Ne vous y trompez pas, ni les fornicateurs, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les luxurieux, ni ceux qui pratiquent l’abomination, ni les voleurs, ni les avares, ni ceux qui s’enivrent, ni les médisants, ni les ravisseurs, ne posséderont point le royaume de Dieu. (1Cor. 6,9-11) Voyez-vous toutes les espèces de perversité ? C’est ce que quelques-uns de vous ont été autrefois, mais vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés. Comment ? car voilà ce que nous cherchons, si c’est par la grâce du Saint-Esprit que nous avons déposé notre perversité. Donc, écoutez : Mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom de Notre-Seigneur Jésus, et dans l’Esprit de notre Dieu. Voyez-vous que c’est l’Esprit-Saint qui a fait disparaître toute cette perversité ?
4. Où sont-ils maintenant les blasphémateurs de l’Esprit ? Car s’il ne remet pas les péchés, c’est en vain qu’on le reçoit dans le baptême ; si, au contraire, il les remet, c’est en vain que les hérétiques le blasphèment. Si le Saint-Esprit n’existait pas, nous ne pourrions pas dire que Jésus est Notre-Seigneur : Car nul ne peut dire que Jésus est Notre-Seigneur, sinon par le Saint-Esprit. (1Cor. 12,3) Si le Saint-Esprit n’existait pas, nous ne pourrions pas prier Dieu, nous fidèles ; en effet, nous disons : Notre Père, qui êtes aux cieux. (Mt. 6,9) Or, de même que nous ne pourrions pas appeler Notre-Seigneur, de même nous ne pourrions pas appeler Dieu notre Père. Qui le prouve ? L’Apôtre disant : Parce que vous êtes enfants, Dieu a envoyé dans vos cœurs l’Esprit de son Fils, qui crie Abba, mon Père. (Gal. 4,6) C’est pourquoi, quand vous invoquez le Père, rappelez-vous qu’il a fallu que l’Esprit ait touché votre âme pour que vous fussiez jugés dignes d’appeler Dieu de ce nom. Si le Saint-Esprit n’existait pas, les discours de la sagesse et de la science ne seraient pas dans l’Église : Car l’Esprit a donné à l’un de parler avec sagesse ; à l’autre, de parler avec science. (1Cor. 12,8) Si le Saint-Esprit n’existait pas, il n’y aurait dans l’Église ni pasteurs, ni docteurs, car c’est l’Esprit qui les fait, selon ce que dit Paul : Sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques et pasteurs. (Act. 20,28) Voyez-vous que cela encore se fait par l’opération de l’Esprit ? Si l’Esprit-Saint n’existait pas en celui qui est notre commun Père et Docteur, quand tout à l’heure il est monté à cette tribune sainte, quand il vous a donné, à tous, la paix, vous ne lui auriez pas répondu, tous d’une commune voix : Et avec votre esprit; c’est pourquoi non seulement quand il