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si les semences ne commencent pas par mourir, par la corruption, par la destruction, elles ne produisent pas l’épi. De même donc, ici-bas, qu’à la vue du grain qui se corrompt et se décompose, loin de douter de la résurrection, vous y voyiez au contraire la démonstration la plus manifeste, car si le grain subsistait sans se corrompre, sans être détruit, jamais il ne ressusciterait, raisonnez de même sur votre corps ; c’est quand vous voyez la corruption, qu’il faut surtout comprendre la résurrection. Car la mort n’est pas autre chose que la corruption détruite pour toujours ; car ce n’est pas simplement le corps, mais la corruption du corps que la mort détruit. Autre exemple fourni par ce que nous pouvons voir en ce qui concerne les métaux. Le minerai qui contient l’or, est reçu par des gens expérimentés ; on le jette dans le fourneau, et l’on obtient l’or ; avec du sable et d’autres substances mêlées, on fait le verre dont vous connaissez la pureté. Eh bien ! maintenant, répondez-moi, le feu a ce pouvoir, et la grâce de Dieu ne l’aurait pas ? Qui pourrait le soutenir parmi ceux qui ont conservé une ombre de raison ? Réfléchissez sur la manière dont Dieu vous a créés dès le principe, et ne doutez plus de la résurrection. Est-ce qu’il n’a pas pris de la terre, qu’il a façonnée ? Eh bien ! quel est, ici, le plus difficile, faire, avec de la terre, de la chair, des veines, une peau, des os, des fibres, des nerfs, des artères, des corps organiques et des corps simples, des yeux, des oreilles, des nez, des pieds et des mains, et donner à chacun de ces organes son énergie particulière et en même temps l’énergie qui s’accorde, ou bien faire que ce qui est devenu corruptible soit immortel ? Ne voyez-vous pas que la terre est uniforme, tandis que le corps est varié, multiforme, en ce qui concerne les opérations, les couleurs, la figure, les substances et tout le reste ? D’où vient donc votre doute sur les choses à venir, répondez-moi, et qu’est-il besoin de vous parler des corps ? Car, voyons, les puissances infinies, les peuples des anges, les archanges, les troupes composées des vertus supérieures encore, comment les a-t-il faits ? répondez. Quant à moi, je ne puis rien vous dire, sinon qu’il lui a suffi de le vouloir. Eh bien, celui qui a pu faire tarit d’armées de puissances spirituelles, ne peut pas renouveler le corps de l’homme, attaqué par la corruption, et l’élever à une dignité plus haute ? Quel homme assez dépourvu d’intelligence pourrait douter de ces choses et nier la résurrection ? Sachez-le bien, sans la résurrection du corps, il n’est pas de résurrection pour l’homme, car l’homme n’est pas seulement une âme, c’est à la fois une âme et un corps. Si donc l’âme ressuscite seule, c’est la moitié de l’être vivant qui ressuscite, et non l’être tout entier : d’ailleurs, en ce qui concerne l’âme, le mot de résurrection n’aurait pas de propriété. Car il n’y a de résurrection que de ce qui est déchu et décomposé ; or, ce n’est pas l’âme qui se décompose, mais le corps. Que signifie cette parole : Si toutefois nous sommes trouvés vêtus, et non pas nus ? (2Cor. 5,3) Mystère profond, ineffable, que l’Apôtre nous indique ici d’une manière énigmatique. Quel mystère ? C’est ce qu’il dit dans l’épître aux Corinthiens : Tous, nous ressusciterons, chacun de nous en son rang. (1Cor. 15,22-23) Or que signifie cette parole ? que le grec, le juif, l’hérétique, tout homme venu en ce monde, ressuscitera en ce jour. Ce qu’il montre par ces paroles : Nous ne dormirons pas tous, mais nous serons tous changés, en un moment, en un clin d’œil, au son de la dernière trompette. (1Cor. 15,51, 52)
8. Mais maintenant, parce que la résurrection est universelle pour les hommes pieux, pour les impies, pour les méchants, pour les bons, n’allez pas en conclure l’injustice du jugement, gardez-vous de dire en vous-mêmes : Qu’est-ce que cela ? Comment ! moi qui fus plein de zèle, tant éprouvé, si malheureux, je ressuscite, et le grec, et l’impie, et l’idolâtre, et celui qui a méconnu le Christ, tous ressuscitent également, ils jouissent du même honneur que moi ? Pour prévenir ce trouble de vos pensées, écoutez ce que dit l’Apôtre : Si toutefois nous sommes trouvés vêtus, et non pas nus. (2Cor. 5,3) Et comment peut-il dire que celui qui a revêtu l’incorruptibilité, l’immortalité, serait trouvé nu ? Comment ? II prévoit le cas où nous serions privés de la gloire, privés du droit de pouvoir raconter à Dieu toute notre vie. Car les corps des pécheurs ressuscitent incorruptibles et immortels ; mais cet honneur n’est pour eux que la possibilité de subir le châtiment et les supplices : ils ressuscitent incorruptibles, pour brûler éternellement. Car le feu qui les attend est inextinguible, il faut par conséquent à ce feu des corps qui lui répondent, qui ne soient jamais consumés. De là ces paroles : Si toutefois nous sommes trouvés vêtus, et non