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Jean a baptisé du baptême de la pénitence, afin que tous crussent en Celui qui devait venir après lui. (Act. 21,4) C’était le but de ce baptême. S’il eût fallu parcourir toutes les maisons et faire sortir les gens dehors pour leur montrer le Christ en disant : « Celui-ci est le Fils de Dieu », un pareil témoignage aurait été suspect et fort difficile. Si Jean eût pris avec lui le Sauveur et fût entré dans la Synagogue pour le montrer, ce témoignage eût été également suspect. Mais qu’en présence du peuple de toutes les villes répandu autour Au Jourdain et se pressant sur ses bords, il soit venu Lui-même pour être baptisé, qu’il ait été recommandé par la voix de son Père entendu du ciel, et que le Saint-Esprit se soit reposé sur Lui, sous la forme d’une colombe, voilà qui ne permet plus de douter du témoignage de Jean. C’est pour cela que le saint précurseur ajoute : Moi-même, je ne le connaissais pas (Jn. 1), montrant ainsi que son témoignage est digne de foi. Comme ils étaient parents selon la chair : Voici qu’Élisabeth, votre parente, a conçu elle-même un fils (Lc. 1,36), dit l’ange à Marie en parlant de la mère de Jean, car puisque les mères étaient parentes, il est clair que leurs enfants devaient l’être également : donc, comme ils étaient parents, dans la crainte que cette parenté ne semblât être la cause du témoignage que Jean rendait au Christ, la grâce de l’Esprit-Saint disposa les choses de telle façon que Jean passa sa première jeunesse dans le désert et ainsi son témoignage ne parut point dicté par l’amitié et dans un dessein prémédité, mais inspiré par un avertissement d’en haut. Voilà pourquoi il dit : Moi-même, je ne le connaissais pas. – Où l’as-tu donc connu ? Celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau, m’a dit. Et qu’a-t-il dit ? Celui sur lequel tu verras l’Esprit-Saint descendre comme une colombe et se reposer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit-Saint. (Jn. 1,33) Vous le voyez, le texte sacré parle du Saint-Esprit non comme devant descendre pour la première fois sur Jésus-Christ, mais comme devant le montrer, le désigner du doigt pour ainsi dire et le faire connaître à tous. Voilà donc pourquoi Notre-Seigneur vint se faire baptiser.
Il y a encore une autre raison qu’il indique lui-même. Quelle est-elle ? Comme Jean avait dit : Je dois être baptisé par vous et vous venez vers moi, il lui répondit : Laissez faire, il convient que nous accomplissions ainsi toute justice. (Mt. 3,1,1-15) Avez-vous remarqué la modestie du serviteur ? l’humilité du maître ? Qu’est-ce accomplir toute justice ? La justice s’entend de l’accomplissement (de tous les préceptes de Dieu, comme dans ce passage : Ils étaient tous deux justes devant Dieu et ils marchaient dans la voie de tous les commandements et de toutes les ordonnances du Seigneur, d’une manière irrépréhensible. (Lc. 1,6) Tous les hommes devaient accomplir cette justice, mais nul n’y fut fidèle ni ne l’accomplit ; c’est pourquoi le Christ paraît, et il accomplit cette justice.
4. Quelle justice y a-t-il à être baptisé, direz-vous ? Obéir aux prophètes était justice. Et de même que Notre-Seigneur fut circoncis, qu’il offrit le sacrifice, qu’il observa le sabbat, et célébra les fêtes des Juifs, ainsi ajouta-t-il ici ce qui restait à accomplir en se soumettant au prophète qui baptisait. C’était si bien la volonté de Dieu que tous reçussent le baptême, que Jean nous dit : Celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau (Jn. 1,3), et que le Christ lui-même s’exprime ainsi : Le peuple et les publicains sont entrés dans le dessein de Dieu en, recevant le baptême de Jean, mais les Pharisiens et les Scribes ont méprisé le conseil de Dieu sur eux, n’ayant point reçu le baptême de Jean. (Lc. 7,29) Si donc c’est justice d’obéir à Dieu et si Dieu a envoyé Jean pour baptiser le peuple, Notre-Seigneur a accompli ce point de la loi avec tous les autres. Comparez, si vous le voulez, les commandements de la loi à deux cents deniers : il fallait que le genre humain payât cette dette. Nous ne l’avions pas payée et la mort nous saisissait sous le poids de ces prévarications. Le Sauveur étant venu et nous ayant trouvés liés, paya notre dette, acquitta ce que nous devions et délivra ceux qui n’avaient pas de quoi solder. C’est pourquoi il ne dit pas : Il convient que nous fassions ceci ou cela, mais bien que nous accomplissions toute justice. C’est comme s’il disait : Il convient que moi le Maître je paie pour ceux qui n’ont rien. Telle est l’occasion de son baptême, la nécessité de paraître accomplir toute justice et cette cause est à ajouter à celle qui a été donnée plus haut. C’est pourquoi l’Esprit-Saint descendit sous la forme de la colombe qui est le symbole de la réconciliation avec Dieu. – C’est ainsi qu’au temps de l’arche de Noé, la colombe portant dans son bec un rameau d’olivier