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car l’Évangile ne se borne pas à indiquer le temps en général, mais il parle de manière à nous faire connaître clairement le jour de la naissance du Sauveur, et à faire éclater la sagesse de Dieu dans l’exécution de ses desseins. Non, ce n’est pas de son propre mouvement, ce n’est pas de lui-même qu’Auguste a publié son édit, mais parce que Dieu lui en a inspiré le projet, pour qu’il servît sans le savoir à la naissance de son Fils unique. Et en quoi, direz-vous, l’édit d’Auguste contribue-t-il à préciser le temps où Dieu s’est fait homme ? Il y contribue sans doute, et non d’une manière commune et – peu sensible, mais comme un des moyens essentiels et un des principaux ressorts de cette opération divine. Comment cela ? la Galilée est un pays de la Palestine, et Nazareth est une ville de la Galilée ; ensuite il est un pays appelé la Judée, du nom de ses habitants, dont une des villes est Bethléem. Tous les prophètes avaient prédit que le Christ sortirait, non de Nazareth, mais de Bethléem, et qu’il naîtrait dans cette dernière ville. Voici leurs propres paroles : Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es pas la dernière d’entre les principales villes de Juda ; car c’est de toi que sortira le chef qui conduira mon peuple d’Israël. (Mic. 5,2 ; Mat. 2,7) Lorsqu’Hérode demanda aux Juifs où le Christ naîtrait, ils lui citèrent cette même prophétie en témoignage. Voilà pourquoi, Philippe ayant annoncé à Nathanaël qu’ils avaient trouvé Jésus de Nazareth : Nathanaël répondit : Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? (Jn. 1,45) Or Jésus-Christ dit de lui : Voilà un vrai Israélite, un homme sans artifice. (Id. 47) Et pourquoi lui a-t-il donné cet éloge ? C’est parce qu’il ne s’est point laissé prendre par l’annonce de Philippe, mais qu’il savait parfaitement que le Christ devait naître non à Nazareth, ni dans la Galilée, mais dans la Judée et à Bethléem ; ce qui arriva réellement. Comme Philippe ignorait cette circonstance, et que Nathanaël, docteur de la loi, sachant que le Christ ne naîtrait point à Nazareth, lui avait fait une réponse conforme à la prophétie dont nous avons parlé plus haut, et voilà pourquoi Jésus-Christ dit de lui : Voilà un vrai Israélite, un homme sans artifice. C’est là encore pourquoi quelques Juifs disaient à Nicodème : Considérez et voyez qu’il n’est jamais sorti un prophète de Galilée. (Jn. 7,52) Il est encore dit ailleurs : Le Christ ne vient-il pas de la ville de Bethléem, d’où était David ? (Id. 42) En un mot, c’était l’opinion générale que le Christ devait sortir de cette ville, et non de Galilée. Ainsi, comme Joseph et Marie, citoyens de Bethléem, avaient abandonné cette ville pour aller s’établir à Nazareth, où ils vivaient (car il n’est pas rare de voir des personnes abandonner les villes où elles sont nées pour aller s’établir dans d’autres dont elles ne sont pas originaires) ; comme, dis-je, Joseph et Marie avaient abandonné Bethléem, et que le Christ devait naître dans cette ville, Auguste publia un édit qui, dans les desseins du Seigneur, les fit retourner malgré eux à Bethléem. En effet, l’ordonnance qui signifiait à chacun de se faire enregistrer dans sa patrie les força à partir de Nazareth et à se rendre à Bethléem. C’est donc ce que voulait faire entendre l’Évangéliste, lorsqu’il disait : Joseph partit aussi de la ville de Nazareth qui est en Galilée, et se rendit en Judée, dans la ville de David, appelée Bethléem, parce qu’il était de la maison et de la famille de David, pour se faire enregistrer avec Marie, son épouse, qui était enceinte. Pendant qu’ils étaient en ce lieu, il arriva que le temps auquel elle devait accoucher s’accomplit, et elle enfanta son fils premier-né. (Luc. 2,4-7)
3. Vous voyez, mes frères, que Dieu se sert également des fidèles et des infidèles pour l’exécution de ses desseins, afin que les ennemis de son culte apprennent quelle est sa force et sa puissance. Un astre du ciel fait partir les mages de l’Orient (Mat. 2,1-2) ; un édit de l’empereur ramène Marie dans sa patrie marquée par les prophètes. Il résulte de ceci que la Vierge était de la famille de David, ce que d’ailleurs l’Évangéliste nous a appris plus haut en disant : Joseph partit de la Galilée avec Marie, parce qu’il était de la maison et de la famille de. David. (Luc. 2,4) Car, après avoir rappelé toute la généalogie de Joseph sans dire un mot de celle de la Vierge, il ajoute, pour prévenir toute objection et empêcher qu’on ne dise : qu’est-ce qui prouve que la Vierge descendait de David : Vers le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée nommée Nazareth, d une vierge qu’avait épousée un homme nommé Joseph, de la maison de David. Ces mots de la maison de David (Luc. 1, 26-27), doivent être pris comme ayant été dits de la Vierge, ce qui se voit ici d’une manière évidente. Voilà pourquoi fut publié l’édit qui les ramenait à Bethléem. Dès qu’ils