Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/183

Cette page n’a pas encore été corrigée

pas de souffrir du mal, mais de commettre le mal : d’une part, c’est la victoire ; de l’autre, la défaite. Voilà pourquoi Paul aussi disait « Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt qu’on vous fasse du tort ? Mais vous faites du tort aux autres, vous les frustrez, et vous faites cela à vos frères ». (1Cor. 6,7, 8) C’est la patience dans les maux qui mérite les couronnes, les récompenses, la gloire. C’est une vérité que manifeste la vie de tous les saints. Donc, puisque c’est ainsi que tous ont conquis leur couronne, ont conquis leur gloire, marchons, nous aussi, dans le même chemin ; demandons, par nos prières, à ne pas entrer en tentation ; si la tentation nous arrive, luttons avec énergie, avec courage, déployons l’ardeur qui convient à la vertu, afin d’obtenir les biens à venir, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, la puissance, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.


HOMÉLIE XXIX.


VOICI LA TROISIÈME FOIS QUE JE ME DISPOSE A VOUS ALLER VOIR. TOUT SE JUGERA SUR LE TÉMOIGNAGE DE DEUX OU TROIS TÉMOINS. (XIII, 1, JUSQU’À XIII, 9)

Analyse.

  • 1. De la répugnance de saint Paul à punir ; de la sainte chaleur avec laquelle il multiplie les avertissements.
  • 2. Sur le Christ crucifié, selon la faiblesse, et vivant par la vertu de Dieu.— De la faiblesse et de ses diverses espèces ; différents sens du mot grec qui l’exprime.
  • 3. Les apôtres, à l’imitation de Jésus-Christ, acceptent les souffrances, non par faiblesse, mais par la grâce et par la force d’en haut.— De la puissance qui se manifeste en supportant les traitements mimes qui semblent témoigner de la faiblesse.
  • 4 et 5. La foi ne suffit pas pour mériter les dons de l’Esprit ; il faut y joindre les bonnes mœurs.— Admirable patience et charité de saint Paul ; ses prières à Dieu, non seulement pour être dispensé de punir, mais pour que la conduite des fidèles soi pure de tout péché ; affection paternelle de l’apôtre pour ses disciples. — Combien il était exempt de vaine gloire.— De la véritable gloire ; moyens de l’acquérir.


1. Les passages abondent où Paul montre, et sa sagesse, et l’ardeur de sa charité ; c’est surtout ici que son cœur se révèle, que se fait voir sa chaleur dans les avertissements, son hésitation, sa répugnance à punir. Ce n’est pas du premier coup qu’il châtie les coupables, il les a avertis une fois, deux fois ; et maintenant il ne se décide pas encore à, punir les désobéissances, il les avertit une fois de plus par ces paroles, il leur dit : « Voici la troisième fois que je me dispose à vous aller voir » ; avant de me rendre auprès de vous, je vous écris encore. Ensuite ne voulant pas que cette hésitation de sa part produise le relâchement, il trouve encore, voyez, le moyen d’ajouter à la correction ; il continue ses menaces, il frappe de nouveaux coups, il dit « Si je viens encore une fois, je ne pardonnerai pas ; et j’appréhende que je ne sois obligé d’en pleurer plusieurs ». Cette conduite, ce langage, c’est pour imiter Notre-Seigneur, le Maître de toutes les créatures ; car Dieu ne se lasse pas de menacer, souvent il avertit ; mais on le voit bien moins souvent châtier et punir. C’est ce que fait Paul : voilà pourquoi il disait auparavant : « C’est pour vous épargner que je n’ai point voulu retourner à Corinthe ». (2Cor. 1,23) Qu’est-ce que cela veut