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HOMÉLIE XXI.


MAIS MOI, PAUL, MOI-MÊME QUI VOUS PARLE, JE VOUS CONJURE, PAR LA DOUCEUR ET LA MODESTIE DE JÉSUS-CHRIST, MOI QUI, ÉTANT PRÉSENT, PARAIS BAS PARMI VOUS ; AU LIEU QU’ÉTANT ABSENT, J’AGIS. ENVERS TOUS AVEC HARDIESSE ; JE VOUS PRIE QUE, QUAND JE SERAI PRÉSENT, JE NE SOIS POINT OBLIGÉ D’USER AVEC CONFIANCE DE CETTE HARDIESSE QU’ON M’ATTRIBUE, ENVERS QUELQUES-UNS QUI S’IMAGINENT QUE NOUS NOUS CONDUISONS SELON LA CHAIR. (X, 1, JUSQU’A 6)

Analyse.


  • 1. Explication d’une réprimande adressée à quelques Corinthiens. – Les contradicteurs de saint Paul l’accusaient de vivre selon la chair.
  • 2. Nous ne combattons pas, répond-il, selon la chair. – Des armes charnelles et des armes puissantes en Dieu.
  • 3. Glorieux empire de Saint Paul ; son admirable activité, ses victoires.
  • 4. Il faut l’imiter. – Contre l’hérésie de Marcion et des Manichéens.


1. Après avoir achevé, comme il convenait, son développement sur l’aumône, après avoir montré qu’il aime les fidèles plus qu’il n’est aimé d’eux, après avoir parlé de sa patience et de ses épreuves, il saisit l’occasion de leur adresser de justes reproches ; il fait entendre qu’il y a de faux apôtres, il arrive à la conclusion de son discours par les vérités les moins agréables à entendre, et il relève son autorité personnelle. C’est ce qu’il faut dans tout le cours de l’épître. Il ne le fait pas sans s’en apercevoir, et de là vient qu’il a souvent recours à des correctifs, ainsi : « Commencerons-nous de nouveau à nous relever nous-mêmes ». (2Cor. 3,1) ; et plus loin : « Nous ne prétendons point nous relever encore ici nous-mêmes, mais vous donner occasion de vous glorifier » (2Cor. 5,12) ; et encore : « J’ai été imprudent en me glorifiant ; c’est vous qui m’y avez contraint ». « (II Cor. 12,11) Il emploie un très-grand nombre de correctifs pareils, On ne se tromperait pas, en disant que cette lettre est l’éloge de Paul, tant elle abonde en paroles relatives à la grâce qu’il a reçue, et à la patience qu’il a montrée. Comme il y avait certains hommes, infatués d’eux-mêmes qui se préféraient à l’apôtre, qui l’attaquaient comme un fanfaron, comme un homme sans valeur, comme un maître dont la doctrine n’avait rien de bon (ce qui était la meilleure preuve qu’ils pussent donner de leur propre corruption) ; voyez comment Paul débute dans la réprimande qu’il leur adresse. « Mais moi, Paul, moi-même ». Comprenez-vous tout ce qu’il y a là de gravité, d’autorité ? C’est comme s’il disait : Je vous en prie, ne me forcez pas à exercer, ne me laissez pas l’occasion d’exercer ma puissance contre ceux qui nous dénigrent, qui nous regardent comme des hommes adonnés à la chair. Ces paroles sont plus sévères que les menaces qu’il leur adressait dans la première lettre, en ces termes : « Est-ce la verge en main que j’irai vous voir, ou avec charité, et dans un esprit de douceur ? » (1Cor. 4,21) Il disait alors : « Il y en a qui s’enflent de présomption, comme si je ne devais plus vous aller voir. Je vous irai voir néanmoins ; et je reconnaîtrai, non les paroles de ceux qui sont enflés de présomption, mais ce « qu’ils peuvent ». (Id. 18, 19) Ici, il montre à la fois deux choses, d’une part, sa force, d’autre part, sa douceur et sa patience, par la prière qu’il leur adresse, par sa manière de les conjurer de ne pas le contraindre à déployer sa propre puissance pour punir, pour