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de douze triangles enfermés entre deux carrés ; on les appelle les douze maisons du soleil. Voy. Astrologie.

Thémura, l’une des trois divisions de la cabale rabbinique. Elle consiste : 1° dans la transposition et le changement des lettres ; 2° dans un changement de lettres que l’on fait en certaines combinaisons équivalentes.

Théoclimène, devin qui descendait en ligne directe de Mélampus de Pylos, et qui devinait à Ithaque en l’absence d’Ulysse.

Théodat. Voy. Onomancie.

Théodoric, roi des Goths. Sous son règne, les deux plus illustres sénateurs, Symmaque et Boëce, son gendre, furent accusés de crimes d’État et mis en prison. Boëce était chrétien. Il fut mis à mort l’an 524, et son beau-père eut le même sort l’année suivante. Un jour, les offi-

 
Boëce
Boëce
Boëce.
 
ciers de Théodoric ayant servi sur sa table un gros poisson, il crut voir dans le plat la tête de Symmaque, fraîchement coupée, qui le regardait d’un air furieux ; il en fut si épouvanté qu’il en prit un frisson : il se mit au lit et mourut au désespoir.

Théodose. Voy. Alectryomancie.

Théomancie, partie de la cabale des Juifs qui étudie les mystères de la divine majesté et recherche les noms sacrés. Celui qui possède cette science sait l’avenir, commande à la nature, a plein pouvoir sur les anges et les diables, et peut faire des prodiges. Des rabbins ont prétendu que c’est par ce moyen que Moïse a tant opéré de merveilles ; que Josué a pu arrêter le soleil ; qu’Élie a fait tomber le feu du ciel et ressuscité un mort ; que Daniel a fermé la gueule des lions ; que les trois enfants n’ont pas été consumés dans la fournaise, etc. Cependant, quoique très-experts aussi dans les noms divins, les rabbins juifs ne font plus rien des choses opérées chez leurs pères.

Théophile, économe de l’église d’Adana, en Cilicie, au sixième siècle. Il marchait dans les voies de la justice et de la charité, lorsque, sur les rapports calomnieux de rivaux jaloux, son évêque le renvoya de ses fonctions. L’orgueil, qui jusque-là dormait en lui, s’éveilla au point de le dominer bientôt. Pour se venger, il se vendit au démon. Son pacte, célèbre dans tout l’Orient, est exposé avec ses suites dans un poëme latin de la pieuse et illustre Rosvitha. Il eut le bonheur de se repentir et de rentrer en grâce, à force de prières et de constance. Voy. cette histoire (qui n’a jamais pu être contestée) dans les Légendes infernales.

Théraphim. Selon rabbi Aben-Esra, les idoles que les Hébreux appelaient théraphim étaient des talismans d’airain, en forme de cadran solaire, qui faisaient connaître les heures propres à la divination. Pour les faire, on tuait le premier-né de la maison, on lui arrachait la tête, qu’on salait de sel mêlé d’huile ; puis on écrivait sur une lame d’or le nom de quelques mauvais esprits ; on mettait cette lame sous la langue de l’enfant ; on attachait la tête coupée à la muraille, et, après avoir allumé des flambeaux devant elle, on lui rendait à genoux de grands respects. Cette figure répondait aux questions qu’on avait à lui faire ; on suivait ses avis, et on traçait sur ses indications les figures du théraphim. Selon d’autres rabbins, les théraphim étaient des mandragores.

Thermomètre. L’abbé Chappe, né à Mauriac en Auvergne, en 1722, de l’Académie des sciences, s’est immortalisé par ses deux voyages, l’un à Tobolsk, dans la Sibérie, en 1761, l’autre en 1769, en Californie, où il est mort. Dans le premier de ces voyages, il arriva un jour qu’après s’être livré au sommeil, auquel la fatigue l’avait fait succomber, il se trouva, en s’éveillant au milieu de la nuit, abandonné par ses gens, seul dans son traîneau, au milieu d’un désert de glaces, sans vivres et loin de toute espèce d’habitation. Il ne perd point courage ; il marche au hasard, s’abîme dans un trou rempli de neige, s’en tire par miracle, aperçoit dans le lointain une faible lumière, la suit, arrive, retrouve ses gens, les réveille, leur pardonne et poursuit sa route. Il approche enfin de Tobolsk ; il ne restait que trois rivières à passer : mais tout annonçait le dégel ; on voyait l’eau partout. Les postillons refusent le service. Il les enivre d’eau-de-vie, et traverse les deux premières.

À la dernière, il n’éprouve que des refus insurmontables. Indigné, il entre chez le maître de poste en tenant à la main son thermomètre, que la chaleur du poêle fait monter, au grand étonnement des spectateurs. L’abbé, qui s’en aperçoit, saisit la circonstance. Il leur fait dire par