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donc qu’il dit que la sensation, ainsi identifiée avec l’intellection, a pour objet l’universel (ἡ δ’ αἴσθησις τοῦ καθόλου, An. post. II, 19, 100 a, 17), l’universel dont il s’agit n’est plus l’universel extensif. La source de toute connaissance inductive et, par conséquent, de toute connaissance, puisque ce qui ne se démontre pas se connaît par induction, la source de toute connaissance est un acte qui n’a rien à voir avec l’extension, point que nous avions signalé (p. 258) dans la leçon sur l’induction. Enfin, et c’est là le point le plus important et le plus décisif de tous, l’universel proprement dit, l’universel du genre, pris ou non avec extension, n’est pas le seul objet de la connaissance. Faisant appel à l’idée d’analogie que nous avons déjà rencontrée chez lui plusieurs fois, Aristote montre que, quand il n’y aurait pas d’universel générique, la science ne chômerait pas pour cela, et il tend même parfois à ramener l’universel générique à l’universel analogique : « Ce n’est pas seulement, dit-il dans le livre Γ de la Métaphysique, dans les choses qui ont un caractère commun qu’il faut voir l’objet d’une science ; des choses rapportées toutes à une même nature constituent aussi un pareil objet ; car ces choses ont, à leur façon, un caractère commun. Et c’est pourquoi il y a une science des êtres en tant qu’êtres ». De même la médecine s’occupe de tout ce qui a rapport à la santé, encore qu’il n’y ait pas à proprement parler d’unité générique pour relier entre eux l’agent, l’instrument, le réceptacle de la santé[1]. Si

    γὰρ τὸ καθόλου· τούτων οὖν ἔχειν δεῖ αἴσθησιν, αὕτη δ’ ἐστὶ νοῦς… ὥστε δεῖ προσέχειν τῶν ἐμπείρων καὶ πρεσβυτέρων ἢ φρονίμων ταῖς ἀναποδείκτοις φάσεσι καὶ δόξαις οὐχ ἧττον τῶν ἀποδείξεων· διὰ γὰρ τὸ ἔχειν ἐκ τῆς ἐμπειρίας ὄμμα ὁρῶσιν ὀρθῶς. Cf. aussi p. 384, n. 1.

  1. Métaph. Γ, 2 déb. : τὸ δ’ ὂν λέγεται μὲν πολλαχῶς, ἀλλὰ πρὸς ἓν καὶ μίαν τινὰ φύσιν, καὶ οὐχ ὁμωνύμως, ἀλλ’ ὥσπερ καὶ τὸ ὑγιεινὸν ἅπαν πρὸς ὑγίειαν, τὸ μὲν τῷ φυλάττειν, τὸ δὲ τῷ ποιεῖν, τὸ δὲ τῷ σημεῖον εἶναι τῆς ὑγιείας, τὸ δ’ ὅτι δεκτικὸν αὐτῆς· καὶ τὸ ἰατρικὸν πρὸς ἰατρικήν·… οὕτω δὲ… τὰ μὲν… ὅτι οὐσίαι ὄντα λέγεται, τὰ δ’ ὅτι πάθη οὐσίας, τὰ δ’ ὅτι ὁδὸς εἰς οὐσίαν… καθάπερ οὖν καὶ τῶν ὑγιεινῶν ἁπάντων μία ἐπιστήμη ἔστιν, ὁμοίως τοῦτο καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων. οὐ γὰρ μόνον τῶν καθ’ ἓν λεγομένων ἐπιστήμης ἐστὶ θεωρῆσαι μιᾶς, ἀλλὰ καὶ τῶν πρὸς μίαν λεγομένων φύσιν· καὶ γὰρ ταῦτα τρόπον τινὰ λέγεται καθ’ ἕν. δῆλον οὖν ὅτι καὶ τὰ ὄντα μιᾶς θεωρῆσαι ᾗ ὄντα ἄπαντα. Cf. p. 121, n. 1.