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toute vitesse. — Tout Russe aime la vitesse, et la Russie elle-même tout entière se précipite volontiers à fond de train dans l’espace, chaque fois qu’elle se réveille et se sent en bon équipage de course. 
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TÉNTËTNIKOF OU CHAGRINS D’AMOUR.
Tchitchikof entre dans un pays admirable ; il avance vers le point où se découvre un très-gros village dominé par la coupole dorée de l’église et par les toits à belvédère et les attiques de l’habitation seigneuriale. — Portrait du propriétaire d’après les divers témoignages de ses voisins. — C’est un être humain, qui fume afin de bouder sans remords. — Son entourage immédiat. — Son nom : André Téntëtnikof. — Exposé, à propos de M. André, de toutes les idées de l’auteur sur le meilleur système d’éducation, puis son opinion sur le service public, et sur les salons de la grandesse russe, et sur ce que doit avoir en vue un gentilhomme qui, dégoûté du monde, se retire dans son domaine. — Scènes de l’installation d’un seigneur dans ses terres. M. André amoureux. — La vie est comme suspendue dans tout le domaine par suite de l’état où le jette une brouillerie avec le père de son amie. — Tchitchikof veut reconnaître la noble hospitalité qu’il reçoit de l’excellent M. André en allant, presque malgré son hôte, faire diplomatiquement quelques visites au général Bétrichef et, partant, à la belle Julienne, sa fille. — M. Téntëtnikof met une voiture à la disposition de notre héros pour qu’il suive sa fantaisie, à la condition que ce qu’il dira et fera n’ait point l’air d’une soumission à un homme qui, du seul droit de sa graine d’épinard, se permet, à ses heures, de tutoyer sans façon les voisins et gens de connaissance.


UN VIEUX DÉBRIS DE 1812.

Avenue et aspect extérieur de î’habitation des Bétrichef.— Portrait du général. — Tchitchikof est introduit. — Il se sent d’abord assez intimidé et balbutie quelque temps en y mettant peut-être aussi un peu d’intention ; puis il compose assez bien sa personne et ses discours pour être souffert et même pour se faire écouter. Bientôt il amène habilement l’occasion de nommer M. Téntëtnikof, qu’il dit très-occupé… De quoi ? De la gloire de son pays. Mais encore ? Il écrit… l’histoire des généraux de 1812. — Mlle Julienne apparaît dans le cabinet où ils étaient. — Elle plaide la cause de M. André contre les préventions de son père, préventions qu’elle sait être nourries par un tiers qu’elle juge abject et perfide. — Tchitchikof fait de l’esprit ;