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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS, XI, ii.

sur la plus grande partie de la tête. Chez ceux-ci, en effet, ce muscle est non-seulement grand, mais encore le plus fort, eu égard au volume du corps. Chez les ânes, les bœufs, les porcs, et généralement chez les animaux à grande mâchoire, le muscle temporal est seulement très-grand, eu égard à la grandeur de la mâchoire ; mais il n’est pas fort comme chez les animaux de proie.

La nature a créé grands les muscles temporaux en vue de deux résultats : la vigueur de l’action de mordre et la grandeur de la mâchoire inférieure. Comme les temporaux existent naturellement pour la mâchoire, ils sont en rapport avec sa fonction et sa structure. Donc, comme chez les animaux carnassiers, la force réside dans l’action de mordre, leur muscle a été créé à la fois très-grand et très-fort. Il est aussi très-grand, mais il a moins de nerfs (fibres tendineuses), de ressort, de vigueur, chez les ânes, les bœufs, les porcs, et chez tous les autres animaux doués, il est vrai, d’une grande mâchoire inférieure, mais dont la force ne consiste pas dans l’action de mordre. Il était mieux, en effet, qu’une grande mâchoire fût mue par un grand muscle. Chez l’homme, au contraire, qui a une petite mâchoire et des dents propres seulement à broyer la nourriture[1], le muscle temporal, avec raison, a été créé petit. Car la grandeur du muscle était superflue dans un être qui ne devait pas avoir la grande mâchoire et l’action énergique du lion et du chien. Car si l’homme est fort, ce n’est pas en mordant, et ce n’est pas par là qu’il dompte les autres animaux ; c’est comme il a été démontré au commencement de ce traité (I, iii), par sa raison et par ses mains.

Célébrons l’habileté de la nature, comme Hippocrate qui, dans son admiration, la qualifiait toujours d’équitable (cf. I, xxii, p. 163, et IX, xvii, p. 603), parce qu’elle a choisi, non pas ce

  1. Suivant Aristote (loc. sup. cit. — Voy. aussi II, p. 242, l. 46, éd. Bussemaker), les dents ont pour destination commune de servir à la nourriture, mais chez certains animaux elles servent, soit à l’attaque et à la défense, soit à la défense seulement. Chez l’homme leur nombre et leur disposition sont en rapport avec la parole. Il ajoute que l’homme possède à la fois les dents des carnassiers et celles des ruminants. — Dans le traité De la différence des maladies, chap. viii, med., t. VI, p. 866, Galien, moins absolu que dans le passage qui nous occupe reconnaît aussi que les dents de devant servent à la parole.