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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, II, ix-x.

quand un des os est lésé. Mais encore pour empêcher complétement qu’elle ne fût lésée, il était mieux qu’elle fût composée de plusieurs os, et surtout d’os aussi durs qu’ils le sont ; en effet, cédant aux corps qui les frappent, ils brisent, au moyen de leurs articulations, la force de ces corps ; de la même façon, les armes offensives, la lance, et tout autre corps semblable, traversent plus facilement les tissus quand ils sont tendus que s’ils sont relâchés, parce que, dans le premier cas, il y a résistance, et que, dans le second, les tissus cédant de proche en proche, amortissent la force des corps qui viennent les frapper. Les os du carpe et du métacarpe, par leur assemblage, jouissent d’un double avantage : immunité tenant à l’ensemble des os, immunité tenant à la nature de chacun d’eux en particulier ; le premier est dû à leur nombre, le second à leur dureté. La variété des formes procure merveilleusement l’immunité de l’ensemble, car la main cède de mille manières aux corps qui la frappent de tous côtés ; s’il n’y avait en effet qu’une seule forme pour les os, la main ne serait pas à l’abri du danger, parce qu’elle ne pourrait pas céder dans divers sens ; voilà pourquoi les os de la main sont nombreux et ont été joints ensemble comme ils le sont actuellement.


Chapitre ix. — Du nombre des os au carpe et au métacarpe. — Comparaison du pied et de la main sous le rapport de la position des doigts. — Nécessité de la position latérale du pouce, pour assurer les opérations de la main ; il devait être placé du côté de l’indicateur, et non du côté du petit doigt.


Pourquoi huit os au carpe et quatre au métacarpe, et pourquoi il était mieux qu’il n’y en eût ni plus ni moins ? Je l’exposerai dans ce qui suit, en rappelant d’abord une partie de ce qui a été dit à la fin du premier livre, et en donnant maintenant la démonstration de l’autre partie.

Le premier livre (chap. xxiii) explique pourquoi il était mieux qu’il n’y eût ni plus ni moins de cinq doigts ; mais pourquoi les doigts ne sont-ils pas disposés à la main, comme aux pieds, sur une même ligne, et pourquoi le grand doigt est-il opposé aux autres ? Nous avons déjà traité de ce sujet, mais il faut ajouter ici tout ce qui a été omis plus haut. Le pied est un organe de progression, la main est un organe de préhension (III, vi ; voy. aussi pp. 118 et 181) ; il fallait donc au pied la solidité de sustentatioh, et à la main la va-