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OBSERVATIONS DE M. PERROTIN.

taines, insuffisantes, mauvaises même et sans valeur. Ne soyons exclusifs en rien. Discutons tout sans parti pris.

Une autre impression commence à se présenter à notre esprit, en ce qui concerne les canaux, c’est qu’ils pourraient se composer de tracés interrompus (p. 66, Young ; p. 76, Gonzalez). Mais ne nous pressons pas de conclure.

clx.Observations de M. Perrotin, à Nice. Projections.

M. Perrotin a continué, à Nice, ses belles observations aux équatoriaux de 0m,76 et 0m,38. Voici son intéressante relation[1]. Elle concerne surtout les projections lumineuses apparues sur le terminateur.

Il s’agit de renflements brillants, de couleur et d’éclat comparables à ceux de la calotte polaire australe, observés à trois reprises différentes, le 10 juin et les 2 et 3 juillet, sur le bord ouest du disque de la planète.

La dernière fois, le 3 juillet, il m’a été possible de noter les diverses phases de cette singulière apparition. Ce jour-là, le point brillant a commencé à émerger sur le bord du disque à 14h 11m (temps astronomique du lieu), d’abord très faible ; puis je l’ai vu croître graduellement, passer par un maximum, diminuer ensuite pour disparaître enfin à 15h 6m environ. Les faits n’auraient pas été différents s’il s’était agi d’une élévation de la surface de Mars traversant le bord éclairé du disque par le seul effet de la rotation de la planète. La phase qui affectait à ce moment le bord ouest de la planète, où le phénomène se produisait, n’a pu que le modifier dans sa grandeur et sa durée. La veille, 2 juillet, j’étais arrivé à la lunette dans la période voisine du maximum, à 14h 10m, et j’avais pu suivre le point brillant jusqu’à sa complète disparition, jusqu’à 14h 40m.

Les 2 et 3 juillet, les choses se passaient dans la même partie du disque, vers le 50e degré de latitude sud et avec un retard, d’un jour à l’autre, d’une demi-heure, comme il convient à un fait se produisant dans une même région de la planète.

La première observation de ce genre remonte au 10 juin et dura de 15h 12m à 16h 17m environ. Cette fois, le point brillant se trouvait dans le voisinage du 30e degré de latitude sud, probablement dans la partie australe de l’isthme Hesperia.

J’ajoute que, pendant ces observations, la portion du disque qui avoisinait la petite protubérance m’a toujours paru légèrement déformée et comme soulevée.

Tels sont les faits. Je ne me permettrai pas de les interpréter. Ils se sont présentés avec une netteté si grande, qu’il n’est guère possible de les considérer comme le résultat d’une illusion quelconque.

D’autre part, comme il s’agit ici de projections en dehors du disque d’au moins un ou deux dixièmes de seconde d’arc, c’est-à-dire de phénomènes s’élevant à plus de 30 ou même 60 kilomètres de hauteur, l’esprit se trouve confondu

  1. Comptes rendus de l’Académie des Sciences, 1892, t. CXV, p. 379.