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LA PLANÈTE MARS.
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Le 25 août, l’aspect était magnifique : on voyait clairement la mer du Sablier et la mer Main, la mer Flammarion, l’océan Dawes, ainsi que la mer polaire australe et celle de Zœllner : la terre de Lockyer se montrait d’un blanc mat ; les continents Beer et Herschel I, ainsi que la terre de Burckhardt, se montraient clairement. Le cap polaire était éblouissant et les bords de la planète possédaient une teinte plus blanche que les régions centrales.

17 septembre. — Neige éblouissante, contour de la planète plus blanc que les régions du centre ; terminateur se fondant graduellement, montrant l’effet de l’atmosphère.

Un fait qui nous a frappé singulièrement, c’est de voir toujours la planète dépourvue de teinte rougeâtre au voisinage du zénith. Ce phénomène s’est reproduit invariablement pendant nos observations dans cet ordre : l’astre possédait une teinte rouge bien accentuée au voisinage de l’horizon ; cette teinte prenait ensuite une nuance rose qui se perdait au fur et à mesure qu’elle montait, et prenait une blancheur très marquée au voisinage du zénith. Ce fait nous a montre que les régions sombres, d’un gris verdâtre, possèdent réellement cette couleur. L’effet de contraste n’existe pas dans ce cas, puisque le jaune orange des régions claires faisait place au blanc pur.

Un autre fait digne d’attention est l’échancrure qui se montra si nettement à partir du 1er août dans le cap austral, laquelle arriva du 14 au 17 à son plus grand développement, pour diminuer ensuite et disparaître bientôt avec le dégel.

Nous pouvons résumer ainsi le résultat de nos observations :

1oLa couleur de la planète, rouge au voisinage de l’horizon, devient rose à mesure qu’elle s’élève, et au voisinage du zénith elle est complètement blanche.

2oLe contour de l’astre est ordinairement plus blanc que le centre.

3oLa diminution de la calotte australe a été plus accentuée après l’apparition de l’échancrure observée le 1er août.

4oLa coloration gris verdâtre des taches sombres est réellement gris vert et non pas un effet de contraste.

5oLa couleur de la calotte polaire, d’une blancheur argentine, est bien plus brillante que les régions claires du reste de la planète.

6oLe terminateur se montre d’une teinte indécise, témoignant ainsi de l’existence de l’atmosphère.

Nous ne devons point passer sous silence une remarque qui nous a laissé une impression profonde, c’est d’avoir vu d’une manière assez nette des points et des traits nous rappelant les principaux canaux : ce phénomène se répéta à plusieurs reprises, pendant les courts moments où la pureté et l’immobilité de l’atmosphère semblaient être parfaites ; mais ils étaient si fugitifs que, bien qu’ils laissassent une impression indélébile dans l’esprit, il était absolument impossible de les reproduire sur les dessins.

Tels sont les faits les plus saillants que nous pouvons tirer de la série de nos observations.