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LA PLANÈTE MARS.

Déjà, M. Schiaparelli a signalé à l’attention cette curieuse variation du rivage oriental de la mer du Sablier (voy. tome I, Observations de 1888, p. 439).

ccxxxvi.Arrhénius. — Influence de l’acide carbonique sur la température des planètes[1].

Résumant une savante communication faite à l’Académie royale des Sciences de Suède, par le professeur Arrhénius, M. Holden expose ici l’influence de l’acide carbonique sur la température de l’atmosphère.

L’importance de la constitution de l’atmosphère sur le climat a été établie par Tyndall[2]. Fourier, Pouillet, Arago, Langley ont montré que l’atmosphère terrestre agit à la façon d’une serre pour conserver à la surface de la Terre la chaleur venant du Soleil. Toutefois, dans un récent mémoire, Langley admet que, même dépourvue d’atmosphère sensible, la Lune peut avoir une température moyenne de 45°.

Dans l’atmosphère terrestre, c’est la vapeur d’eau et l’acide carbonique qui agissent avec le plus d’efficacité pour conserver la chaleur solaire.

La température s’accroît en progression arithmétique quand la quantité d’acide carbonique s’accroît en progression géométrique. C’est-à-dire qu’elle devient 2, 4, 6, 8 fois plus élevée si la quantité d’acide carbonique devient 4, 8, 16, 32 fois plus grande.

On n’a encore trouvé aucune explication certaine de l’époque glaciaire. La Terre s’est refroidie, puis s’est réchauffée. La température des zones polaires a été supérieure de 8° C. à 9° C. à la température actuelle. Ensuite la glace est revenue, et l’on constate même la succession de plusieurs périodes glaciaires. L’Irlande, l’Angleterre, la Hollande, le Danemark, la Suède, la Norvège, une partie de la Russie, de l’Allemagne et de l’Autriche ont été sous la neige. En même temps, les glaciers des Alpes descendaient sur toute la Suisse et sur une partie de la France et de l’Autriche. Il en était de même en d’autres contrées, notamment dans l’Amérique du Nord. La température moyenne devait être de 4° à 5° inférieure à la température actuelle. L’humanité existait déjà lors de la dernière époque glaciaire.

Le calcul montre que la température des régions s’élèverait de 8° à 9° si l’acide carbonique augmentait de 2 fois et demie ou 3 fois sa valeur actuelle. Pour amener la température de l’âge glaciaire entre le 40e et le 50e degré de latitude, il suffirait que la quantité d’acide carbonique répandue dans l’atmosphère descendît à 0,62, 0,59, 0,55 de sa valeur actuelle.

  1. Astronomical Society of the Pacific, 1897, p. 14.
  2. Voir plus haut, p. 158, 160, 266.