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LA PLANÈTE MARS.

Les facteurs omis. — Au cours de la vie d’une planète il y a, entre l’épuisement total de sa chaleur propre utile et le règne de la chaleur solaire, une période durant laquelle les conditions glaciaires sont étendues et persistent fort longtemps. Cette période, la Terre l’a manifestement franchie, comme l’indique l’existence des glaciers des continents aux latitudes tropicales, tempérées et même polaires, qui ont presque complètement disparu et dont les restes se retirent sur les hauteurs et vers les pôles. Cette retraite, quoique très lente, est néanmoins appréciable partout où existent encore des glaciers. Il s’ensuit donc que depuis la période où ils furent le plus étendus, il y a eu augmentation générale de la température et, comme cet accroissement subsiste encore, on en doit chercher la cause dans les phénomènes actuels.

Il a été rappelé précédemment que la quantité de chaleur qu’une planète reçoit actuellement n’est pas le seul facteur influençant la température de sa surface ; d’autres sont également importants, peut-être même davantage. Leur existence et leur influence sont rendues apparentes par un accroissement général dans les températures terrestres depuis l’extension de la période glaciaire sur des régions maintenant tempérées et tropicales. Un de ces facteurs est l’aptitude de l’atmosphère à capter la chaleur. Tyndall et Buff ont montré, en effet, qu’au contact de la surface du globe, les rayons lumineux et calorifiques solaires sont convertis en rayons calorifiques obscurs retenus par l’atmosphère et que ce pouvoir appartient individuellement à ses divers constituants ; quelques gaz, et particulièrement les parfums des fleurs, le possèdent à un très haut degré. Maintenant, quand cette période d’emmagasinement calorifique est commencée sur une planète, celle-ci cesse non seulement de se refroidir, mais elle voit même sa température augmenter, car la vitesse de refroidissement est moindre que celle d’échauffement. L’opération est néanmoins limitée par l’évaporation de l’eau, laquelle, quand elle est excessive, ferme la route à l’énergie solaire par la formation des nuages[1]. La température moyenne de la surface de la Terre semble s’être ainsi élevée depuis les plus basses températures de la période glaciaire, Comme le progrès de cette élévation est encore marqué par le retrait des glaciers dans les deux hémisphères et à toutes les latitudes, et comme il a commencé à une époque relativement éloignée, un troisième facteur, le temps, entre ainsi dans le résultat comme une cause importante.

Les climats d’une planète sont donc déterminés par trois causes principales : 1o la quantité de chaleur et de lumière qu’elle reçoit du Soleil ; 2o le pouvoir de son atmosphère à emmagasiner la chaleur et qui détermine l’excès de la chaleur reçue sur la chaleur rayonnée ; 3o enfin le temps pendant lequel ces facteurs ont agi.

Appliquons ce raisonnement à Mars. Nous pouvons fixer en termes généraux la valeur relative de chaque cause, le résultat logique de cette combinaison étant que Mars jouit d’un climat général plus doux que celui de la Terre.

  1. Le climat de Vénus semble être aujourd’hui dans cet état.