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LA PLANÈTE MARS.

leur voile blanc et modifient entièrement l’aspect de la configuration géographique normale.

Que l’atmosphère de Mars donne naissance à des précipités analogues à nos neiges, c’est ce qui n’est douteux pour aucun observateur. Le ciel y est toutefois beaucoup moins couvert qu’ici, même en hiver, comme on peut facilement s’en convaincre par la comparaison des observations. Cependant, il l’est quelquefois, et nous avons des dessins sur lesquels plus de la moitié du disque de la planète est caché sous un voile blanchâtre. Parfois, ces nuages sont partiels et disparaissent assez vite. Nous ne citerons pas comme exemple la bourrasque apparente signalée par Secchi dans laquelle nous avons reconnu tout à l’heure, au contraire, une configuration fixe de la planète, un lac circulaire bien connu. Mais on peut citer comme observation de nuages celle de Lockyer du 3 octobre 1862, de 10h 30m du soir à 11h 23m. Revoyez un instant les pages 156 et 157 de cet Ouvrage et la fig. 97, la région qui s’étend de x à y se montrait blanche ; dans le dessin de 11h 23m (fig. 98), au contraire, on voit en y une sorte de golfe gris se dessiner, à mesure que les nuées qui le recouvraient se dissolvent. Ce golfe est le golfe Main (ou lac Mœris). M. Lockyer considère cette observation comme démonstrative de la présence de la variation de nuages à la surface de Mars.

La même impression résulte de l’aspect d’un dessin de M. Phillips, fait à Oxford le 15 octobre 1862, et qui montre toute la ligne du rivage marquée par une bordure de nuages blancs (voy. p. 165, fig. 107).

Ces nuages de Mars ont été l’objet d’une étude spéciale de M. Trouvelot, qui, plusieurs fois, grâce à une grande persévérance, a eu la bonne fortune d’en voir se former graduellement sous ses yeux, dans l’intervalle de moins de deux heures, sur les points où il n’avait pu en reconnaître aucune trace auparavant — surtout sur le long des rivages (voy. notamment fig. 200, p. 373).

M. Schiaparelli écrivait, à la date du 14 octobre 1877, qu’une tempête venait, entre le 4 et le 10 octobre, de couvrir presque entièrement de nuages la mer Érythrée et la Noachide.

Du 21 au 25 mai 1886, M. Perrotin (voy. p. 394) avait l’impression de nuages ou brouillards étendus sur la mer du Sablier.

Nous avons eu la même impression en plusieurs observations, mais plus rarement qu’on ne serait porté à s’y attendre par les vicissitudes si fréquentes de notre propre atmosphère.

L’atmosphère de Mars est non seulement plus claire, mais encore plus calme, plus pacifique que la nôtre. Parlant des traînées d’apparence neigeuse qu’il a observées en novembre et décembre 1891, sous forme de bandes spirales partant du pôle nord, visibles sur les continents, invisibles sur les