Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 1, 1892.djvu/487

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
473
C. TERBY. — ÉTUDES NOUVELLES.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Cerbère et l’Erèbe traversant le disque sur le prolongement l’un de l’autre, et formant comme un seul canal qui était distinctement double ; les deux traits formant le premier étaient plus larges et plus noirs que ceux qui constituaient l’Erèbe et donnaient lieu à un élargissement du canal, à partir du point où commençait le Cerbère.

La tache polaire septentrionale est restée très petite jusqu’au commencement de juin ; vers le milieu de ce mois, elle fut ou complètement invisible ou représentée par une faible trace. Vers la fin de juin, elle s’accrut beaucoup, subitement, et devint plus brillante. Ainsi, les 24 et 26 juin, (9h 30m), on la voyait à peine ; le 27, au contraire, à 10 heures, elle apparaissait comme le montre la fig. 243. Le même dessin montre un point très noir, dans la Nilosyrte ; malheureusement, l’image se troublant un peu, M. Williams n’a pu étudier ce détail avec tout le soin nécessaire. Je me demande si cette tache n’était pas due à la présence du lac Mœris.

M. Schiaparelli ayant bien voulu, comme M. Williams, m’autoriser à faire connaître des nouvelles absolument inédites jusqu’ici, je terminerai cette communication en donnant quelques extraits des lettres qu’il a bien voulu m’adresser ; celles-ci étaient accompagnées des trois superbes dessins ci-dessous (fig. 244 à 246).

C’est depuis le 16 mai seulement que M. Schiaparelli a pu faire des observations utiles :

« Tout ce que j’ai vu jusqu’à présent, écrivait-il à la date du 12 juin, est résumé presque entièrement dans les dessins que je vous envoie. À l’égard du troisième (16 mai) [‍fig. 244], je dois observer que les canaux situés en bas, Protonilus et Deuteronilus, Callirrhoe, Boreosyrtis, Astusapes, Pyramus, et les lacs Ismenius et Arethusa, avec le fragment d’Euphrates qui les réunit, étaient très visibles, surtout le Callirrhoe et le Protonilus. (Le Callirrhoe a été vu aussi à Florence par M. Giovannozzi avec un 4 pouces de Fraunhofer, voyp. 479). L’étranglement du Protonilus était marqué avec beaucoup d’évidence. Pour ce qui concerne les canaux près du limbe droit, Hiddekel, Gehon, Oxus…, ils étaient fort déliés, et l’on ne pouvait juger ni de leur forme, ni de leur couleur. Au contraire, Euphrates, Phison, Typhon et Orontes avaient disparu comme canaux, et il ne restait à leur place que des bandes d’un rouge un peu plus foncé que le champ environnant, bandes qui ne paraissaient pas bien terminées, et dont il n’était possible de constater que l’existence et la couleur. Il n’était pas même possible d’estimer leur largeur, qui, du reste, devait être considérable, puisqu’elle rendait visibles ces bandes malgré le peu de contraste dans la couleur. Le même jour, la terre de Deucalion était fort belle, et, ce qui est remarquable, beaucoup plus large à l’extrémité gauche qu’à la racine ; chose que je vois pour la première fois. Tout était confus de l’autre côté, Hellas, Ausonia, Libya, etc… Mais Japygia était assez évidente.

» Les 4 et 6 juin, j’ai pu examiner avec une certaine netteté toute la grande région comprise entre Iris et Titan (méridiens 110°-170°), la Mare Sirenum et