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SCHIAPARELLI. — TRIANGULATION ARÉOGRAPHIQUE.

quer les observations, voilà tout. Chercher ce qu’elles représentent serait sortir de la science pour entrer dans l’hypothèse, et, cette fois-ci, l’auteur s’en défend absolument. Nous prenons, non sans quelque regret, acte de sa déclaration. Il est juste d’ajouter, toutefois, que le rôle de l’observateur s’arrête strictement là, en effet. Celui du chercheur va plus loin et consiste, au contraire, à se servir des observations pour raisonner.

Quant à la nomenclature, M. Schiaparelli continue celle qu’il a adoptée, en l’étendant aux formations nouvellement observées.

Les résultats généraux obtenus sont de trois sortes. D’abord, tous les aspects observés en 1877 ont été revus, même les plus minutieux, à l’exception de deux : le « canal Hiddekel » et la « Fontaine de Jeunesse ». On a cru seulement distinguer quelquefois le premier, mais avec confusion et incertitude. La Fontaine de Jeunesse n’avait été vue qu’une seule fois en 1877 ; malgré toutes les recherches faites, on n’a rien retrouvé en 1879. Ces deux objets sont donc absents de la carte nouvelle.

Un second résultat, qui modifie, mais qui ne détruit pas le précédent, c’est que les configurations observées, tout en restant les mêmes, avaient pour la plupart changé d’aspect, de ton, de degré de visibilité, et même de largeur pour plusieurs canaux. L’inclinaison de la planète sur notre rayon visuel et sur l’éclairement solaire peut expliquer la différence de visibilité et de blancheur de certaines régions, telles que l’Argyre et l’Hellade. Peut-être aussi des causes locales font-elles varier le degré de blancheur de certaines contrées. Plusieurs de ces variations de tons du jaune au blanc ou, au contraire, au gris, sont réelles, et l’auteur croit probable qu’elles sont périodiques. Ces variations, dit-il, seront probablement la clé qui nous ouvrira les secrets de la constitution physique de la planète.

Le troisième résultat a été de confirmer les observations faites par Dawes en 1864, entre autres d’avoir retrouvé la passe de Bessel (p. 205), qui correspondrait au canal vertical dessiné à droite du lac du Soleil, par le Phase et l’Iris. Ce canal de l’Iris n’existe pas sur la carte de 1877. Changement ?

Parmi les détails explorés, nous remarquerons l’Hydaspe, que l’observateur est porté à identifier avec le canal de Franklin de Secchi, identifié d’abord avec le Gange. Telle est aussi l’opinion du Dr Terby.

Le lac du Soleil a offert un peu la forme d’une poire, par l’adjonction du canal du Nectar, déjà dessiné par Mädler en 1830, Kaiser et Lockyer en 1862, Dawes en 1864, etc., mais absolument invisible en 1877. Cette sorte de canal étroit et léger faisait un angle de 15° à 20° avec le parallèle de latitude.

Ce nouveau témoignage de variation réelle, absolument incontestable, confirme ce que nous avons dit plus haut (p. 323, fig. 184).