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C. FLAMMARION. — CHRISTIE.

beaucoup plus élevée que la nôtre. En lui supposant 80 kilomètres de hauteur, cette épaisseur ne formerait encore que 0″,3 lorsque la planète est la plus rapprochée de nous ; la réfraction y serait donc insensible. »

Tel était, en 1879, l’ensemble des idées auxquelles nous avait conduit l’étude des observations faites sur la planète Mars. En cette même année, la revue astronomique The Observatory, dirigée par M. Christie, astronome de l’Observatoire de Greenwich, dont il est maintenant directeur, a pris soin de tempérer l’opinion qui considère les taches foncées de Mars comme des mers et les claires comme des continents. « Ces prétendues mers, dit-il, ne sont-elles pas aussi imaginaires que dans le cas de la Lune ? Les « continents » paraissent plutôt arrondis, comme nos mers, tandis que les « mers » reproduisent les formes aiguës de nos continents. Nous ignorons le vrai caractère de ces configurations, qu’il serait plus scientifique d’appeler simplement des taches, comme pour Jupiter »[1].

On voit que tous les astronomes n’avaient pas les mêmes idées. Il ne nous semble pas douteux cependant que les taches foncées représentent les eaux de Mars. Dans l’ouvrage dont il vient d’être question (Astronomie populaire), nous avons publié une seconde carte de Mars[2].

  1. The Observatory, novembre 1879, p. 209.
  2. Les détails suivants peuvent intéresser ceux d’entre les lecteurs de ce livre qui s’occupent plus particulièrement de la cartographie de Mars. Nous avons construit sur l’ensemble des observations, après la carte tirée par M. Proctor des seules observations de Dawes, notre première carte géographique de la planète en 1876. Nous ne parlons pas du croquis de 1862, reproduit p. 143, puisqu’il ne représente qu’un hémisphère et ne constitue pas une véritable carte. Elle a été publiée dans la première édition des Terres du Ciel, 1876, p. 424, et dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences, 27 août 1877, p. 478. Nous en avons donné une seconde en 1879, Astronomie populaire, première édition, p. 480 ; une troisième en 1882, Revue d’Astronomie, 1882, p. 170-171, une quatrième en 1884, les Terres du Ciel, grande édition, frontispice. Nous avons publié cette même année un globe de Mars contenant l’aréographie la plus sûre. Enfin, nous avons construit en 1889 notre dernière carte (Astronomie populaire, centième mille) publiée également ici, p. 69, corrigée d’après les plus récentes observations, et dans laquelle nous avons adopté la nomenclature de Green (voy. p. 29). Ce n’est pas sans regret que nous avons renoncé aux dénominations de nos anciennes cartes, qui avaient paru dignes de l’histoire de l’Astronomie et de ses apôtres, Copernic, Galilée, Kepler, Newton, Huygens, Cassini, Hooke, Maraldi, Lacaille, Lalande, Laplace, Lagrange, Herschel, Schrœter, Beer, Mädler, Arago, Secchi, Le Verrier, Faye, etc. Mais la carte de Green étant généralement adoptée, et celle de M. Schiaparelli ayant fait double emploi avec elle, nous avons pensé qu’il importait d’éviter toute complication et toute confusion dans un sujet qui est d’ailleurs encore assez loin d’être complètement élucidé, et qu’il était préférable de ne laisser en présence que deux systèmes de nomenclature, celui de M. Green et celui de M. Schiaparelli.