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LA PLANÈTE MARS.

le premier paraît être du mois de novembre 1821, et dont le second est du 15 mars 1822. Il conclut à la fixité des taches. En effet, ces deux dessins, faits à quatre mois d’intervalle, se ressemblent fort. L’auteur remarque que la ligne grise qui longe le bord occidental est un commencement de phase. On reconnaît, surtout sur la première, non loin du pôle sud, la tache ronde que Beer et Mädler ont choisie en 1830 comme origine des longitudes de Mars (voir plus loin, p. 103 et 106, la remarque de ces auteurs eux-mêmes sur cette confrontation). Kunowsky combat les inductions de Schrœter sur le prétendu caractère atmosphérique et variable des taches, et conclut à leur caractère géographique et fixe. C’est la première fois, depuis les premières pages de cet ouvrage, que nous voyons affirmer cette opinion. Elle s’accorde avec les déductions conclues plus haut de la comparaison des observations, depuis les premiers dessins de Huygens et Hooke, jusqu’à ceux de Schrœter, malgré les variations incontestables qui se sont révélées dans le cours de toutes ces observations.

XXXIII. 1824. — Harding[1].

L’astronome auquel on doit la découverte de Junon passe d’abord en revue dans ce mémoire (p. 173) les observations d’Herschel et de Schrœter et discute les mesures de l’aplatissement. Pour lui, la planète semble varier de

Fig. 66. — Croquis sur la forme de Mars, pris par Harding, en 1824.
forme dans le sens équatorial comme dans le sens polaire, sans doute par suite d’un effet de son atmosphère. Il publie les six figures, des 4, 8, 14, 15, 20 et 25 avril 1824, reproduites ici (fig. 66), qui sont assez singulières.

Voici encore du nouveau. Est-il possible d’admettre une pareille conclusion ? Elle s’accorderait assurément avec la variété des valeurs trouvées pour l’aplatissement. Mais une telle variation ne paraît guère admissible. Ces effets ne sont pas supérieurs aux erreurs possibles des observations, surtout aux grands éloignements de la planète, comme celui de 1824.

Cette observation n’ajoute rien non plus aux documents précédents. Elle clôt la première période de cette histoire de Mars, qui nous a déjà appris

  1. Beobachtungen und Bemerkungen über den Mars vom Jahr 1824, vom Prof. Harding in Göttingen (Astr. Jahrbuch für 1828. Berlin, 1825). — En 1824, Pictet, à l’Observatoire de Genève, a également observé Mars, mais c’est seulement au point de vue de sa position et de la parallaxe. Il en avait été de même de Lalande en 1798. Nous n’avons pas à parler ici de ces observations de positions.