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LA PLANÈTE MARS.

en dehors de l’hémisphère austral, entre 62° et 73° de longitude, est tracée, dans cet hémisphère boréal, entre 92° et 110°. Il y a eu là quelque méprise. Il eût fallu la tracer entre 62° et 73° et la continuer suivant le ponctué indiqué en dehors de l’hémisphère austral[1].

Les astronomes hanovriens ont choisi la petite tache ronde foncée a comme origine des méridiens. Nous avons agi de même dans la construction de notre carte, et c’est à cause de cette origine que nous avons proposé le nom de « Baie du Méridien » pour cette tache caractéristique.

Les longitudes de Beer et Mädler sont comptées de la droite vers la gauche, lorsqu’on regarde l’équateur en ayant le pôle sud en haut. Nous les comptons en sens contraire, c’est-à-dire de la gauche vers la droite, dans le sens du mouvement de rotation, le méridien 0 passant avant le méridien 10.

Les auteurs arrivent ensuite au calcul de la rotation qu’ils ont obtenue. Ils la trouvent, par les observations de 1830, de 24h 37m 9s,9 ; par 1830 à 1832, 24h 37m 23s,7 ; par 1830 avec 1835, 24h 37m 20s,4 ; la seconde leur paraît la plus sûre, et c’est celle qu’ils adoptent.

On ne peut pas avec certitude établir de comparaison avec les observations faites neuf ans auparavant par Kunowsky, dans lesquelles la même tache fut bien distincte, car les limites de l’incertitude devraient être quatre fois moindres qu’elles ne le furent pour qu’on pût penser qu’il n’y a pas d’erreur. En revanche, ces observations confirment évidemment la constance des taches que nous avons aperçues, du moins pour a et pour l’arc fortement recourbé qui s’étend en serpentant de a à c. Les taches qui se trouvent plus au Sud ne furent aperçues alors que dans des positions tout à fait défavorables, ou même quelques-unes ne le furent pas du tout, et il en apparut d’autres vers le Nord qui, en 1830, ne furent plus visibles ; tandis que cette tache normale s’était montrée entièrement identique depuis le mois de novembre 1821 jusqu’en mars 1822 et, cette fois-ci, du 10 septembre au 20 octobre 1830 : elle n’était donc pas analogue à nos nuages.

Au reste, surtout lorsqu’on observe la planète pour la première fois et qu’on ne répète pas souvent les observations, on peut facilement remarquer dans ces taches une variation que l’on regardera comme variation physique. L’état atmosphérique de la Terre, et peut-être aussi de Mars, est plus ou moins favorable, c’est pourquoi quelques erreurs d’appréciation et de dessin, petites en elles-mêmes, mais considérables relativement à leur objet, sont inévitables : une tache qui s’approche du bord disparaît avant de l’avoir atteint (ce qui provient sans doute, comme pour Jupiter, de l’atmosphère de la planète) ; enfin, on n’a pas souvent l’occasion d’apercevoir une seconde fois dans la même opposition exactement le même côté de la planète, qui était auparavant tourné vers la Terre.

  1. Tous les traités d’Astronomie, et même l’excellente Astronomie populaire d’Arago, ont reproduit, depuis 1840, cette carte avec cette erreur sans s’en apercevoir.