Page:Encyclopédie méthodique - Arts aratoires, T01.djvu/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
90 ESP ESP


ERGOT. C'est l'extrémité de toute branche morte ou vive que le jardinier laisse par négligence à un arbre, au lieu de la couper près de la tige.

ESPACER. C'est, dans une plantation, laisser la distance régulière qui doit être observée entre les arbres d'un espalier, ou d'une allée, ou d'un quinconce.

ESPADE. Les Hollandois ont inventé une machine pour espader ou broyer le lin sans l’endommager. En voici la description. Elle est représentée dans la figure 2, pl. LIV. C'est une planche mince qui a une large échancrure dans un de ses côtés, & qui est élevée perpendiculairement sur un châssis d'une forme quelconque, pourvu qu'il soit assez pesant pour rester fixe : ils suspendent leur lin dans cette échancrure ; il est impossible par cette situation que l’espade tombe sur la filasse dans cette position dangereuse où elle résiste plus fortement & se coupe aussi plus facilement. Et comme des instrumens bien faits répondent à plusieurs fins, cette machine dirige le coup de l'espadeur ; la main qui soutient le lin est à couvert, & l'on fait l’ouvrage étant assis.

Les Hollandois préviennent les inconvéniens de la méthode françoise, par la forme & la largeur de leur espade qui est presque circulaire, fig. 3, & qui n'a guères moins de dix-huit pouces de diamètre. La plus grande force de cet instrument tombe exactement où elle peut causer le moindre dommage sur la partie la plus épaisse de la filasse ; car l'espadeur le tenant par le manche A, sa plus grande action est en B ou, en C, & s'exerce sur le milieu même de la poignée, qui est plus fort & qui ne reçoit qu'un coup léger ; car les Hollandois ne battent pas la filasse avec autant de force que les ouvriers françois. Les fils separés & dispersés vers les côtés ne font point tendus, mais ils se contournent doucement autour des bords de l’espade, & retombent ensuite sans être endommagés. Il en est de même des bouts de la filasse qui s'élèvent aux coups : ils ne peuvent s'entortiller autour d'une espade de cette forme & de cette grandeur ; ils rencontrent en s'élevant un plan large & uni ; ainsi ils n’opposent aucune résistance, & ils retombent doucement & dans leur entier. (Voyez Broye hollandoise.

ESPALIER. Dans le jardinage, c'est une muraille au pied de laquelle on plante des arbres qu'on attache ensuite à cette muraille ou à un treillage, ou de quelque manière que ce soit. Quand on plante des arbres en espalier, il faut les déverser en les plantant en-deçà du mur à la


distance de neuf pouces ou environ ; autrement les racines touchant au mur, ne pourroient point agir. De plus, quelque pluie qui puisse tomber, jamais les arbres ne s'en ressentent quand ils sont plantés à plomb du mur. La direction des espaliers est un des chefs-d'œuvre du jardinage, & on ne sait pas priser assez le travail régulier & entendu d'un espalier formant le plus superbe coup-d'œil.

L'usage a aussi donné le nom d'espalier à l’arbre même.

Le contre-espalier est un arbre planté à l'opposite de l'espalier, autour des carreaux d'un jardin. On l'appelle encore simplement espalier.

Les espaliers ne servent pas seulement à l’embellissement & à l’ornement des jardins, mais ils sont aussi d'un grand profit & d'une grande utilité. On en dresse, parce qu'au printems il arrive souvent des matinées fraîches & des gelées blanches, causées, soit par la fraîcheur de la terre ou par le vent du Nord, qui gâtent les fleurs les plus hâtives & les plus délicates, comme sont celles des abricotiers & de toutes sortes de pêchers, & même de quelques poiriers, nous privant ainsi du plaisir & de la satisfaction que nous aurions eue de leurs fruits. Afin donc de prévenir ces inconvéniens qui sont assez ordinaires, on s'est avisé de chercher des abris contre des murailles, qui par leur hauteur & leur épaisseur garantissent du mauvais vent, & qui recevant les rayons du soleil augmentent la force de la chaleur ; & les arbres plantés contre ces murailles, treillissés & ajustés convenablement sur des perches qui y sont attachées, font ce qu'on appelle espaliers. Parlons maintenant de la manière dont ils doivent être faits.

Il faut premièrement choisir un mur de clôture, qui ait le soleil levant & le midi, & qui soit bien fait & élevé au moins, s'il est possible, de douze pieds de haut ; car plus il est haut, plus long-tems il sert à cet usage d'espaliers. De toise en toise de largeur il le faut garnir de trois crochets de fer, attachés l’un au-dessus de l'autre, l'un à un pied de distance de terre ; l'autre à cinq, le troisième à dix, & ce dernier débordant du mur trois doigts plus que les autres, pour le sujet que nous dirons ci-après.

Secondement, il faut faire une tranchée d'une toise de largeur, en la prenant du pied du mur & de quatre pieds de profondeur, dans l’été, si cela se peut, & la laisser ainsi, ouverte deux ou trois mois, afin que le fond puisse jouir de la chaleur du soleil & de l'humidité des pluies. Au commencement de l'automne il faut remplir cette fosse de la même terre, si elle est bonne, en l'amendant encore avec du fient bien con-