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quoique très-rarement, ces déjections noires devenir critiques, mettre fin à des dérangemens dans l’action du foie, des visceres abdominaux, dissiper les maladies qui en dépendoient : Hippocrate a vû guérir par-là une fiévre aiguë, & disparoître une tumeur considérable à la rate. (Epidem. lib. III. sect. vij.) Heurnius a aussi observé ces déjections salutaires dans une fiévre aiguë. (Comment. in aphor. 21, lib. IV.) Fœsius, sur la fin d’un ictere très-long, &c. Il arrive aussi quelquefois que la mélancolie se guérit par cette voie. Voyez Mélancolie.

Il est rare qu’on puisse administrer efficacement des remedes dans cette maladie ; ceux cependant qui paroissent devoir être les moins infructueux, soit pour soulager, ou même pour guérir tout-à-fait, s’il est encore tems, sont les anti-spasmodiques, les calmans, les terreux, les fondans aloétiques, les savonneux, les martiaux, &c. Ces différens remedes, prudemment administrés & habilement variés suivant les cas, remplissent toutes les indications qu’on peut se proposer. Ainsi le camphre, le nitre, le castor, pourront être employés avec succès lorsque les spasmes sont fréquens, les coliques vives, les douleurs aiguës ; & lorsque les matieres, rejettées par le vomissement ou les selles, manifestent leur acidité par le sentiment d’adstriction qu’elles impriment à la bouche, par l’agacement des dents, par le goût, &c. c’est le cas de faire usage des absorbans terreux. Les autres remedes fondans, savonneux, l’aloës, le tartre vitriolé, le savon, la rhubarbe, les préparations de Mars & sur-tout les eaux minérales & ferrugineuses, sont plus appropriés au fond de la maladie ; leur action consiste à corriger la bile, à en rendre le cours libre & facile, & à emporter les embarras du bas ventre. Il faut seconder leurs effets par des purgatifs convenables, ménalagogues, qu’il faut, suivant le conseil d’Hippocrate, réitérer souvent. On doit bannir du traitement toutes les compositions huileuses, fades, sucrées, grasses, & sur-tout les acides qui ne feroient qu’aigrir la maladie, ou du moins seroient inutiles, comme l’ont éprouvé ceux qui ont voulu les employer (voyez l’observ. citée journal de Médec. Juin 1758.), animés par leurs merveilleux succès dans les prétendues maladies noires dont on donne l’histoire. (Ibid. Février 1757, pag. 83.) M. Menuret.

Maladie de vierge ou de fille, (Médec.) virgineus morbus. Ce sont les pâles-couleurs, ou ce que l’on appelle autrement chlorosis. Voyez Chlorosis & Pales-couleurs.

MALADRERIE, s. f. (Police.) hôpital public de malades, & particulierement de lépreux :

A sad, noizom place, wherein are laid
Numbers of all diseas’d of all maladies !
Dire is the tossing, deep the groans ; despair
Tends the sick, busy from couch to couch ;
And over them, triumphant death his dart
Shakes, but delays to strike, thó oft invok’d
With vows, as theirs chief good, and final hope.
A sad, noizom place, wherein are laid
Numbers of all diseas’d of all maladies !
Dire is the tossing, deep the groans ; despair
Tends the sick, busy from couch to couch ;
And over them, triumphant death his dart
Shakes, but delays to strike, thó oft invok’d
With vows, as theirs chief good, and final hope.

C’est la peinture qu’en fait le célebre Milton, voyez Infirmerie, Léproserie. (D. J.)

MAL-ADROIT, MAL-ADRESSE, (Gram.) ils se disent du peu d’aptitude aux exercices du corps, aux affaires. Il y a cette différence entre la maladresse & la mal-habileté, que celle ci ne se dit que du manque d’aptitude aux fonctions de l’esprit. Un joueur de billard est mal-adroit, un négociateur est mal-adroit ; ce second est aussi mal-habile, ce qu’on ne dira pas du premier.

MALA-ELENGI, (Botan. exot.) arbre du Malabar, d’environ vingt piés de haut, toûjours verd, & qui porte du fruit une fois par an. L’auteur du jardin de Malabar appelle cet arbre arbor baccifera, indica,

flore composito. Les habitans du pays font de

ses fleurs, bouillies avec du poivre & du calamus aromatique dans de l’huile de Sésame, un liniment pour les affections céphaliques. (D. J.)

MALAGA, (Géog.) en latin Malaca ; ancienne, belle, riche & forte ville d’Espagne, au royaume de Grenade, avec deux châteaux, un évêché de vingt mille ducats de revenu, suffragant de Grenade, & un bon port qui la rend très-commerçante. Les Anglois & les Hollandois y vont charger des fruits exquis, & des vins délicieux que son terrein produit en abondance. Elle est sur le rivage de la mer, au pié d’une montagne escarpée, à vingt-deux lieues de Gibraltar, 34 S. de Cordoue, 25 S. O. de Madrid. Long. 13. 40. lat. 36. 45. (D. J.)

MALAGME, s. m. (Pharmacie.) est ordinairement synonyme au cataplasme émollient. C’est un médicament topique & peu différent de l’emplâtre ; on ne donna ce nom dans le commencement qu’aux cataplasmes émolliens, mais on l’étendit dans la suite aux astringens. Le malagme est composé principalement de gommes, d’aromats, & d’autres ingrédiens stimulans, tels que les sels & d’autres substances semblables. Le cataplasme, le malagme & l’emplâtre, sont trois compositions dans lesquelles il entre peu de graisse, d’huile & de cire : on pulvérise d’abord les ingrédiens solides, ensuite on les humecte de quelque liqueur, & on les applique sur les parties affectées.

Malagme de l’Arabe, pour les tumeurs scrophuleuses & pour les tubercules. Prenez myrrhe, sel ammoniac, encens, résine seche & liquide, crocomagma, cire, de chaque un gros. Celse, lib. V. cap. xxviij. Le malagme d’Aristogene, pour les nerfs & les os, se trouve dans le même auteur.

MALAGOS, s. m. (Hist. nat.) oiseau aquatique du cap de Bonne-Espérance, qui est de la grandeur d’une oie, mais dont le bec est plus court que celui d’un canard, il est garni de dents courtes & pointues. Ses plumes sont mêlées de blanc, de gris & de noir. Ses jambes sont fort courtes & proches du croupion, ce qui le fait marcher désagréablement. Il se nourrit de poisson.

MALAGUETTE, la côte de, (Géogr.) ou la côte de Maniguette, grand pays d’Afrique dans la Guinée, le long de la mer. On borne ordinairement ce pays depuis Rio-Sanguin jusqu’au cap de Palmes. Cette côte est partagée en plusieurs souverainetés, dont la principale est le royaume de Sanguin Elle est arrosée de quantité de rivieres. Les negres du pays sont grands, forts & vigoureux. Les hommes & les femmes y vont plus nuds qu’en aucuns autres lieux de la Guinée. Ils ne portent au plus qu’un fort petit chiffon sur ce qui distingue un sexe de l’autre. Leur pays qui est bas, uni, gras, arrosé de rivieres & de ruisseaux, est extrèmement fertile, & propre à produire tout ce qu’on y semeroit. On en tire de l’ivoire, des esclaves, de l’or en poudre, & sur-tout de la maniguette ou malaguette, qui donne le nom au pays ; c’est une graine rondelette, de la grosseur du chénevi, d’un goût piquant, & approchant de celui du poivre, d’où vient qu’on l’appelle aussi poivre de Guinée. (D. J.)

MALAISE, (Anatomie.) nom d’une apophyse de l’os de la pommette, qu’on appelle aussi os malaise, & d’une apophyse de l’os maxillaire qui s’articule avec cet os. Voyez Pommette.

Malaise, s. m. Malaisé, adj. (Gramm.) manque des choses nécessaires aux besoins de la vie. On dit dans ce sens, il est dans le malaise. Cet homme est pauvre & malaisé.

Mais l’adjectif malaisé a une acception que n’a point le substantif malaise ; il est synonyme à difficile. Cette affaire est malaisée. De l’adjectif malaisé