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qui consiste dans une production d’idées, qui ont du rapport à celles des rêves, quoiqu’il n’y ait point de sommeil dans le cas dont il s’agit ; en sorte que les idées ne sont point conformes aux objets qui doivent affecter, mais sont relatives aux dispositions viciées du cerveau. Voyez Aliénation, Esprit, Délire, Mélancholie, Manie, Folie.

L’aliénation de l’esprit est susceptible de beaucoup de variété, soit pour son intensité, soit pour sa durée, soit pour ses objets ; c’est ce qui fournit la division de cette classe en trois sections. 1°. Les maladies mélancholiques qui dépendent d’un exercice excessif & dépravé de la pensée, du jugement & de la raison. Les genres sont la démence, la folie, la mélancholie, proprement dite, la démonomanie, à laquelle se rapportent le délire des sorciers, celui des fanatiques, celui des wampires, des loups garoux, &c. la passion hypochondriaque, l’hystérique, le somnambulisme, la terreur panique. 2°. Les maladies de l’imagination affoiblie, dont l’exercice est comme engourdi. Les genres sont la perte de la mémoire, la stupidité, le vertige. 3°. Les maladies de l’esprit, qui sont une dépravation de la volonté, un déreglement des desirs par excès ou par défaut, effet du vice des organes de l’imagination ou de ceux des sens. Les genres sont la nostralgie ou maladie du pays, l’érotomanie, le satyriasis, la fureur utérine, la rage, les envies, c’est-à-dire les appétits déréglés, à l’égard des alimens, de la boisson, & autres choses extraordinaires, la faim canine, la soif excessive, le narautisme, qui consiste dans un desir insurmontable de sauter, de danser hors de propos, l’antipathie, l’hydrophobie.

VII. Classe. Maladies évacuatoires. Caractere. Pour symptome principal, une évacuation extraordinaire, primitive, constante, & considérable par sa quantité ou par les efforts violens qu’elle occasionne. Voyez Evacuation. Cette évacuation, le plus souvent, est de courte durée, & forme une maladie aiguë.

Cette classe est composée de trois sections, qui comprennent, 1°. les maladies évacuatoires, dont les écoulemens sont sanglans ou rougeâtres. Genres. L’hémorrhagie, le stomacace ou saignement des gencives, l’émophtysie, le vomissement de sang, la dysenterie sanglante, le flux hépatique, le pissement de sang, le flux hémorrhoïdal, la perte de sang, la sueur sanglante. 2°. Les maladies évacuatoires à écoulement séreux ou blanchâtre, dont la matiere est ou la lymphe, ou l’urine, ou la sueur, ou la salive, le chyle, la semence, le lait utérin, &c. Genres. L’épiphora, ou l’écoulement des larmes contre nature, le flux des oreilles, le flux des narines, que Juncker désigne sous le nom de phlegmatorrhagie, le corya, le ptyalisme ou la salivation, la vomique, l’anacatharre, ou expectoration extraordinaire, le diabête, l’incontinence d’urine, les fleurs blanches, les lochies laiteuses ou séreuses, immodérées, la gonorrhée. 3°. Les maladies dans lesquelles la matiere des évacuations est de diverse couleur & consistence. Genres. Le vomissement, la diarrhée, la lienterie, la cœliaque, le cholera-morbus, les ventosités.

VIII. Classe. Maladies cachectiques. Caractere. La cachexie, c’est à-dire la dépravation générale ou fort étendue de l’habitude du corps, qui consiste dans le changement contre nature de ses qualités extérieures ; savoir, dans la figure, le volume, la couleur, & tout ce qui est susceptible d’affecter les sens, par l’effet d’un vice dépendant ordinairement de celui de la masse des humeurs. Voyez Cachexie.

Cette classe est divisée en quatre sections, qui renferment 1°. les cachexies, avec diminution excessive du volume du corps. Genres. La consomption,

l’ectisie, la phtisie, l’atrophie, le marasme. 2°. Les cachexies, avec augmentation outre mesure du volume du corps, ou de quelqu’une de ses parties. Genres. La corpulence ou l’embonpoint excessif, la bouffissure, la leucophlegmatie, l’hydropisie générale ou particuliere ; comme l’hydrocéphale, l’hydropisie de poitrine, du péricarde, l’ascite, l’hydropisie enkistée, l’hydromphale, l’hydrocele, l’hydropisie de matrice, l’emphyseme, le météorisme, la tympanite, la grossesse vicieuse, comme la tuboce, la molaire, le rachitis ou la chartre, les obstructions skirrheuses, chancreuses, scrophuleuses, l’éléphantiase. 3°. Les cachexies, avec éruptions cutanées, lépreuses, contagieuses & irrégulieres. Genres. La vérole, le scorbut, la gale, la lepre, la ladrerie, les dracuncules, l’alopécie, le plica, le phtiriasis ou la maladie pédiculaire, la teigne, la rache, la dartre. 4°. Les maladies cachectiques, avec changement dans la couleur de la peau. Genres. La pâleur, la cachexie proprement dite, la chlorose ou les pâles couleurs, la jaunisse, l’ictere noir, la gangrene & les sphaceles. On peut rapporter à cette classe la cataracte, le glaucome, & toutes les maladies des yeux non inflammatoires, sans écoulement, qui proviennent d’obstruction.

IX. Classe. Affections superficielles, la premiere des deux classes des maladies chirurgicales. Caracteres. Ce sont toutes les mauvaises dispositions topiques, simples de la surface du corps, qui blessent l’intégrité, la beauté, ou la bonne conformation des parties externes par le vice de la couleur, du volume, ou de la figure ou de la situation, sans causer directement aucune autre lésion importante de fonctions ; ce qui distingue ces maladies des fievres inflammatoires & exanthémateuses, & des affections cachectiques. Voyez Chirurgie.

Cette classe est divisée en deux sections, qui comprennent 1°. les affections externes sans prominence, ou toûjours sans fievre primitive & ordinairement dans la plûpart sans élévation considérable, comme les taches & les efflorescences. Genres. Le leucome, la lepre des Juifs, le hâle, les rousseurs, les bourgeons, le feu volage, les marques qu’on appelle envies, l’échimose, la meurtrissure, l’ébullition de sang, les élevûres, les boutons, les pustulles, les phlyctenes. 2°. Les affections des parties externes, avec prominence considérable. Genres. Les enflûres circonscrites, humorales, dolentes, telles que les tumeurs phlegmoneuses, érésypélateuses, chancreuses, osseuses, les bubons, les parotydes, les furoncles, le panaris, le charbon, le cancer, les aphtes sans fievre. 2°. Les enflûres circonscrites, indolentes. Genres. Les excroissances dans les parties molles, telles que le sarcome, le polype, les verrues, les condylomes, les tumeurs enkistées, comme l’anévrysme, la varice, l’hydatide, le staphylome, l’abscès ou apostème, les loupes, l’athérome, le stéatome, le méliceris, le broncocele ou gouetre, les tumeurs dans les parties dures, comme l’exostose, le spina ventosa, la gibbosité, les tumeurs, les difformités rachitiques.

X. Classe. Maladies dialitiques, c’est la seconde classe des maladies chirurgicales. Caractere. La séparation contre nature accidentelle des parties du corps entr’elles, avec solution de continuité ou de contiguité. Voyez Solution, &c.

Cette classe est divisée en deux sections, qui comprennent 1°. les maladies de séparation avec déperdition de substance. Genres. La plaie, avec enlevement de quelque partie du corps, l’ulcere, la carie. 2°. Les maladies de séparation, sans déperdition de substance. Genres. La plaie simple, la fracture, les luxations, tant des parties molles, que des parties dures, c’est-à-dire le déplacement de ces différentes