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tendante à ce qu’il lui fût permis de ramasser les os de sa femme & de son fils en un cercueil de marbre, qu’il n’avoit mis que dans un de terre, en attendant que le lieu qu’il avoit acheté pour y faire bâtir un monument, fût construit ; à quoi il fut répondu ce qui suit : decretum fieri placet, Jubentius Celsus, promagister subscripsi. III. non. Novembris.

Magister scrinii memoriæ, (Antiquit. rom.) secrétaire & officier de l’empire, à qui le prince donnoit la ceinture dorée en le créant. Sa charge étoit de mettre en un mot les réponses que faisoit l’empereur aux requêtes & placets qu’on lui présentoit, & de les étendre ensuite dans les patentes ou brevets. Il avoit sous lui les commis qu’on nommoit scriniarii memoriæ, ou memoriales. On croit que cette charge fut instituée par Auguste, & qu’il la faisoit exercer par des chevaliers romains. (D. J.)

Magister scripturæ, (Littér.) receveur d’un département de Rome. Scriptura étoit ce que l’on payoit en Asie aux fermiers de la république, pour les pâturages. Ceux qui levoient ce droit étoient appellés scriptuarii, & le bétail pecus inscriptum. (D. J.)

MAGISTERE, s. m. (Chimie.) On donne ce nom à quelques précipités de toutes les especes, & par conséquent fort arbitrairement, sans que les précipités qu’on désigne par ce nom ayent aucun caractere distinctif. Voyez Précipité. Il y a un magistere de bismuth, un magistere d’antimoine, un magistere de saturne, un magistere d’étain, un magistere de corail, un magistere de perle, un magistere de soufre, &c. Voyez Bismuth, Matiere perlée, qui est un autre nom du magistere d’antimoine, Etain, Corail, &c.

Magistere est aussi un des noms de la pierre philosophale. Plusieurs alchimistes l’ont appellée le grand magistere, le magistere, notre magistere. Voyez Pierre philosophale. (b)

MAGISTRAL remede, (Thérapeut.) le remede ou médicament magistral, appellé aussi quelquefois extemporané, extemporaneum, est un médicament composé sur le champ, ou dans un tems déterminé, d’après l’ordonnance du médecin ; il differe par-là du remede officinal qui se trouve tout composé dans les boutiques d’après des recettes consignées dans les pharmacopées ou dispensaires.

Nous avons exposé au mot Formule les regles sur lesquelles le médecin doit se diriger dans la prescription des remedes magistraux. Voyez cet article. (b)

Magistral, sirop, (Pharmacie & Mat. méd.) Il y a en Pharmacie deux sirops très-connus qui portent ce nom : le sirop magistral purgatif & le sirop magistral astringent ou dissentérique. Le premier est composé d’un grand nombre de purgatifs des plus forts ; aussi est-il un puissant hydragogue : mais ce n’est pas la peine d’entasser douze ou quinze drogues pour purger efficacement, lorsqu’on peut obtenir le même effet avec une seule. Le sirop de nerprun purge aussi-bien & plus sûrement que ce sirop très-composé.

Le sirop magistral astringent se prépare de la maniere suivante, selon la pharmacopée de Paris. Prenez de rhubarbe concassée une once & demie, de santal citrin & de cannelle de chacun un gros, de mirobolans citrins une once ; faites-les macérer dans un vaisseau fermé au bain-marie pendant douze heures dans trois livres d’eau de plantain, passez & prenez d’autre part de roses rouges seches deux onces, de balaustes une once, de sucs d’épinevinette & de groseille de chacun quatre onces ; faites macérer pendant douze heures au bain-marie dans un vaisseau fermé dans huit onces d’eau-rose ; passez avec expression ; mêlez les deux colatures, laissez-les se clarifier par le repos ; & faites-les cuire au bain-marie

selon l’art en consistence de sirop, avec une livre & demie de sucre.

Ce sirop est préparé contre les regles de l’art, en ce que le bain-marie est employé dans l’espoir très frivole de retenir le principe aromatique du santal, de la cannelle, des roses rouges, de l’eau-rose & peut-être de l’eau de plantain ; car il est très-démontré qu’en dissipant, comme il faut le faire ici, pour obtenir la consistence de sirop, environ trois livres & un quart d’eau, il est impossible de retenir une quantité sensible de ce principe aromatique, quelque légere que soit la chaleur par laquelle on exécute cette prodigieuse évaporation : il faut donc ou négliger ce principe aromatique, qui ne paroît pas être un ingrédient fort essentiel d’un sirop astringent, & dans ce cas retrancher les ingrédiens de cette composition, qui ne peuvent donner que du parfum ; ou charger quatre ou cinq fois davantage les infusions, & employer à-peu-près huit livres de sucre, au lieu d’une livre & demie ; & alors le faire fondre au bain-marie dans un vaisseau fermé, si l’on ne préfere encore le moyen plus exact de la distillation. Voyez Sirop.

Le sirop magistral astringent est recommandé pour remplir l’indication de resserrer le ventre & de fortifier l’estomac & les intestins, après avoir évacué doucement. On le conseille aussi contre les pertes de sang. La dose en est depuis une once jusqu’à trois pris le matin à jeun, pendant plusieurs jours de suite. (b)

MAGISTRAT, s. m. (Politique.) ce nom présente une grande idée ; il convient à tous ceux qui par l’exercice d’une autorité légitime, sont les défenseurs & les garants du bonheur public ; & dans ce sens, il se donne même aux rois.

Le premier homme en qui une société naissante eut assez de confiance pour remettre entre ses mains le pouvoir de la gouverner, de faire les lois qu’il jugeroit convenables au bien commun, & d’assurer leur exécution, de réprimer les entreprises capables de troubler l’ordre public, enfin de protéger l’innocence contre la violence & l’injustice, fut le premier magistrat. La vertu fut le fondement de cette autorité : un homme se distingua-t-il par cet amour du bien qui caractérise les hommes vraiment grands ; avoit-il sur ses concitoyens cet empire volontaire & flatteur, fruit du mérite & de la confiance que donne quelquefois la supériorité du génie, & toûjours celle de la vertu ? ce fut sans doute cet homme qui fut choisi pour gouverner les autres. Quand des raisons que nous laissons discuter à la Philosophie, détruisirent l’état de nature, il fut nécessaire d’établir un pouvoir supérieur, maître des forces de tout le corps, à la faveur duquel celui qui en étoit revêtu fût en état de réprimer la témérité de ceux qui pourroient former quelque entreprise contre l’utilité commune & la sûreté publique, ou qui refuseroient de se conformer à ce que le desir de les maintenir auroit fait imaginer ; les hommes renoncerent au nom de liberté pour en conserver la réalité. Ils firent plus : le droit de vie & de mort fut réuni à ce pouvoir suprème, droit terrible que la nature méconnut, & que la nécessité arracha. Ce chef de la société reçut différentes dénominations suivant les tems, les mœurs, & les différentes formes des gouvernemens ; il fut appellé empereur, consul, dictateur, roi, titres tous contenus sous celui de magistrat, pris dans ce sens.

Mais ce nom ne signifie proprement dans notre langue que ceux sur qui le souverain se repose pour rendre la justice en son nom, conserver le dépôt sacré des lois, leur donner par l’enregistrement la notoriété nécessaire, & les faire exécuter ; fonctions augustes & saintes, qui exigent de celui qui en est chargé, les plus grandes qualités. Obligé seulement