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corce qui le couvre est gercée, d’un verd grisâtre jusqu’où se fait la subdivision des branches, qui forment une belle tête ; ses feuilles sont alternes, d’un verd foncé, différentes dans leur longueur & dans leur largeur. Les moyennes ont à peu près cinq pouces de long & deux pouces de large : la côte qui les traverse d’un bout à l’autre répand des nervures en tout sens. Les queues des feuilles ont environ huit lignes de long sur deux d’épaisseur : sa fleur n’est point décrite par le pere Feuillée, & je n’y saurois suppléer : son fruit a la figure d’un cœur applati par les deux bouts ; il est rond, large de trois pouces, long d’un peu plus de deux, & couvert d’une peau fort mince ; sa chair est mollasse, fade, douçâtre, & d’un blanc sale ; elle renferme au centre deux ou trois noyaux, qui dans leur maturité, ont la figure & la couleur de nos châtaignes. Frézier nomme cet arbre lucumo, & a commis plusieurs erreurs dans la description qu’il en a faite. (D. J.)

LUCUMON, s. m. (Littérat.) prince ou chef particulier de chaque peuple des anciens Etrusques. Comme l’Etrurie se partageoit en douze peuples, chacun avoit son lucumon, mais un d’eux jouissoit d’une autorité plus grande que les autres. Les privileges distinctifs des lucumons, étoient de s’asseoir en public dans une chaire d’ivoire, d’être précedés par douze licteurs, de porter une tunique de pourpre enrichie d’or, & sur la tête une couronne d’or, avec un sceptre au bout duquel pendoit une aigle. (D. J.)

LUCUS, (Géog.) ce mot latin veut dire un bois saint ; & comme l’antiquité avoit l’usage de consacrer les bois à des dieux ou à des déesses, il est arrivé en géographie, qu’il y a des noms de divinités même des noms d’empereurs, joints à lucus, qui désignent des villes ou lieux autrefois célebres, comme Lucus Augusti, ville de la Gaule narbonnoise, dont nous dirons un mot ; Lucus Asturum, qui est Oviedo, ville d’Espagne en Asturie, & autres semblables.

L’étymologie du mot lucus, bois consacré aux dieux, vient de ce qu’on éclairoit ces sortes de bois aux jours de fêtes, quod in illis maximè lucebat ; du moins cette étymologie me semble preférable à celle de Quintilien & de Servius, qui ont recours à l’antiphrase, figure de l’invention des Grammairiens, que les habiles critiques ne goûtent gueres, & dont ils ont fort sujet de se moquer. (D. J.)

Lucus Augusti, (Géogr. anc.) ville de la Gaule narbonnoise, alliée des Romains, selon Pline, liv. III. chap. iv. Tacite, Hist. liv. I. la nomme Lucus vocontiensis, & n’en fait qu’un municipe ; c’étoit la ville de Luc en Dauphiné dans le Diois, grande route des Alpes, sur la Drome. Il y a seulement quelques siecles, qu’une roche étant tombée dans cette riviere, en boucha le lit, & causa une inondation, dont l’ancien Luc fut submergé & détruit. Le nouveau Luc qu’on rebâtit au-dessus de Die, n’est resté qu’un simple village.

Les anciens ont encore donné le nom de Lucus Augusti à la ville de Lugo en Espagne, &c. le mot lucus signifie un bois, & l’on sait que la religion payenne avant consacré les bois aux divinités, la flatterie ne tarda pas d’y joindre des noms d’empereurs, elle commença par Auguste. (D. J.)

LUDLOW, (Géog.) Ludlovia, petite ville à marché d’Angleterre, en Shropshire, aux frontieres du pays de Galles, avec un mauvais château pour sa défense. Elle envoye deux députés au parlement, & est à 106 milles N. O. de Londres. Long. 14. 59. lat. 52. 25. (D. J.)

LUDUS HELMONTII, (Hist. nat.) pierre ou substance fossile, d’une figure indéterminée & irréguliere à l’extérieur, mais dont l’arrangement inté-

rieur est très-régulier. Elle est d’une couleur terreuse,

& divisée en masses distinctes & séparées les unes des autres par plusieurs veines de différentes couleurs & d’une matiere plus pure que le reste de la pierre ; ces petites masses sont souvent d’une figure assez réguliere, qui les fait ressembler à des dés à jouer ; mais le plus communément elles n’ont point de forme déterminée. Quelques-unes de ces masses sont composées de plusieurs croûtes ou enveloppes placées les unes sur les autres autour d’un noyau qui est au centre : dans celles-ci les veines ou cloisons qui les séparent sont très-minces, elles sont plus épaisses dans les autres. On ne fait usage que de ces veines ou cloisons dans la médecine ; on prétend que c’est un remede pour les maux de reins, Supplément de Chambers. Son nom lui vient du célebre Van-Helmont qui a célébré ses vertus réelles ou prétendues. On dit que cette pierre se trouve sur les bords de l’Escaut, près d’Anvers. Schroeder & Etmuller disent qu’elle est calcaire. Paracelse l’a appellée sel terræ. Quelques auteurs ont cru que Van Helmont vouloit désigner sous ce nom la pierre de la vessie.

LUETS, s. m. pl. (Jurisprud.) devoir de luets, terme usité en Bretagne pour exprimer une redevance d’un boisseau de feigle dûe sur chacune terre & sur chacun ménager tenant feu & fumée & labourant terre en la paroisse : il en est fait mention dans le recueil des arrêts des chambres de Bretagne du 16 Octobre 1361, & du 20 Mai 1564. Voyez le Glossaire de M. de Lauriere, au mot Luets.

LUETTE, uvula, s. f. (Anatomie.) c’est un corps rond, mol & spongieux, semblable au bout du doigt d’un enfant, qui est suspendu à la portion la plus élevée de l’arcade formée par le bord libre & flottant de la valvule du palais, près des trous des narines, perpendiculairement sur la glotte. Voyez Glotte, Larynx, Voix, &c.

Son usage est de briser la force de l’air froid, & d’empêcher qu’il n’entre avec trop de précipitation dans le poumon. Voyez Respiration, Poumon, &c.

Elle est formée d’une duplicature de la tunique du palais. Quelques auteurs la nomment columella, & d’autres gurgulio.

Elle est mue par deux paires de muscles, & suspendue par autant de ligamens. Les muscles sont l’externe, appellé sphénostaphylin, qui tire la luette en haut & en arriere, & empêche les alimens qui ont été mâchés, de passer dans les trous des narines pendant la déglutition. Voyez Sphénostaphylin. L’interne, appellé ptérygostaphylin, qui tire la luette en haut & en-devant. Voyez Pterygostaphylin.

Ces deux muscles tirent la luette en-haut pour faciliter la déglutition, & servent à la relever lorsqu’elle est relâchée & tombée. Dans ce cas-là, on a coutume d’aider à la relever, en y appliquant un peu de poivre concassé que l’on met sur le bout d’une cueiller. Voyez Déglutition.

Bartholin dit que ceux qui n’ont point de luette, sont sujets à la phthisie, & en meurent ordinairement ; parce que l’air froid entrant trop rapidement dans les poumons, les corrompt. Voyez Phthisie.

Chûte de la Luette, voyez Chûte.

Luette. (maladies de la) cette partie est sujette à s’enflammer, & à devenir grosse & longue par un engorgement d’humeur pituiteuse. Dans le premier cas, les saignées, le régime humectant, & les gargarismes rafraîchissans peuvent calmer l’inflammation, & résoudre la tumeur. Si elle se terminoit par gangrène, comme on le voit quelquefois dans la maladie vénérienne, il faudroit en faire l’amputation.

La luette relâchée par des humeurs exige des gargarismes astringens & fortifians. On lui donne aussi