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merçante de Suisse, capitale d’un bailliage de même nom, sur le lac Majeur, lago Maggiore, près de la riviere de Magia. Le bailliage de Locarno contient quarante-neuf paroisses, & est composé de vallées fertiles, arrosées de rivieres. Il se partage pour la police en quatre communautés. Le gouvernement civil, est aristo-démocratique, composé de nobles, d’anciens bourgeois & du peuple. La ville de Locarno est située au pié d’une montagne au centre du pays, qui abonde en pâturages, en vins, en fruits, à 18 lieues N. de Novarre, 17 N. O. de Milan. Long. 26. 16. lat. 46. 6.

Je ne connois d’hommes de lettres nés à Locarno, que Thaddée Dunus, médecin, qui fleurissoit dans le xvj. siecle. Il s’acquit dans ce siecle une grande réputation par ses ouvrages ; on les a imprimés plusieurs fois à Zurich, où il s’étoit retiré à cause de la religion. (D. J.)

LOCATAIRE, s. m. (Jurisprud.) est celui qui tient quelque chose à loyer, comme une maison ou autre héritage, ou même quelque chose mobiliaire.

Dans tous baux à loyer ou à ferme, le locataire est appellé preneur ; mais dans le discours ordinaire, le locataire d’une ferme est plus communément appellé fermier.

Pour les regles des fermes & des louages. Voyez Ferme, Louage, Loyer. (A)

LOCATION, s. f. (Jurisprud.) signifie l’acte par lequel l’un donne quelque chose à titre de louage, & l’autre le prend à ce même titre, ce qui s’appelle conduction. Ces termes location & conduction sont relatifs. Voyez aux Institutes le titre de locatione & conductione, & ci-après Louage & Loyer. (A)

LOCCHEM, Lochemum, (Géog.) ville des Pays-bas Hollandois dans la Gueldres, au comté de Zultphem sur la Berckel, à 3 lieues de Zultphen. Les François la prirent en 1672, & l’abandonnerent en 1674, après en avoir rasé les fortifications. Long. 23. 58. lat. 52. 13. (D. J.)

LOCHE, s. f. (Hist. nat. Icthiolog.) poisson rond. Rondelet en distingue quatre sortes ; la premiere cobites fluviatilis, est la loche franche, ainsi nommée, parce qu’elle n’a point d’aiguillons, & qu’elle est plus tendre & plus saine que les autres ; on la trouve dans les ruisseaux & sur les bords des rivieres ; elle est de la longueur du doigt ; elle a le bec allongé ; le corps est jaunâtre, marqué de taches noires, rond & charnu. Il y a deux nageoires auprès des ouies, deux au ventre, une au-delà de l’anus, & une sur le dos.

La seconde espece de loche, cobites aculeata, differe de la premiere en ce qu’elle est plus grande & plus large ; son corps est rond & non pas applati. Il y a un aiguillon au couvercle des ouies.

La troisieme espece, cobites barbatula, loche ou lochette, est aussi appellée mouteille. Voyez Mouteille. Ces trois especes se trouvent dans l’eau douce.

La quatrieme, aphia cobites, se trouve dans les étangs de mer ; elle ne differe du goujon qu’en ce qu’elle est plus petite ; elle differe aussi de la loche de riviere, en ce qu’elle est plus courte & plus grosse. Voyez Rondelet, Hist. des poissons.

LOCHES, (Géog.) en latin Luccæ, petite ville de France en Touraine, remarquable par ses mouvances. Elle est sur l’Indre, à 8 lieues S. d’Amboise, 10 S. E. de Tours, 55 S. O. de Paris. Long. 18d 39′ 22″. lat. 47° 7′ 37″.

C’est dans le chœur de l’église collégiale de Notre-Dame de Loches qu’est le tombeau d’Agnès Sorelle, la belle Agnès que Charles VII. n’eut pas plutôt vu, qu’il en devint éperduement amoureux. La tombe de sa maîtresse est de marbre noir, & deux anges tiennent l’oreiller sur lequel repose sa tête. On lit autour de ce tombeau cette épitaphe : « Cy gist no-

ble demoiselle Agnès Seurelle, en son vivant dame

de bauté, Rochesserie, Issodun, Vernon sur Seine, piteuse envers tous, donnant largement de ses biens aux églises & aux pauvres, laquelle trépassa le neuvieme jour de Février 1449 ». Charles VII. l’adora pendant sa vie, jusqu’à quitter, pour l’amour d’elle, tout le soin du gouvernement. Ce prince lui survécut douze ans, & n’eut point de part aux prodiges de son regne, la fortune seule les produisit en dépit de son indifférence pour les affaires publiques. (D. J.)

LOCHER, (Maréch.) fer qui loche, se dit en parlant d’un fer de cheval qui branle & qui est prêt à se détacher tout-à-fait.

Locher, en terme de Rafinerie, c’est détacher le pain de la forme en le secouant sans l’en tirer. Sans cela on risqueroit de casser les têtes en plamotant. Voyez Plamoter.

LOCHIA, (Géog. anc.) λοχία, ἅκρα, promontoire d’Egypte auprès de Pharos, selon Stabon, liv. XVII. p. 795. Ortelius pense que c’est aujourd’hui Castelleto. (D. J.)

LOCHQUHABIR, Leucopibia, (Géog.) province maritime de l’Ecosse septentrionale. Elle abonde en pâturage, en lacs & rivieres, qui fournissent beaucoup de poisson. La capitale est Inverlochi.

LOCHTOA, (Géog.) riviere de Finlande dans la Bothnie orientale. Elle a sa source dans une grande chaîne de montagnes, qui séparent la Cajanie de la Thavastie, & va se perdre dans le golfe de Bothnie. (D. J.)

LOCKE, Philosophie de, (Hist. de la Philosoph. moder.) Jean Locke naquit à Wrington, à sept ou huit milles de Bristol, le 29 Aout 1631 : son pere servit dans l’armée des parlementaires au tems des guerres civiles ; il prit soin de l’éducation de son fils, malgré le tumulte des armes. Après les premieres etudes, il l’envoya à l’université d’Oxford, où il fit peu de progrès. Les exercices de collége lui parurent frivoles ; & cet excellent esprit n’eût peut-être jamais rien produit, si le hasard, en lui présentant quelques ouvrages de Descartes, ne lui eût montré qu’il y avoit une doctrine plus satisfaisante que celle dont on l’avoit occupé ; & que son dégoût, qu’il prenoit pour incapacité naturelle, n’étoit qu’un mépris secret de ses maîtres. Il passa de l’étude du Cartésianisme à celle de la Médecine, c’est-à-dire qu’il prit des connoissances d’Anatomie, d’Histoire naturelle & de Chimie, & qu’il considéra l’homme sous une infinité de points de vûe intéressans. Il n’appartient qu’à celui qui a pratique la Médecine pendant long-tems d’écrire de la Métaphysique ; c’est lui seul qui a vû les phénomènes, la machine tranquille ou furieuse, foible ou vigoureuse, saine ou brisée, délirante ou réglée, successivement imbécille, éclairée, stupide, bruyante, muette, léthargique, agissante, vivante & morte. Il voyagea en Allemagne & dans la Prusse. Il examina ce que la passion & l’intérêt peuvent sur les caracteres. De retour à Oxford, il suivit le cours de ses études dans la retraite & l’obscurité. C’est ainsi qu’on devient savant & qu’on reste pauvre : Locke le savoit & ne s’en soucioit guère. Le chevalier Ashley, si connu dans la suite sous le nom de Shaftsbury, s’attacha le philosophe, moins encore par les pensions dont il le gratifia, que par de l’estime, de la confiance & de l’amitié. On acquiert un homme du mérite de Locke, mais on ne l’achete pas. C’est ce que les riches, qui font de leur or la mesure de tout, ignorent, excepté peut-être en Angleterre. Il est rare qu’un lord ait eu à se plaindre de l’ingratitude d’un savant. Nous voulons être aimés : Locke le fut de milord Ashley, du duc de Bukingam, de milord Halifax ; moins jaloux de leurs titres que de leurs lumieres, ils étoient vains