Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’écu, & qu’on sépare par une distance égale à la largeur de la piece. Quand il n’y en a qu’une, on la met au milieu de l’écu ; mais quand il y en a plusieurs, on les sépare par des intervalles plus larges que celui qui est entre les deux pieces qui composent la jumelle. Ces jumelles doivent seulement avoir la cinquieme partie de la largeur qu’ont les fasces.

Gaëtani, dont étoit le pape Boniface VIII. d’argent à deux ondes jumellées, ou une jumelle ondée d’azur en bande. Il y a des fasces, des bandes, des sautoirs, & des chevrons jumelles.

JUMELLÉ, adj. terme de Blason, qui se dit d’un sautoir, d’une bande, d’une fasce, & d’un chevron de deux jumelles.

JUMELLER, (Marine.) c’est fortifier & soutenir un mât avec des jumelles.

JUMENT, s. f. (Maréchallerie.) c’est la femelle du cheval, & la même chose que cavalle. On se sert plus communément du mot de jument dans les occasions suivantes. Jument pouliniere, est celle qui est destinée à porter des poulains, ou qui en a déja eu. Jument de haras, est la même chose : jument pleine, est celle qui a un poulain dans le ventre ; jument vuide, en terme de haras, est celle qui n’a pas été emplie par l’étalon. Voyez l’art. Cheval & Haras.

JUMIEGE, Gemmeticum, (Géog.) bourg de France en Normandie, au pays de Caux, remarquable par une célebre abbaye de benédictins. Il est sur la Seine, à 5 lieues S. O. de Rouen, 3 S. E. de Caudebec, 30 N. O. de Paris. Long. 18. 30. lat. 49. 25. (D. J.)

JUNCAGO, (Bot.) genre de plante à fleur composée de quatre petales disposées en rose : le pistil sort du milieu de la fleur, & il devient dans la suite un fruit qui s’ouvre par la base, & qui est compose de trois petites gaines, dont chacune renferme une seule semence oblongue. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

JUNCOIDES, (Botan.) genre de plante à fleur sans pétales, composée de plusieurs étamines ; elle sort d’un calice à six coins : le pistil devient dans la suite un fruit arrondi & ordinairement à trois angles : il s’ouvre en trois parties, & il contient trois semences attachées au centre. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que ses feuilles ne sont pas comme celles du jonc ; mais elles sont resserrées & ressemblent beaucoup à celles du chien-dent. Nova plantarum genera, &c. par M. Micheli.

JUNGFERNHOF, (Géog.) petite ville de Livonie, dans le territoire de Letten, à neuf lieues de Riga.

JUNGGHANG, (Géog.) grande ville de la Chine, huitieme métropole de la province de Junnan : elle est dans un pays abondant en cire, miel, ambre, soie, & lin. Long. 119. 55. lat. 24. 58. (D. J.)

JUNGNING, (Géog.) ville de la Chine, onzieme métropole de la province de Junnan. Long. 120. 10. lat. 27. 33. (D. J.)

JUNIEN (Saint), Géog. petite ville de France dans la basse Marche, aux frontieres du Limousin, sur la Vienne, à 7 lieues S. de Limoges. Long. 18. 35. lat. 45. 40. (D. J.)

JUNIPA, (Botan. exot.) arbre des îles Caribdes, dont le fruit, suivant nos voyageurs, étant pressé, fournit une eau qui donne une teinture violette, de sorte que les cochons & les perroquets qui se nourrissent de ce fruit, ont leur chair & leur graisse toute teinte de cette même couleur. La garance & d’autres plantes offrent des phénomenes semblables. Voyez Garance. (D. J.)

JUNNAN, (Géog.) la derniere de toutes les provinces de la Chine en rang, & la plus occidentale, proche les états du royaume d’Ava. C’est en même tems la plus riche de toutes les provinces, &

où les vivres sont à meilleur marché. On y trouve d’excellens chevaux, des éléphans, des rubis, des saphirs, & autres pierres précieuses, & des mines très-riches. Elle comprend 12 métropoles, 8 villes militaires, plus de 80 cités, & plus de 14 millions d’ames, au rapport du P. Martini, dont il ne faut pas croire les hyperboles. La premiere métropole de cette province se nomme aussi Junnan, ville très riche, ou l’on fait les plus beaux tapis de la Chine ; elle a plusieurs temples consacrés aux hommes illustres. Long. 121. 15. lat. 25. 20. (D. J.)

JUNON, s. f. (Mythol. Littérat. Antiq. Médail.) déesse du paganisme que les Grecs appellent Ἡρή ; & ce nom fut appliqué à plusieurs endroits qu’on lui consacra.

Junon, suivant la fable, étoit la fille de Saturne & de Rhée, sœur & femme de Jupiter, & par conséquent reine des dieux. Aussi sait-elle bien le dire elle-même :

Ast ego quæ divûm incedo regina, Jovisque
Et soror & conjux.

Personne n’ignore ce qui regarde sa naissance, son éducation, son mariage avec Jupiter, son mauvais ménage avec lui, sa jalousie, ses violences contre Calixte & la nymphe Thalie, son intendance sur les noces, les couches, & les accidens naturels des femmes ; les trois enfans, Hebé, Mars, & Vulcain, qu’elle conçût d’une façon extraordinaire, la maniere dont elle se tira des poursuites d’Ixion, le sujet de sa haine contre Paris, & ses cruelles vengeances à ce sujet, qui s’étendirent si long-tems sur les Troyens & le pieux Enée. Enfin l’on sait qu’elle prit le sage parti de protéger les Romains, en favorisant cette suite de leurs victoires, qui devoient les rendre les maîtres du monde, & que Jupiter avoit prédites.

Quin aspera Juno,
Quæ mare, nune terrasque, metu cælumque fatigat,
Consilia in meliùs referet, mecumque fovebit
Romanos rerum dominos, gentemque togatam.

Ænéid. lib. I. v. 279.

Les amours de cette déesse pour Jason, n’ont pas fait autant de bruit que ses autres avantures ; cependant à quelques diversités près dans le récit, Pindare, Servius, Hygin, Apollonius de Rhodes, & Valerius Flaccus, ne les ont pas obmises.

Le prétendu secret qu’elle avoit de recouvrer sa virginité, en se lavant dans la fontaine Canathus au Péloponnèse, n’a été que trop brodé par nos écrivains modernes. Pausanias dit seulement que les Argiens faisoient ce conte, & le fondoient sur la pratique de leurs cérémonies dans les mystères de la déesse.

Mais ce qui nous intéresse extrèmement, comme philosophes & comme littérateurs, c’est que de toutes les divinités du Paganisme, il n’y en a point eu dont le culte ait été plus grand, plus solemnel, & plus général. La peinture des vengeances de Junon, dont les théatres retentissoient sans cesse, inspira tant de craintes, d’allarmes, & de respect, qu’on n’oublia rien pour obtenir sa protection, ou pour appaiser une déesse si formidable, quand on crut l’avoir offensée.

Les honneurs religieux de tous genres qu’on lui rendit en Europe, passerent en Afrique, en Asie, en Syrie, & en Egypte. On ne trouvoit par-tout que temples, autels, & chapelles dédiées à Junon ; mais elle étoit tellement vénérée à Argos, à Samos, à Stymphale, à Olympie, à Carthage, & en Italie, qu’il est nécessaire de nous arrêter beaucoup au tableau qu’en fait l’Histoire, concurremment avec les Poëtes.

Les Argiens prétendoient que les trois filles du