Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/444

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au lever héliaque de cette étoile. Voyez Canicule, Caniculaire & Sirius.

Pour trouver par le moyen du globe le lever, &c. d’une étoile ou du soleil, voyez Globe. Chambers. (O)

Lever un siege, (Art milit.) c’est décamper de devant une place assiégée, & abandonner l’opération du siege lorsqu’il n’y a nulle apparence de pouvoir réduire la place.

On peut lever un siége par différentes raisons, comme par exemple lorsqu’il vient au secours une armée trop considérable pour qu’on puisse lui résister ; lorsque le siége a été commencé dans l’arriere saison, & que le mauvais tems & les maladies ne permettent pas d’avoir assez de monde pour résister à la garnison ; lorsqu’on manque de vivres & de munitions ; que l’ennemi a intercepté les convois qui venoient aux assiégeans, ou qu’il s’est emparé de leurs principaux magasins. Dans ces circonstances, on se trouve dans la triste nécessité d’abandonner le siége, c’est-à-dire de le lever.

Si l’on craint d’être incommodé par la garnison dans la retraite, on lui en cache le dessein.

On fait retirer de bonne heure les canons & les mortiers des batteries. On a soin de faire ramasser les outils & de les faire serrer. On fait partir l’attirail de l’artillerie & le bagage à l’entrée de la nuit, les tranchées & les places d’armes étant encore garnies de soldats qui font feu pour tromper l’ennemi.

Lorsque l’artillerie & le bagage se trouvent assez éloignés de la place pour n’en avoir rien à craindre, les troupes se mettent à la suite, en laissant des feux dans le camp de la même maniere que s’il étoit occupé par l’armée. On fait escorter le tout par de la cavalerie ou par de l’infanterie, suivant la nature du pays que l’on a à traverser.

Si l’on est obligé de se retirer avec précipitation, & qu’on ne puisse pas emporter avec soi toutes les munitions & tout ce qui concerne l’artillerie, on brûle & l’on gâte tout ce qui pourroit servir à l’ennemi.

Lorsque l’armée ne craint pas les attaques de la garnison, elle fait partir de jour tous ses bagages & son artillerie, & elle se met à la suite en ordre de bataille, prête à tomber sur la garnison, si elle sort de la place pour harceler l’armée dans sa retraite.

Quoiqu’on ne doive abandonner un siége que lorsqu’il est impossible de le continuer sans s’exposer à être battu, ou avoir son armée détruite par les maladies & par les intempéries de la saison, il est à propos néanmoins, dès qu’on s’apperçoit de la nécessité de le lever, de faire partir de bonne heure la grosse artillerie & les bagages qui pourroient retarder la marche de l’armée. On les envoie dans les lieux de sureté des environs, on se retire ensuite en bon ordre ; & si la garnison entreprend de harceler l’armée dans sa retraite, on repousse avec vigueur les differentes attaques qu’elle peut faire à l’arriere-garde.

Comme la levée d’un siége a ordinairement quelque chose d’humiliant, ce seroit bien réparer sa gloire, dit M. le marquis de Santacrux, en levant le siége d’une place, d’en secourir une autre prête à tomber au pouvoir de l’ennemi : mais il est rare de trouver des occasions de cette espece. Il y en a quelques autres où l’on peut abandonner un siége sans compromettre l’honneur du général. Par exemple, si l’on assiege une place dans l’intention d’attirer l’ennemi qui est éloigné, & qui fait la guerre avec trop de succès d’un côté ; si l’on parvient à l’obliger de les interrompre pour venir au secours de la place, la levée du siége, loin d’avoir rien d’humiliant, est au contraire une preuve de la réussite du projet qu’on avoit eu d’éloigner l’ennemi pour quelque tems d’un

pays ou d’une province où il étoit difficile de résister à toutes ses forces. Cette espece de ruse peut donner le loisir de se fortifier contre lui, & faciliter les moyens de s’opposer à ses progrès.

Lorsqu’on est obligé de lever le siége d’une place, on détruit non seulement ce qu’on ne peut emporter qui pourroit servir à l’ennemi ; mais l’on doit encore ravager une bonne partie du pays, afin, dit M. le marquis de Santacrux, que la désolation des peuples étouffe les voix de ceux qui voudroient chanter des triomphes. Il nous paroît que cette dévastation seroit bien foiblement justifiée par ce motif ; le véritable doit être de se dédommager, autant qu’il est possible, de la dépense du siege ; d’obliger l’ennemi de ravitailler le pays, & d’empêcher qu’il n’en tire aucun secours pour ses subsistances. (q)

Lever (Jurisprud.) a différentes significations.

Quelquefois il signifie ôter un empêchement, comme lever des défenses, lever une opposition.

Lever des scellés, c’est ôter juridiquement les sceaux qui avoient été apposés sur quelque chose. Voyez Scellé.

Lever un acte, c’est s’en faire délivrer une expédition.

Lever la main, c’est lorsqu’on éleve la main pour donner la solemnité ordinaire à une affirmation que l’on fait. Voyez Affirmation.

Lever une charge aux parties casuelles, c’est acheter une charge qui étoit tombée aux parties casuelles. Voyez Office & Parties casuelles.

Lever un corps mort, quand on parle d’officiers de justice, signifie faire le procès-verbal de l’état auquel on a trouvé un cadavre, & le faire transporter dans quelque autre endroit ; quand on parle d’un corps levé par un curé, vicaire, ou autre ecclésiastique faisant fonction curiale, signifie faire enlever le corps d’un défunt pour lui donner la sépulture. (A)

Lever l’ancre. (Marine.) Voyez Ancre.

Lever l’ancre avec la chaloupe, c’est lorsqu’on envoie la chaloupe qui tire l’ancre par son orin, & qui la porte à bord.

Lever l’ancre d’affourché avec le navire, c’est lorsqu’on file du cable de la grosse ancre qui est mouillée, & que l’on vire sur l’ancre d’affourché jusqu’à ce qu’elle soit à bord.

Lever une amarre ou une manœuvre, c’est démarer cette amarre ou cette manœuvre. On dit leve l’amarre pour changer de bord, mais on ne dit pas leve l’écoute.

Lever le lof, c’est démarrer le couet qui tient le point de la voile, & peser sur le cargue point.

Leve le lof de la grande voile ; c’est de cette sorte qu’on fait le commandement pour lever le grand lof. On dit leve le lof de misene, leve, lorsqu’on commande pour la voile nommée misene.

Lever la fourrure du cable, c’est ôter de dessus le cable la garniture de toile ou de corde qu’on y avoit mise pour sa conservation.

Lever les terres, c’est observer à quel air de vent les terres vous restent, & représenter sur le papier comment elles paroissent situées dans une certain point de vûe.

Lever, en termes de Finances, c’est faire le recouvrement des droits dûs par les particuliers.

Lever (Com.) de l’étoffe, du drap, de la serge, c’est acheter chez un marchand ces sortes de marchandises à l’aune, ou les faire couper à la piece. On dit en ce sens, je m’en vais lever tant d’aunes de drap ou de velours pour me faire un habit.

Lever boutique, c’est louer une boutique, & la remplir d’un assortiment de marchandises pour en faire négoce, & la tenir ouverte aux marchands qui se présentent pour acheter. Diction. de commerce.