Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

cent toises de longueur, sur cinq cent de largeur, & vingt de profondeur. La forte digue qui lui sert de base, porte l’eau au bassin de Naurause.

L’inégalité du terrein, les montagnes & les rivieres qui se rencontrent sur la route, sembloient des obstacles invincibles au succès de cette entreprise. Riquet les a surmontés ; il a remédié à l’inégalité du terrein, par plusieurs écluses qui soutiennent l’eau dans les descentes. Il y en a quinze du côté de l’Océan, & quarante-cinq du côté de la Méditerranée. Les montagnes ont été entr’ouvertes, ou percées par ses soins ; il a pourvû à l’incommodité des rivieres & des torrens, par des ponts & des aqueducs sur lesquels passe le canal, en même tems que des rivieres & des torrens passent par-dessous. On compte 37 de ces aqueducs, & huit ponts. En un mot les bateaux arrivent de l’embouchure de la Garonne, qui est dans l’Océan, au port de Cette, qui est dans la Méditerranée, sans être obligés de passer le détroit de Gibraltar. Riquet termina sa carriere & son ouvrage presqu’en même tems, laissant à ses deux fils le plaisir d’en faire l’essai en 1681.

Ce canal a coûté environ treize millions de ce tems-là, qu’on peut évaluer à vingt-cinq millions de nos jours, qui ont été payés en partie par le roi, & en partie par la province de Languedoc.

Il n’a manqué à la gloire de l’entrepreneur, que de n’avoir pas voulu joindre son canal à celui de Narbonne fait par les Romains, & qui n’en est qu’à une lieue ; il eut alors rendu service à tout un pays, en sauvant même une partie de la dépense qu’il consomma à percer la montagne de Malpas. Mais Riquet eut la foiblesse de préferer l’utilité de Beziers, où le hasard l’avoit fait naître, au bien d’une province entiere. C’est ainsi qu’il a privé Narbonne, Carcassonne, & Toulouse, des commodités, des ressources, & des avantages de son canal. (D. J.)

LANGUETTE, s. f. (Gramm. & Art. méchaniq.) se dit de tout ce qui est taillé en forme de petite langue.

Languette, (Hydr.) Voyez Cloison.

Languette, terme d’Imprim. C’est une petite piece de fer mince, d’un pouce & demi de large, & d’un pouce de long, arrondie par l’extrémité, laquelle est attachée hors d’œuvre du chassis de la frisquette, pour fixer à l’ouvrier un endroit certain par où la lever & l’abaisser à mesure qu’il imprime chaque feuille de papier : quelques personnes lui donnent le nom d’oreille. Voyez les Pl. d’Imprimerie.

Languette, (Luth.) petite soupape à ressort qui fait ouvrir & parler, fermer & taire les trous d’un instrument à vent.

Languettes, en Maçonnerie, séparation de deux ou plusieurs tuyaux de cheminée, lesquelles se font de plâtre pur, de brique, ou de pierre.

Languette, en Menuiserie. se dit de la partie la plus menue d’un panneau, qui se place dans les rainures, lorsqu’on assemble.

Languette, terme d’Orfévre, petit morceau d’argent laissé exprès en saillie & hors d’œuvre aux ouvrages d’orfévrerie, & que le bureau de l’Orfévrerie retranche & éprouve par le feu, avant que de le contre-marquer du poinçon de la ville.

Les Orfévres ont introduit cet usage, afin que les gardes ne détériorent point une piece, en coupant quelquefois d’un côté qui doit être ménagé ; cependant les gardes ont le droit de couper arbitrairement à chaque piece le morceau d’essai.

Languette, dans les Orgues, sont de petites pieces de laiton flexible & élastique, dont on couvre l’anche. Voyez Trompette, & l’art. Orgue, & les Planches de luth. & orgue. La languette est affermie dans la noix avec l’anche, par un coin de bois, & elle est réglée par la rasette. Voyez Rasette.

Languette, Potier d’étain, piece placée sur le couvercle d’un vaisseau, attachée à l’anse, & destinée à faire lever le couvercle par l’action du pouce qu’on pose dessus, quand on veut ouvrir le vaisseau.

LANGUEUR, (Mor.) il se dit des hommes & des sociétés. L’ame est dans la langueur, quand elle n’a ni les moyens ni l’espérance de satisfaire une passion qui la remplit ; elle reste occupée sans activité. Les états sont dans la langueur quand le dérangement de l’ordre général ne laisse plus voir distinctement au citoyen un but utile à ses travaux.

Langueur, s. f. (Méd.) est un mode ou espece de foiblesse plus facile à sentir qu’à définir ; elle est universelle ou particuliere ; on sent des langueurs d’estomac. Voyez Indigestion, Estomac. On éprouve des langueurs générales, ou un anéantissement de tout le corps ; on ne se sent propre à aucune espece d’exercice & de travail ; les muscles semblent refuser leur action ; on n’a pas même la volonté de les mouvoir, parce qu’on souffre un malaise quand on le fait ; c’est un symptome propre aux maladies chroniques, & particulierement à la chlorose ; il semble être approprié aux maladies dans lesquelles le sang & les humeurs qui en dérivent, sont vapides, sans ton & sans activité. Le corps, ou pour mieux dire, les fonctions corporelles ne sont pas les seules langueurs ; mais les opérations de l’esprit, c’est-à-dire, les facultés de sentir, de penser, d’imaginer, de raisonner, sont dans un état de langueur singulier ; telle est la dépendance où sont ces fonctions du corps. Ce symptome n’aggrave point les maladies chroniques ; il semble indiquer seulement l’état atonique du sang & des vaisseaux, la diminution du mouvement intestin putréfactif. Les remedes les plus appropriés par conséquent sont ceux qui peuvent réveiller & animer ce ton, qui peuvent augmenter la fermentation ou le mouvement intestin du sang, & l’action des vaisseaux sur les liquides ; tels sont l’équitation, les martiaux, les plantes cruciformes, les alkalis fixes & volatils, & généralement tous ceux qui sont réellement convenables dans les maladies dont la langueur est le symptome. Voyez Chlorose, Force, Foiblesse, &c. (m)

LANGUEYER, v. act. (Comm.) visiter un porc pour s’assurer s’il n’est point ladre. Ce qui se reconnoît à la langue.

LANGUEYEUR, s. m. (Comm.) officier établi dans les foires & marchés, pour visiter ou faire visiter les porcs, & pour qu’il ne s’en vende point de ladres.

LANGUIR, (Jardinage.) se dit d’un arbre qui est dans un état de langueur, c’est-à dire, qui pousse foiblement. On doit en rechercher la cause pour la faire cesser, & rétablir l’arbre dans la premiere vigueur.

LANHOSO, (Géog.) ville de Portugal, avec château dans la province, entre Minho & Duro, à trois lieues de Brague.

* LANIA, ou LANISSE, s. f. (Couv.) il ne se dit guere que de la bourre que les laineurs, esplaigneurs & couverturiers levent de dessus les draps, couvertures & autres étoffes de laine. Il est défendu aux Tapissiers de mêler de la bourre-lanisse avec de la laine dans leurs ouvrages.

LANIER, s. m. lanarius, (Hist. nat. Ornithol.) oiseau de proie un peu moins grand que le faucon gentil. Albin le donne sous le nom de petit lanier, dans son histoire naturelle des oiseaux. Il a le bec, les jambes & les piés bleus ; toutes les parties supérieures de l’oiseau sont de couleur brune, approchante de celle de la rouille de fer, quelquefois avec de petites taches rondes & blanches. Il a sur le front une bande blanche, qui s’étend de chaque côté