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HARTENBOURG, (Géogr.) petite ville de Boheme.

HARTENFELDT, (Géog.) petit district d’Allemagne, dans la Souabe.

HARTFORD, (Géogr.) ville de l’Amérique septentrionale, capitale d’une colonie de même nom, dans la nouvelle Angleterre. Long. 304. latit. 41. 40. (D. J.)

HARTZ ou FORÊT HERCINIENNE, (Géog.) chaîne de montagnes & forêt très-considérable située dans le duché de Brunswick, entre le Weser & la Saal, & qui s’étend depuis la riviere de Leine jusqu’à celle de Selcke, dans la principauté de Grubenhagen & d’Anhalt, & dans les comtés de Reinstein & de Hohenstein. Le Hartz est très-fameux par ses mines d’argent & d’autres métaux. Toutes les mines d’argent appartiennent à l’électeur de Hanovre, à l’exception d’un 7e qui appartient au duc de Brunswick-Wolfenbuttel. Le Blocksberg ou mont Bructere est la plus haute montagne du Hartz, & même de toute l’Allemagne, suivant quelques auteurs. Il n’est point d’endroit en Europe où la science des mines & la Métallurgie soient plus en vigueur qu’au Hartz. Il y a presque par-tout des mines à l’exploitation desquelles on travaille, & des fonderies pour toutes sortes de métaux. Le Hartz fait partie de la forêt Hercinienne connue des Romains, & fameuse par son étendue immense. (—)

HARTZBOURG, (grotte de) Hist. nat. grotte fameuse par son étendue & par les stalactites singuliers qui se forment dans ses soûterreins. On prétend que jusqu’à-présent l’on n’en a point encore pu trouver la fin. Cette grotte est située près de Goslar, dans le Hartz, à peu de distance du vieux château de Hartzbourg.

HARTZGERODE, (Géogr.) petite ville d’Allemagne de la haute-Saxe, dans la principauté d’Anhalt, sur la Selke, entre Schwarsburg & Falkenstein, dans les états de la branche de Bernbourg. Long. 30. 6. latit. 51. 4. (D. J.)

HARUDES, (les) s. m. pl. (Géog. anc.) ancien peuple de la Germanie qui vint trouver Arioviste dans les Gaules, & fortifier de vingt-quatre mille hommes son armée, qui fut néanmoins battue au rapport de César, de bell. gall. liv. I. c. xxxj. Depuis lors, il n’est plus parlé des Harudes, ni dans César, ni dans Suétone, ni dans Tacite, ni dans aucun historien de Rome. C’est folie de chercher avec Cluvier quelle étoit leur demeure en Germanie, & ce qu’ils devinrent. Ceux qui échapperent de la défaite d’Arioviste, se perdirent apparemment dans quelqu’autre nation dont ils porterent ensuite le nom. (D. J.)

HARUSPICE, s. m. (Divinat.) chez les Romains c’étoient des ministres de la religion chargés spécialement d’examiner les entrailles des victimes, pour en tirer des présages, & par-là connoître ou conjecturer l’avenir.

Nous croyons qu’on doit écrire ainsi ce mot haruspices, parce qu’il est dérivé d’haruga, qui chez les premiers Romains signifioit les entrailles des victimes, & du verbe aspicere, voir, considérer ; ou comme d’autres le pensent, d’hara, hostia, une victime. Quoique quelques-uns soûtiennent que l’on doit orthographier aruspices, dérivant ce mot d’aras & inspicere, avoir l’inspection des autels ; mais on sait que cette inspection n’étoit pas la fonction principale de ces prêtres payens, & qu’au contraire leur marque distinctive étoit d’examiner les entrailles des animaux offerts en sacrifice.

Le P. Pezron dit que ce mot étoit originairement formé du celtique au, foie, & de spicio, je regarde ou considere ; mais que ce terme paroissant aux Romains dur à la prononciation, ils l’adoucirent en

faisant celui d’aruspex, qui est moins rude qu’auspex. On trouve dans Festus ce mot harviga ou hardiga, par lequel il entend une victime dont on considere les entrailles, tandis qu’elles sont encore en entier ou dans leur état naturel. Sur quoi M. Dacier observe que harviga est dérivé du grec ἀρὶς, bélier, parce que c’étoit proprement un bélier qu’ils immoloient d’abord ; mais dans la suite ce nom devint commun à toutes sortes de victimes.

Les Etruriens étoient de tous les peuples d’Italie ceux qui possédoient le mieux la science des haruspices. C’étoit de leur pays que les Romains appelloient ceux dont ils se servoient. Ils envoyoient même tous les ans en Etrurie une certain nombre de jeunes gens pour être instruits dans les connoissances des haruspices ; & de peur que cette science ne vînt à s’avilir par la qualité des personnes qui l’exerçoient, on choisissoit ces jeunes gens parmi les meilleures familles de Rome. Il paroît en effet que sous les rois & dans les premiers tems de la république, cet art fut fort respecté ; mais il n’en fut pas de même, lorsque les Romains polis par le commerce & les sciences des Grecs devinrent plus éclairés. Leurs savans & leurs beaux esprits plaisantoient sur le compte des haruspices. Cicéron, dans le livre II. de la nature des dieux, nous a conservé le mot de Caton, qui disoit qu’il ne concevoit pas comment un haruspice pouvoit en regarder un autre sans rire ; & combien de lecteurs riront du mot de Caton, qui ne s’appercevront pas de l’application qu’on leur en feroit ! Il y avoit à Rome un collége d’haruspices particulierement chargés du culte de Jupiter tonnant. On les nommoit encore extispices. Voyez Extispices. (G)

HARUSPICINE, s. f. (Divin.) l’art ou la science des haruspices, ou divination par l’inspection des entrailles des victimes. Ce mot a la même étymologie qu’haruspice. Voyez ci-devant Haruspice.

L’haruspicine avoit sans doute ses regles ; & il est probable que ceux qui la pratiquoient, suivoient certains principes, quelqu’absurdes qu’ils fussent : mais soit qu’ils ne les communiquassent que de vive voix & sous le secret à leurs disciples, de peur que leurs impostures ne fussent découvertes, & pour rendre leur profession plus respectable, en la couvrant de ce voile mystérieux ; soit que les livres qu’ils en avoient écrit ayent péri par l’injure des tems, il est certain qu’aucun n’est parvenu jusqu’à nous ; & d’ailleurs on ne voit point que les anciens les ayent cités, considération qui doit faire incliner pour le premier sentiment.

Mais si les principes de cette science sont inconnus, les opérations ne le sont pas. Les haruspices considéroient premierement la victime, lorsqu’on l’approchoit de l’autel, & la rejettoient, si elle avoit quelque tache ou souillure légale. Lorsqu’elle étoit immolée, ils examinoient l’état & la disposition du foie, du cœur, des reins, de la rate, de la langue. Ils observoient soigneusement s’il n’y paroissoit point quelque flétrissure, ou autre symptome défavorable. Enfin ils regardoient de quelle maniere la flamme environnoit la victime & la brûloit, quelle étoit l’odeur & la fumée de l’encens, & comment s’achevoit le sacrifice ; ils concluoient de-là pour le bonheur ou le malheur des entreprises.

Nous ajoûterons ce que dit sur cette matiere M. Pluche, hist. du ciel, tome I. page 443. « La bienséance, dit-il, avoit dès les premiers tems introduit l’usage de ne présenter au Seigneur dans l’assemblée des peuples que des victimes grasses & bien choisies ; on en examinoit avec soin les défauts, pour préférer les plus parfaites. Ces attentions qu’un cérémonial outré avoit fait dégénérer en minuties, parurent des pratiques importantes,