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puis long-tems à la colere des dieux. Voilà le sujet de cette piece lyrique découvert ; & vraissemblablement Horace la fit de concert & par les conseils de Mécene & d’Agrippa : jamais le poëte n’eut un sujet plus délicat à manier, & jamais il ne s’en tira avec tant d’art.

Ilion subsista encore sous les empereurs. On a des médailles frappées au nom de ses habitans. Il y en a une de Marc Aurele, qui représente Hector sur un char à deux chevaux, avec cette légende ΙΛΙΕΩΝ ΕΚΤΩΡ. Il y en a d’autres de Commode & d’Antonin fils de Sévere, sur lesquelles la légende est la même ; mais le char est à quatre chevaux. On en a aussi à deux chevaux frappées sous Sévere & sous Gordien.

C’est de l’Ilion dont il est ici question, que les voyageurs disent avoir vû les ruines, & non pas de l’ancienne Troie, qu’Hector ne put défendre, & que les Grecs brulerent impitoyablement dans une seule nuit. Voyez Troie. (D. J.)

ILISSIDES, adj. fem. pl. (Mythol.) Ilissides, ou Ilissiades est un surnom des Muses, pris du fleuve Ilissus dans l’Attique, lequel fleuve rouloit des eaux sacrées. Voyez Ilissus, Géog. (D. J.)

ILISSUS, (Géog. anc.) ville & riviere de Grece dans l’Attique ; du tems de Pline on ne voyoit déja plus que les ruines de la ville, c’est pourquoi il dit, locus Ilissos ; les Athéniens avoient sur le bord de la riviere un autel consacré aux Muses Ilissiades ; c’étoit aussi sur les bords de l’Ilissus que se faisoit la lustration dans les petits mysteres ; les eaux étoient réputées sacrées par un statut de religion, sacro instituto, dit Maxime de Tyr. Les Turcs ont aujourd’hui détourné les eaux de l’Ilissus, pour arroser leurs jardins, & on n’en voit presque plus que le lit. (D. J.)

ILITHYE, s. f. (Littérat. & Myth.) divinité de la Fable ; Ilithye fille de Junon & sœur d’Hébé, présidoit comme sa mere aux accouchemens ; les femmes dans les douleurs de l’enfantement, lui promettoient des sacrifices, si elles venoient à être heureusement délivrées. Cette déesse avoit à Rome un temple, dans lequel on étoit obligé de porter une piece de petite monnoie, savoir à la naissance & à la mort de chaque personne. Servius Tullius établit cet usage, pour avoir toutes les années un dénombrement exact des naissances & des morts des habitans de Rome. On trouve la déesse Ilithye sur les médailles & dans les inscriptions antiques, sous le titre de Juno Lucina, ou simplement de Lucina. Cependant les anciens ont fait mention de plusieurs Ilithyes & de plusieurs Lucines, parce qu’il y avoit plusieurs déesses qui présidoient aux enfantemens. Post hæc Ilithyas placato puerperas hostiis, dit l’oracle de la Sybille. On les appelloit indifféremment Lucinas, Ilithyas, Genetyllidas, trois noms qui signifient la même fonction. Le premier est latin & vient de lux, le jour. Les deux autres sont grecs : Ilithya vient de ἐλεύθειν, oriri ; & génétyllis de γενεσις, nativité. (D. J.)

ILIVILIHU, s. m. (Ornithol. exot.) nom que les habitans des îles Philippines donnent à un oiseau fort commun dans ce pays-là, & qui a toute l’encolure de nos cailles, d’où vient que quelques écrivains l’appellent coturnix parvula montana, petite caille de montagne, parce qu’elle vit dans les lieux élevés, & qu’elle n’est pas plus grosse qu’un moineau ; elle est remarquable par le joli mélange de la couleur de son pennage. (D. J.)

ILKUSCH, Ilcussum, (Géog.) ville royale de Pologne au palatinat de Cracovie, remarquable par ses mines d’argent, mêlées avec du plomb ; il est bon d’observer ici, que les mines ne sont point entiérement du droit royal en Pologne ; elles appartiennent au seigneur sur la terre duquel elle se rencontrent, & ce seigneur en fait quelque reconnoissance au roi ; mais les mines qui sont sur les terres

de la couronne, comme par exemple, celles d’Ilkusen se partagent entre le roi, le palatin & l’évêque ; cette ville est dans un pays ingrat, au pié de plusieurs montagnes, à six lieues N. O. de Cracovie. Long. 37. 35. lat. 50. 26. (D. J.)

ILL l’, (Géograph.) riviere de France en Alsace, qu’elle traverse presque dans toute sa longueur ; elle a sa source à l’extrémité du Santgaw, & se jette dans le Rhin à deux lieues au-dessous du pont de Strasbourg. L’Ill arrose plusieurs villes, & reçoit dans son cours quelques rivieres considérables ; ses débordemens ne sont guere moins nuisibles que ceux du Rhin. (D. J.)

* ILLAPS, s. m. (Théolog.) espece d’extase contemplative où l’on tombe par des degrés insensibles où les sens extérieurs s’alienent, & où les organes intérieurs s’échauffent, s’agitent, & mettent dans un état fort tendre & fort doux, peu différent de celui qui succede à la possession d’une femme bien aimée & bien estimée.

* ILLATION, s. f. (Logiq. Théolog Hist.) ce terme est de l’école ; il vient du latin inferre, conclure ; ainsi connoître par illation, c’est la même chose que connoître par voie de conséquence.

L’illation est dans la messe mozarabique ce que nous appellons dans la nôtre la préface. L’illation & la préface avoient encore pour synonymes les mots contestation & immolation.

Illation se dit aussi pour retour ; ainsi l’illation de saint Benoît, c’est la fête du retour de ses reliques de l’église de saint Agnan d’Orleans à Fleure.

ILLE, (Géog.) petite ville de France dans le Roussillon, a quatre lieues de Perpignan ; elle est jolie & bien bâtie, dit Piganiol de la Force, tom. VI. p. 449. Long. 21. 20. lat. 42. 25. (D. J.)

ILLÉGITIME, adj. (Jurisprud.) se dit de ce qui est contre la loi, & opposé à quelque chose de légitime, comme une conjonction illégitime, un enfant illégitime. Voyez Batard, Légitime. (A)

ILLESCAS, (Géog.) petite ville d’Espagne, dans la nouvelle Castille, à six lieues au sud de Madrid.

ILLIBÉRAL, adv. (Gram.) services bas, méchaniques. Voyez Libéral.

* ILLICITE, adj. (Gram. & Morale) qui est défendu par la loi. Une chose illicite n’est pas toujours mauvaise en soi ; le défaut de presque toutes les législations, c’est d’avoir multiplié le nombre des actions illicites par la bisarrerie des défenses. On rend les hommes méchans en les exposant à devenir infracteurs ; & comment ne deviendront-ils pas infracteurs, quand la loi leur défendra une chose vers laquelle l’impulsion constante & invincible de la nature les emporte sans cesse ? Mais quand ils auront foulé aux piés les lois de la société, comment respecteront-ils celles de la nature ; sur-tout s’il arrive que l’ordre des devoirs moraux soit renversé, & que le préjugé leur fasse regarder comme des crimes atroces, des actions presqu’indifférentes ? Par quel motif celui qui se regardera comme un sacrilege, balancera-t-il à se rendre menteur, voleur, calomniateur ? Le concubinage est illicite chez les chrétiens ; le trafic des armes est illicite en pays étrangers ; il ne faut pas se défendre par des voies illicites. Heureux celui qui sortiroit de ce monde sans avoir rien fait d’illicite ! plus heureux encore celui qui en sort sans avoir rien fait de mal ! Est il, ou n’est-il pas illicite de parler contre une superstition consacrée par les lois ? Lorsque Ciceron écrivit ses livres sur la divination, fit-il une action illicite ? Hobbes ne sera pas embarrassé de ma question ; mais osera-t-on avouer les principes d’Hobbes, sur-tout dans les contrées où la puissance temporelle est distinguée de la puissance spirituelle ?

ILLIFONSO de los Zapotecas Sant.,