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dans les enfers ; & les jeux institués pour honorer les dieux infernaux étoient de trois sortes, connus sous le nom de Taurilia, Compitalia, & Terentini ludi. Voyez Tauriliens, jeux, Compitales & Térentins.

Les jeux scéniques comprenoient toutes les représentations qui se faisoient sur la scene. Elles consistoient en tragédies, comédies, satyres, qu’on représentoit sur le théatre en l’honneur de Bacchus, de Vénus, & d’Apollon. Pour rendre ces divertissemens plus agréables, on les préludoit par des danseurs de corde, des voltigeurs, & autres spectacles pareils ; ensuite on introduisit sur la scene les mimes & les pantomimes, dont les Romains s’enchanterent dans les tems où la corruption chassa les mœurs & la vertu. Voyez Scéniques, jeux, Schoenobate, Mime & Pantomime.

Les jeux scèniques n’avoient point de tems marqués, non plus que ceux que les consuls & les empereurs donnoient au peuple pour gagner sa bienveillance, & qu’on célébroit dans un amphithéatre environné de loges & de balcons ; là se donnoient des combats d’hommes ou d’animaux. Ces jeux étoient appellés agonales, & quand on couroit dans le cirque, équestres ou curules. Les premiers étoient consacrés à Mars & à Diane ; les autres à Ncptune & au soleil. Voyez Agonales, Equestres, Cirque, &c.

Les jeux séculaires en particulier, ne se célébroient que de cent ans en cent ans. Voyez Séculaires, jeux.

On peut ajouter ici les jeux Actiaques, Augustaux & Palatins, qu’on célébroit à l’honneur d’Auguste ; les Néroniens à l’honneur de Néron, ainsi que les jeux à l’honneur de Commode, d’Adrien, d’Antinoüs, & tant d’autres imaginés sur les mêmes modeles. Voyez Jeux Actiaques, Augustaux, Néroniens, Palatins

Enfin, lorsque les Romains devinrent maîtres du monde, ils accorderent des jeux à la plûpart des villes qui en demanderent ; on en trouve les noms dans les marbres d’Arondel, & dans une inscription ancienne érigée à Mégare, dont parle M. Spon dans son voyage de Grece.

Comme les édiles au sortir de charge donnoient toûjours des jeux publics au peuple Romain, ce fut entre Luculle, Scaurus, Lentulus, Hortensius, C. Antonius & Muroena, à qui porteroit le plus loin la magnificence ; l’un avoit fait couvrir le ciel des théatres, de voiles azurés ; l’autre avoit couvert l’amphithéatre de tuiles de cuivre surdorées, &c. Mais César les surpassa tous dans les jeux funebres qu’il fit célébrer à la mémoire de son pere ; non content de donner les vases, & toute la fourniture du théatre en argent, il fit paver l’arène entiere de lames d’argent ; de sorte, dit Pline, « qu’on vit pour la premiere fois les bêtes marcher & combattre sur ce métal ». Cet excès de dépense de César, étoit proportionné à son excès d’ambition ; les édiles, qui l’avoient précédé, n’aspiroient qu’au consulat, & César aspiroit à l’empire.

C’en est assez sur les jeux de la Grece & de Rome, considérés d’une vue générale ; mais comme ils sont une branche très-étendue de la littérature, le lecteur trouvera dans cet ouvrage les détails qui concernent chacun de ces jeux, sous leurs noms respectifs : voici la liste des principaux, dont il importe de consulter les articles.

Actiaques, Apollinaires, Augustaux, Capitolins, Céréaux, Circenses, Jeux de Castor et de Pollux, Compitales, Consuales, Floraux, Funebres, Gymniques, Isthmiens, Jeux de la Liberté, Luculliens, Martiaux, Mégalésiens, Néméens, Néroniens,

Olympiques, Palatins, Panhelléniens, Panathénées, Plébéiens, Pyrrhiques, Pythiens, Romains, Sacrés, Scéniques, Séculaires, Tauriliens, Térentins, Troyens, Voties, & quelques autres, dont les noms échappent à ma mémoire. (D. J.)

Jeux Augustaux, Augustales ludi ; (Antiq. Rom.) les jeux Augustaux ou les Augustales, étoient des jeux Romains, qui furent établis en l’honneur d’Auguste, l’an 735 de la fondation de Rome, lorsque ce prince revint de Grece. On les célébra le quatrieme avant les ides d’Octobre, c’est-à-dire le 12 de ce mois ; & le sénat par un decret solemnel, émané sous le consulat d’Ælius Tuberon, & de P. Fabius, ordonna qu’ils fussent encore représentés le même jour au bout de huit ans. (D. J.)

Jeux Carniens, (Antiq. greq.) fête célébrée à Sparte en l’honneur d’Apollon. Elle y fut instituée dans la xxxvj olympiade, & telle en fut l’occasion suivant Pausanias, liv. III. ch. xij.

Un Arcanien nommé Carnus, devin fameux, inspiré par Apollon même, ayant été tué par Hippotes, Apollon frappa de peste tout le camp des Doriens ; alors ils bannirent le meurtrier, & appaiserent les manes du devin par des expiations, qui furent prescrites sous le nom de fêtes Carniennes ; d’autres, continue Pausanias, donnent à ces fêtes une origine differente. Ils disent que les Grecs, pour construire ce cheval de bois si fatal aux Troyens, ayant coupé sur le mont Ida beaucoup de cornoüilliers (κρανείας), dans un bois consacré à Apollon, irriterent ce dieu contre eux, & que pour le fléchir ils établirent un culte en son honneur, & lui donnerent le surnom de Carnien, en lui appliquant celui de l’arbre qui faisoit le sujet de leur disgrace.

Cette fête Carnienne avoit quelque chose de militaire : on dressoit neuf loges, en maniere de tentes que l’on appelloit ombrages, σκιάδος ; sous chacun de ces ombrages soupoient ensemble neuf Lacédémoniens, trois de chacune des trois tribus, conformément à la proclamation du crieur public. La fête duroit neuf jours ; on y célébroit des jeux, & l’on y proposoit un prix aux joueurs de cythare. Terpandre fut le premier qui le remporta, & Timothée y reçut un affront pour avoir multiplié les cordes de l’ancienne lyre, & avoir par conséquent introduit dans la musique le genre chromatique : les Lacédémoniens suspendirent sa lyre à la voûte d’un édifice, qu’on voyoit encore du tems de Pausanias. Mem. des Inscript. tom. XIV. (D. J.)

Jeux de Castor et de Pollux, (Antiq. rom.) jeux qu’on célébroit à Rome en l’honneur de ces deux héros, qui étoient comptés au nombre des grands dieux de la Grece : voici quelle fut l’occasion de ces jeux.

A. Posthumius, dictateur, voyant les affaires des Romains dans un état déplorable, s’engagea par un vœu solemnel, au cas que la victoire les rétablît, de faire représenter des jeux magnifiques en l’honneur de Castor & de Pollux. Le succès de cette guerre ayant été favorable, le sénat, pour remplir le vœu de Posthumius, ordonna qu’on célébreroit chaque année, pendant huit jours, les jeux que leur dictateur avoit voués.

Ces jeux étoient précédés du spectacle des gladiateurs, & les magistrats accompagnés de ceux de leurs enfans qui approchoient de l’âge de puberté, & suivis d’une nombreuse cavalcade, portoient les statues ou les images des dieux en procession, depuis le capitole jusques dans la place du grand cirque. Voyez les autres détails dans Hospinien, de festis Græcorum, & dans le Dict. de Pitiscus. (D. J.)

Jeux Curules, (Antiq. Rom.) les jeux curules ou équestres consistoient en des courses de chars ou