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on attache plusieurs propriétés médicinales, mais dont on ne donne aucune description.

ICHIEN ou ICHIN, s. m. (Commerce.) C’est l’aulne du Japon, à laquelle on mesure les étoffes de soie & les toiles qui s’y fabriquent. L’ichien est à-peu-près de trois aulnes de Hollande. Voyez l’article suivant. (G)

ICHIN, s. m. (Commerce.) aulne ou mesure des longueurs dont on se sert au Japon. Cette mesure est uniforme dans toutes les îles qui composent ce vaste empire ; non-seulement chaque marchand a des ichins dans sa boutique auxquels il mesure & vend ses marchandises ; mais encore il y a des ichins publics qu’on trouve pendus presqu’à chaque coin de rue, où l’acheteur peut aller vérifier si on ne lui a point fait faux aunage. Cette espece d’aulne a environ six pieds de long divisés en six parties, & chacune de ses divisions en dix autres, en sorte que l’ichin entier a soixante divisions. Un ichin fait à-peu-près trois aulnes de Hollande, & une canne de Provence. Voyez Aulne & Canne, Dictionnaire de Commerce. (G)

* ICHNÉ, adj. fém. (Mythologie.) surnom de Thémis déesse de la justice, & de Nemesis vengeresse des crimes. Ichnée vient de ἴχνος, trace, vestige. Ces divinités furent ainsi appellées de ce qu’on les supposoit toujours attachées sur les pas des coupables.

ICHNEUMON, s. m. (Hist. nat.) animal quadrupede. Voyez Mangouste.

Ichneumon, (Hist. nat.) insecte ; on a donné ce nom à des mouches voraces qui mangent les araignées ; elles ont deux fortes dents, quatre aîles, & d’assez longues antennes qu’elles agitent continuellement ; c’est pourquoi on a appellé ces insectes vibrantes. Le ventre ne tient à la poitrine que par un filet très-fin. Il y a grand nombre d’especes d’ichneumons, & de grandeur très-différente ; les uns n’ont point de queue apparente ; d’autres en ont une qui est très-longue dans plusieurs especes. Les ichneumons qui n’ont point de queue apparente, déposent leurs œufs sur des chenilles ; les vers qui en éclosent vivent de la substance de ces chenilles, & forment des coques qui sont rangées régulierement les unes à côté des autres, & attachées à des branches d’arbres, d’arbrisseaux, ou à des tiges de chaume. Des vers un peu plus gros, & qui éclosent aussi sur des chenilles, forment leurs coques sur une feuille ; ces coques sont blanches & dispersées sur la feuille ; de gros ichneumons ne déposent qu’un œuf ou deux sur chaque chenille : les vers qui en sortent suffisent pour la manger, & deviennent presqu’aussi grands qu’elle. Il y a de ces vers qui après avoir vécu dans le corps d’une chenille, la percent par le côté, & filent une coque qu’ils attachent à la chenille & au terrein sur lequel elle se trouve posée : ces coques sont rondes, blanches, & grosses comme un grain de froment ; elles semblent être les œufs de la chenille. On trouve de ces coques qui sont sur des feuilles, & qui ont différentes couleurs, du noir, du blanc, du brun, disposées par bandes. On voit dans les forêts de chênes des coques d’ichneumons qui sont attachées à des fils longs de trois ou quatre pouces, & attachées à de petites branches. Ces coques ont une bande blanche sur le milieu.

« Lorsqu’on les prend sur la main elles sautent à terre où elles continuent de faire plusieurs sauts à des distances de tems trop éloignées les unes des autres pour que l’on puisse croire que ce sont les bonds d’une balle qui feroit ressort ». En effet les bonds que fait la coque sont causés par le mouvement du ver qu’elle renferme. Les femelles des ichneumons ont à leur partie postérieure une espece d’aiguillon qui pénetre dans les chairs les plus com-

pactes, & même dans des substances beaucoup plus

dures ; cet aiguillon est renfermé dans le corps de l’ichneumon, ou sort tout entier en dehors ; il paroît être la queue de l’insecte ; il s’en sert pour enfoncer ses œufs dans le corps des chenilles. Il y en a qui les déposent seulement sur la chenille, mais le ver sort de l’œuf par le bout qui pose sur son corps, & y entre en naissant. D’autres ichneumons placent leurs œufs auprès de ceux d’autres insectes, tels que l’abeille maçonne, avant que le nid soit fermé ; lorsque le ver de l’ichneumon est éclos, il mange les vers qui sortent des autres œufs. Les ichneumons à longue queue, c’est-à-dire à longue tarriere, percent avec cette tarriere des matieres dures, telles que le bois, la terre, le mortier, pour introduire leurs œufs dans des lieux convenables. La tarriere des ichneumons est composée de trois filets aussi déliés que des poils. Quelquefois ils sont réunis ensemble, d’autrefois ils sont séparés les uns des autres : celui du milieu est la tige de la tarriere, les autres sont les étuis. La tarriere est ferme, solide & dentelée par le bout : « l’espece de cannelure qui paroît la partager en deux est le canal par lequel l’insecte fait descendre ses œufs ». Il fait faire à sa tarriere des demi-tours à droite & à gauche en la pressant contre la substance qu’il veut percer. Abregé de l’histoire des Insectes, tom. III. pag. 142 & suiv. Voyez Insecte.

ICHNOGRAPHIE. sub. f. (Mathem.) Ce mot signifie proprement le plan ou la trace que forme sur un terrein la base d’un corps qui y est appuyé.

Ce mot vient du grec ἴχνος, vestigium, trace, & de γράφω, scribo, je décris ; l’ichnographie étant véritablement une description de l’empreinte ou de la trace d’un ouvrage.

En perspective, c’est la vûe ou la représentation d’un objet quelconque, coupé à sa base ou à son rez-de-chaussée par un plan parallele à l’horison.

L’Ichnographie, en Architecture, est une section transverse d’un bâtiment, qui représente la circonférence de tout l’édifice, des différentes chambres & appartemens, avec l’épaisseur des murailles, les distributions des pieces, les dimensions des portes, des fenêtres, des cheminées, les saillies des colonnes & des piédroits, en un mot, avec tout ce qui peut être vû dans une pareille section.

En Fortification, le mot ichnographie signifie le plan ou la représentation de la longueur & de la largeur des différentes parties d’une forteresse, soit qu’on trace cette représentation sur le terrein ou sur le papier. Voyez Fortification. (E)

C’est aussi, dans la même science, le plan ou le dessein d’une forteresse coupée parallelement & un peu au-dessus du rez-de-chaussée. Voyez Plan.

L’Ichnographie est la même chose que ce que nous appellons plan géométral, ou simplement plan. L’ichnographie est opposée à la stéréographie, qui est la représentation d’un objet sur un plan perpendiculaire à l’horison, & qu’on apppelle autrement élévation géométrale. Voyez Plan.

ICHOGLAN, s. m. (Hist. turq.) espece de page du grand-seigneur.

Les ichoglans sont de jeunes gens qu’on éleve dans le serrail, non-seulement pour servir auprès du prince, mais aussi pour remplir dans la suite les principales places de l’empire.

L’éducation qu’on leur donne à ce dessein, est inestimable aux yeux des Turcs. Il n’est pas inutile de la passer en revûe, afin que le lecteur puisse comparer l’esprit & les usages des différens peuples.

On commence par exiger de ces jeunes gens, qui doivent un jour occuper les premieres dignités, une profession de foi musulmane, & en conséquence on