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lisses, anguleuses, ou cannelées. Boerhaave en compte quarante especes, & Tournefort soixante-douze. (D. J.)

HIÉRACOBOSQUES, s. m. pl. (Antiq. égypt.) les nourriciers des éperviers, de ἱέραξ, génitif ἱέρακος, épervier, & βόσκω, je nourris. C’est ainsi que les Grecs nommerent les prêtres d’Egypte, qui étoient chargés de nourrir les éperviers consacrés dans leurs temples au dieu Osiris. On sait combien ces oiseaux étoient en vénération chez les Egyptiens ; si quelqu’un avoit tué un de ces animaux, soit volontairement, soit par méprise, la loi portoit qu’il fût puni de mort comme pour l’Ibis. (D. J.)

HIERAPICRA de Galien, (Pharmac. & Mat. méd.) Prenez de l’aloès succotrin, six onces & deux gros ; de la canelle, du xilobalsamum, ou en son lieu, de sommités de lentisque, de l’asarum, du spicanard, du safran & du mastic, de chacun trois gros ; du miel écumé, deux livres & une once & demie : faites-en un électuaire selon l’art.

Galien qui est l’auteur de cette composition, avoit une si haute idée de ses vertus, qu’il lui a donné le nom de sacrée amere : c’est ce que signifient les deux mots grecs, ἱερὰ πικρὰ.

Cet électuaire est un puissant purgatif hydragogue, à la dose d’un gros jusqu’à deux, & même jusqu’à demi-once pour les sujets vigoureux ; elle est excellente lorsqu’on la donne à plus petite dose, contre les obstructions, & particuliérement contre celles du foie ; elle est propre à exciter les mois & l’écoulement hémorrhoïdal. Elle doit toutes ces qualités à l’aloès, qui est un remede éprouvé dans tous ces cas. Tous les autres ingrédiens de cette composition n’y sont employés qu’à titre de correctif. Voyez Correctif. Voyez aussi Composition pharm.

L’hiéra picra ne s’ordonne jamais que sous forme solide, à cause de sa grande amertume. (b)

HIERAPOLIS, (Géograph. anc.) nom commun à quelques villes de l’antiquité. Il y avoit 1°. une Hiérapolis en Syrie, où on honoroit Derecto & Atergatis. Pline & Strabon en font mention. Lucien dit que la déesse Syrienne y avoit le plus riche temple de l’univers. 2°. Une Hiérapolis dans l’île de Crebe, appellée ville épiscopale dans les notices ecclésiastiques. 3°. Une Hiérapolis dans la Parthie, où mourut S. Matthieu, selon Dorothée. 4°. Une Hiérapolis ville épiscopale de l’Arabie. Mais 5°. la plus renommée de toutes par ses eaux, par son marbre & par le nombre de ses temples, étoit en Phrygie. Voyez Strabon, lib. XIII. pag. 629, & les Voyages de Spon. Leanclavius croit que cette ville est le seidesceber des Turcs.

Epictete, célebre philosophe stoïcien, y prit naissance, & devint un des officiers de la chambre de Néron ; mais Domitien ayant banni de Rome tous les Philosophes, vers l’an 94 de J. C. l’ancien esclave d’Epaphrodite se retira à Nicopolis en Epire, où il mourut dans un âge fort avancé. Il ne laissa pour tous biens qu’une lampe de terre à son usage, qui fut vendue trois mille drachmes. Arrien son disciple, nous a conservé quatre de ses discours, & son enchiridion ou manuel, qu’on a tant de fois imprimé en grec, en latin, & dans toutes les langues modernes. Mourgues rapporte que d’anciens religieux le prirent pour la regle de leur monastere : sa maxime sustine & abstine, est admirable par son énergie & son étendue ; on devroit la graver sur le portail de tous les cloîtres. (D. J.)

* HIÉRARCHIE, s. f. (Hist. ecclésiast.) il se dit de la subordination qui est entre les divers chœurs d’anges qui servent le Très-haut dans les cieux. Saint Denis en distingue neuf, qu’il divise en trois hiérarchies. Voyez Anges.

Ce mot vient d’ἱερὸς, sacré, & de ἀρχὴ, principauté.

Il désigne aussi les différens ordres de fideles, qui composent la société chrétienne, depuis le pape qui en est le chef jusqu’au simple laïque. Voyez Pape.

Il ne paroît pas qu’on ait eu dans tous les tems la même idée du mot hiérarchie ecclésiastique, ni que cette hiérarchie ait été composée de la même maniere. Le nombre des ordres a varié selon les besoins de l’Église, & suivi les vicissitudes de la discipline.

On a permis aux théologiens de disputer sur ce point tant qu’il leur a plû, & il est incroyable en combien des sentimens ils se sont partagés.

Quelques-uns ont prétendu qu’il y avoit bien de la différence entre être dans la hiérarchie & être sous la hiérarchie. Être dans la hiérarchie, selon eux, c’est par la consécration publique & hiérarchique de l’Église être constitué pour exercer ou recevoir des actes sacrés ; or tous ces actes ne sont pas joints à l’autorité & à la supériorité. Être sous la hiérarchie, c’est recevoir immédiatement de la hiérarchie des actes hiérarchiques. Il y a dans ces deux définitions quelque chose de louche qu’on en auroit écarté, si l’on avoit comparé la société ecclésiastique à la société civile.

Dans la société civile, il y a différens ordres de citoyens qui s’élevent les uns au-dessus des autres, & l’administration générale & particuliere des choses est distribuée par portion à différens hommes ou classes d’hommes, depuis le souverain qui commande à tous jusqu’au simple sujet qui obéit.

Dans la société ecclésiastique, l’administration des choses relatives à cet état est partagée de la même maniere. Ceux qui commandent & qui enseignent sont dans l’hiérarchie : ceux qui écoutent & qui obéissent sont sous l’hiérarchie.

Ceux qui sont sous la hiérarchie, quelque dignité qu’ils occupent dans la société civile, sont tous égaux. Le monarque est dans l’église un simple fidele, comme le dernier de ses sujets.

Ceux qui sont dans l’hiérarchie & qui la composent, sont au contraire tous inégaux, selon l’ancienneté, l’institution, l’importance & la puissance attachée au degré qu’ils occupent. Ainsi l’Église, le pape, les cardinaux, les archevêques, les évêques, les curés, les prêtres, les diacres, les soudiacres semblent en ce sens former cette échelle qui peut donner lieu à deux questions, l’une de droit & l’autre de fait. Voyez Église, Pontife, Cardinaux, &c.

Je ne pense pas qu’on puisse disputer sur la question de fait. Les ordres de dignités dont je viens de faire l’énumération, & quelques autres qui ont aussi leurs noms dans l’Église, soit que leurs fonctions subsistent encore ou ne subsistent plus, & qu’il faut intercaler dans l’échelle, composent certainement le gouvernement ecclésiastique.

Quant à la question de droit, c’est autre chose. Il semble qu’il y a le droit qui vient de l’institution premiere faite par Jesus-Christ, & le droit qui vient de l’institution postérieure faite soit par l’Église même, soit par le chef de l’Église, ou quelque autre puissance que ce soit. En ce cas, il y aura certainement parmi les hiérarques ecclésiastiques des ordres qui seront de droit divin, & des ordres qui ne seront pas de droit divin.

Tous les ordres qui n’ont pas été dès le commencement, ne seront pas de droit divin.

Parmi ces ordres qui n’ont pas été dès le commencement, plusieurs ne sont plus : ils ont passé. Parmi ceux qui sont, il y en a qui peuvent passer, parce qu’ils sont moins dispositionis dominicæ veritate, quam autoritate.

Le P. Cellot Jésuite avance que l’hiérarchie n’admet que l’évêque, & que les prêtres ni les diacres