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pléthore particuliere dans le foie comme dans les poûmons, les reins, &c. d’où résulte une hémorrhagie ? Pourquoi ne pourroit-il pas s’échapper du sang des vaisseaux du foie dans une inflammation, en sorte que se mêlant avec la bile, il se jette avec elle dans les boyaux comme il en sort des vaisseaux pulmonaires, qui se mêle avec la matiere des crachats dans la péripneumonie ? Voyez Foie (maladies du.)

Rien ne paroît donc s’opposer à ce qu’il se fasse des effusions de sang de l’intérieur du foie, tant symptomatiques que critiques, qui ayent tous les caracteres du flux de ventre que les anciens appellent hépatique : mais il faut avouer qu’il est très difficile d’indiquer les signes propres à distinguer les cas où ce flux vient du foie, de ceux où il vient des intestins, parce qu’il peut avoir lieu dans l’un & l’autre cas sans douleur, sans tenesme : on ne peut insérer l’un plûtôt que l’autre, que de ce qui a précedé. Si le foie a été affecté auparavant de pesanteur, de douleur, d’inflammation ; s’il y a eu des signes d’obstruction dans ce viscere avant que le flux dont il s’agit ait paru, il y a lieu de présumer que ce flux sanglant, distingué de la dyssenterie en ce qu’il est sans douleur de ventre, sans tenesme, & du flux hémorrhoïdal, par la qualité de la matiere évacuée, doit être attribué au foie qui paroît dans ce cas le seul viscere lesé. Voyez Dyssenterie, Hémorrhoide.

Mais, quelle que puisse être la source de l’espece de flux de ventre qui est appellé hépatique, on doit toûjours établir le prognostic d’après les signes qui indiquent que ce flux est symptomatique ou critique : dans le premier cas, l’intensité des symptomes qui accompagnent, décide le plus ou le moins de danger ; dans le second, il n’y en a que rarement, tant que ce flux est modéré, & que l’on ne l’arrête pas imprudemment.

Ainsi le traitement de cette maladie consiste à suivre les indications que peuvent fournir les symptomes qui ont précedé & qui en déterminent la nature. Par conséquent, si on doit l’attribuer à la pléthore par quelque cause qu’elle ait été produite, la saignée peut avoir lieu dans le cas où il n’y a pas de contr’indication, mais sur-tout l’application des ventouses avec scarification à la région des lombes, celle des sangsues au fondement pour dégorger les veines hémorrhoïdales, & faciliter par ce moyen la déplétion des vaisseaux de la veine-porte ; au reste, voyez Pléthore.

S’il y a lieu de penser que le flux hépatique dépende d’une inflammation au foie ; comme il peut être salutaire dans ce cas, il ne faut pas se presser de le supprimer, & on doit cependant s’occuper à détruire les causes qui ont produit l’inflammation, & en corriger les effets. Voyez Hépatite.

Si le flux hépatique est une suite des obstructions du foie, il ne peut être arrêté sans danger qu’après que l’on a, s’il est possible, desobstrué ce viscere ; ce qui rend la curation aussi longue que difficile. Voyez Foie (maladies du), Obstruction.

En général, il est peu de cas où l’on puisse entreprendre le traitement du flux hépatique par le moyen des astringens ; parce qu’en supprimant l’évacuation il y a grand risque qu’il ne s’ensuive des dépôts funestes de la matiere retenue : on ne peut donc recourir à ces remedes, qu’au cas que ce flux forme une hémorrhagie considérable. Voyez Hémorrhagie, Hémorrhoide. Ce qui ne peut guere arriver à l’égard d’un viscere dans lequel le cours du sang se fait avec tant de lenteur, à cause de son éloignement de l’instrument principal de la circulation & par la foiblesse de l’organisation qui peut même être augmentée dans cette maladie & en constituer la cause prédisponante ; ce qui forme alors

une indication de faire usage des astringens, des toniques, des amers, & autres médicamens appropriés à la débilité des fibres des visceres. Voyez Débilité, Fibre (maladies de la), Foie (maladies du), Hémorrhagie.

Hépatique à trois feuilles, subst. fém. (Botan.) voici ses caracteres : sa racine est fibreuse, vivace ; les pédicules de ses feuilles partent de la racine ; ses tiges sont nues, simples, & portent des fleurs ; son calice est à une piece ; il est permanent & découpé communément en trois lobes ; ses fleurs sont en rose, polypétales, ordinairement pentapétales, & garnies d’un grand nombre d’étamines ; son fruit est globuleux ; chacune de ses cellules est pourvue d’un tuyau recourbé ; du reste l’hépatique ressemble à la petite chélidoine.

Entre les especes de ce genre de plante, il suffira de décrire la plus commune, que Boerhaave nomme hepatica trifolia, coeruleo flore. Ind. Att. 30.

Ses fleurs sortent de terre de bonne heure au printems avant les feuilles ; elles croissent sur des pédicules foibles, un peu velus, longs de quatre à cinq pouces ; ses feuilles sont enfermées dans un calice verd à trois pieces ; elles sont composées de six folioles bleues, arrondies, pointues par le bout, & rangées autour d’une petite tête verte. Il sort du milieu d’elles plusieurs étamines blanches & bleues ; la tête verte s’aggrandit & dégénere ensuite en plusieurs petites semences nues ; les feuilles paroissent lorsque les fleurs sont passées ; la racine est petite, fibreuse, & vivace.

On nomme cette plante hépatique, parce que ses feuilles sont divisées en lobes comme le foie.

Les fleuristes cultivent plusieurs especes d’hépatique, à cause de la beauté de leurs fleurs printanieres, simples, doubles, ou bleues, ou blanches, ou rouges ; sur quoi Miller mérite d’être consulté. (D. J.)

Hépatique commune ou de fontaine, (Mat. méd.) la plante ainsi nommée de sa prétendue vertu contre les maladies du foie, est un de ces remedes purement altérans, dont les propriétés sont fort peu constatées & très-difficiles à déterminer. Outre la qualité principale dont nous venons de parler, on lui accorde celle de remédier à l’épaississement des humeurs, d’en adoucir & réprimer l’acrimonie, &c. vices qu’il est très-permis de regarder comme imaginaires dans la plûpart des cas où on les met en jeu pour l’explication des maladies.

Elle passe encore pour tonique, vulnéraire, astringente, bonne dans la gale & les autres maladies de la peau, si on en prend intérieurement la décoction à grandes doses. Plusieurs auteurs ont regardé encore l’hépatique de fontaine comme un spécifique contre la toux & contre la pthysie ; elle entre dans le syrop de chicorée composé. (b)

Hépatique des Fleuristes, ou Belle Hépatique, (Mat. méd.) cette plante a tiré son nom, comme la précédente, de la faculté qu’on lui a supposée de guérir les maladies du foie. On l’a regardée d’ailleurs comme vulnéraire, rafraîchissante, fortifiante & astringente, soit dans l’usage intérieur, soit dans l’usage extérieur.

L’eau de pluie dans laquelle on a cohobé trois ou quatre fois des feuilles fraîches de belle hépatique, est un excellent cosmétique, & que les dames de la plus grande condition recherchent fort, selon que le rapporte Simon Pauli, pour se blanchir la peau du visage après qu’elles se sont exposées à l’ardeur du soleil. Geoffroy, Mat. méd.

HÉPATI-CYSTIQUE, adj. en Anatomie, se dit de certains conduits qu’on imagine aller du foie à la vésicule du fiel. Voyez Foie.

HÉPATITE, sub. fém. (Hist. nat. Lithologie.) nom donné par les anciens à une pierre rougeâtre,