Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tes altérations qu’éprouvent les voyageurs qui passent le tropique, qu’on ne doit pas confondre le hemvé, ou la maladie du pays, avec celle de ceux qui vont dans les colonies établies par les Européens aux Indes occidentales. L’impression de ces sortes de climats n’épargne presque aucun étranger, & produit dans la santé des plus robustes, des révolutions singulieres, qui forment pour ainsi dire leur tempérament sur un nouveau modele, lorsqu’ils ont le bonheur de ne pas succomber à de si grandes secousses. (D. J.)

HEMUI, sub. masc. (Hist. nat.) pierre dont on ne sait rien, sinon que les Indiens la nomment ainsi ; qu’elle est pierre précieuse & d’un jaune blanchâtre.

HÉMUS, (Mytholog.) fils de Borée & d’Orithie, qui devint roi de Thrace & épousa Rhodope. Ovide raconte cette fable en deux vers énergiques :

Nunc gelidos montes mortalia corpora quondam,
Nomine summorum sibi, qui tribuêre deorum.

Le livre des poissons qu’on a donné à Plutarque, parle de ce roi Hæmus & de sa femme Rhodope, qui prenoient les noms de Jupiter & de Junon. Peut-être qu’effectivement ils périrent dans les montagnes de Thrace, où le peuple indigné de les voir s’égaler aux dieux, les avoit obligés de se retirer. (D. J.)

Hémus, (Géog. anc.) haute & vaste montagne de Thrace ; elle s’étend depuis le mont Rhodope jusqu’à la mer Noire ; Pline lui donne six mille pas de hauteur : mais le P. Riccioli estime que l’Hæmus, depuis l’endroit où l’on commence à le monter, n’a environ que douze à treize cens pas, non compris le reste de sa hauteur jusqu’au niveau de la mer, dont il ne donne point le calcul. On dit cependant que de son sommet on peut voir en même tems la mer Adriatique d’un côté, & la mer Noire de l’autre.

Les modernes ne conviennent pas sur le nom que porte à-présent cette montagne ; les uns disent que c’est le monte Argentaro des Italiens, le Balkan des Turcs, & le Cumowitz des Esclavons : le sentiment le plus général est que c’est le monte Costegnas ; mais ces divers noms n’appartiennent pas à toute la chaîne du mont Hæmus. Aussi M. de Lisle nomme Costegnas la chaîne qui sépare la Macédoine de la Romagne ; & mont Balkan, celle qui s’étend entre la Bulgarie & la Romanie. Le mont Argentaro pourroit bien être le même que la Clissura, l’une des parties de l’Hæmus, selon Edouard Brown, qui a voyagé sur les lieux. Il regarde toutes les montagnes qui sont entre la Servie & la Macédoine, comme n’étant qu’une partie du mont Hæmus ; & il pense que sous différens noms il s’étend depuis la mer Adriatique jusqu’au Pont-Euxin. (D. J.)

HÉNARÈS (l’,) sub. m. (Géog.) riviere d’Espagne ; elle a sa source dans la vieille Castille, au-dessus de Liguenza, qu’elle arrose, coule dans la nouvelle Castille, & se jette dans le Xarama, à 4 lieues au-dessus de Tolede. (D. J.)

HEND & SEND, (Géog.) c’est ce que nous appellons d’un mot général les Indes Orientales, qui sont désignées par les Orientaux en ces deux différens noms Hend & Send. Le pays de Hend est l’orient de celui de Send, & a à son couchant le golphe de Perse, au midi l’océan indien, à l’orient de vastes deserts qui le séparent de la Chine, & au septentrion le pays des Azacs ou Tartares. Il paroît donc que le Send est seulement ce qui s’étend deçà & delà le long du fleuve Indus, particulierement vers ses embouchures. D’Herbelot, Bibl. orient. (D. J.)

HENDÉCAGONE, sub. masc. terme de Géométrie. Ce mot est grec & composé d’ἕνδεκα, onze, & γωνία, angle, figure composée d’onze côtés, & d’un pareil nombre d’angles. Voyez Figure & Polygone. L’angle au centre de l’hendécagone régulier, c’est-à-

dire dont tous les angles & les côtés sont égaux,

est la 11e partie de 360d, & ne peut se déterminer par la regle & le compas ; on ne peut décrire géométriquement l’hendécagone, qu’en résolvant une équation du 11e degré. Voyez Polygone. (E)

HENDÉCASYLLABE, s. m. (Littérature.) terme de Poésie greque & latine, vers de onze syllabes. Voyez Vers.

Ce mot est grec & composé d’ἕνδεκα, onze, & de συλλάμϐανω, je comprens. Les vers saphiques & les vers phaleuques sont hendécasyllabes.

Saph. Jam satis terris nivis atque diræ.
Phal. Passer mortuus est meæ puellæ.

On donne plus communément le nom d’hendécasyllabe à cette derniere espece, la premiere étant plus particulierement affectée à l’ode & au genre lyrique. Ces hendécasyllabes sont les plus doux des vers latins. Le lecteur en jugera par ceux de Catulle sur la mort d’un moineau

Lugete ô Veneres, cupidinesque,
Et quantum est hominum venustiorum ;

Passer mortuus est meæ puellæ,
Passer deliciæ meæ puellæ,
Quem plus illa oculis suis amabat ;
Nam mellitus erat, suamque norat
Ipsam tam benè quàm puella, matrem ;
Nec sese à gremio illius movebat :
Sed circumsiliens modò huc, modò illuc,
Ad totam dominam usque pipilabat.
Qui nunc it per iter tenebricosum,
Illuc unde negant redire quemquam.

At vobis malè sit malæ tenebræ
Orci, quæ omnia bella devoratis ;
Tam bellum mihi passerem abstulistis.

O factum male ! O miselle passer !
Tuâ nunc operâ meæ puellæ
Flendo turgiduli rubent ocelli
.

Il est vraissemblable que Catulle auroit perdu beaucoup, s’il eût pris l’hexametre ou le pentametre, ou l’iambe, au lieu de l’hendécasyllabe, qui a seul cette simplicité prosaïque, qui va si bien avec le sentiment. (D. J.)

* HÉNÉCHEN, sub. masc. (Bot.) plante qui croît aux indes orientales, dans le territoire de Panama ; elle a la feuille du chardon, mais plus étroite & plus longue que celle du cabuïa, qui a la sienne comme le chardon. Les Sauvages tirent du sel du cabuïa & de l’hénéchen ; mais le sel tiré de l’hénéchen est plus fin. La manœuvre est precisément celle que nous pratiquons sur le chanvre ; on fait rouir la plante, on la seche au soleil, & on la broie.

HÉNETES (les), s. m. pl. (Géog. anc.) Les Hénetes en Asie, étoient un ancien peuple de Paphlagonie, qui n’existoit plus du tems de Strabon. Les Hénetes en Italie, au fond du golphe de Venise, sont les mêmes que les Venetes ; ils venoient d’un peuple des Gaules, dont Vannes en Bretagne conserve encore le nom. Les Hénetes dans le nord, que quelques écrivains placent sur les côtes de Livonie & de Prusse, sont les mêmes que les Vendes ou Vénedes, nation sarmate qui s’établit entre l’Elbe & la Vistule. (D. J.)

HÉNIOCHUS, (Astronom.) est une des constellations boréales, autrement & plus communément nommée le cocher. Voyez Cocher. (O)

HÉNIOQUES, s. m. pl. (Géog.) Heniochi, ancien peuple de la Sarmatie asiatique ; ils habitoient près du fleuve ou du mont Corax, qui étoit une branche du Caucase, sur le bord du Pont-Euxin, à l’occident de la Colchide ; c’étoit une colonie de Lacédémoniens. Pline, Strabon & Pomponius Méla, vous en diront davantage. (D. J.)