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peut seul exprimer. Ce grand ressort dans l’acteur, qui le possede, pose, détermine, arrange toutes les parties sans que l’art s’en mêle ; les bras, les piés, le corps, se trouvent d’eux-mêmes dans les places, dans les mouvemens où ils doivent être. Tout suit l’ordre avec l’aisance de l’instinct. Voyez Grace, Chant.

Mais souvent le talent est égaré par l’esprit ; alors il fait toûjours plus mal, pour vouloir mieux faire. Ainsi à ce théatre il arrive quelquefois que les acteurs les plus estimables abandonnent l’objet qui les amene, pour joüer sur les mots, & pour peindre en contre-sens ce qu’ils chantent. On en a vû faire murmurer les ruisseaux dans l’orchestre & dans le parterre ; les y suivre des yeux & de la main ; aller chercher les zéphirs & les échos dans les balcons & dans les loges où ils ne pouvoient être ; & laisser tranquillement pendant toute la lente durée de ces beaux chants, les berceaux & l’onde pure qu’offroient les côtés & le fonds du théatre, sans leur donner le moindre signe de vie. (B)

GESTICULATION, s. f. (Belles-Lettres.) s’entend des gestes affectés, indécens, ou trop fréquens. Voy. Geste.

La gesticulation est un grand défaut dans un orateur. Quand on compare ce que les anciens nous racontent de la déclamation de certains orateurs qui frappoient violemment des piés & des mains, à notre maniere de prononcer un discours, on sent toute la différence qui se rencontre entre la déclamation & la gesticulation. Voyez Action & Geste. (G)

GESTION, s. f. (Jurisprud.) signifie administration de quelque affaire, comme la gestion d’une tutelle, la gestion des biens d’un absent ou de quelque autre personne.

La gestion que quelqu’un fait des affaires d’autrui sans son ordre, appellée en Droit negotiorum gestio, forme un quasi-contrat qui produit action directe & contraire ; la premiere au profit de celui dont on a géré les affaires, pour obliger celui qui a géré à rendre compte ; & la seconde au profit de celui qui a géré, pour répéter ses impenses. Voyez les instit. liv. III. tit. xxviij. §. 1. (A)

GESTRICIE, Gestricia, (Géog.) province de Suede dans sa partie septentrionale ; elle a des mines de fer & de cuivre, mais elle ne recueille de grains qu’autant qu’il en faut pour la nourriture de ses habitans. Le golfe de Bothnie la baigne à l’est ; elle est bornée au nord par l’Helsingie, au couchant par la Dalécarlie, & au sud par la Westmanie & par l’Uplande. Gévali en est la capitale. (D. J.)

GÉSULA, (Géog.) province d’Afrique sur la côte de Barbarie au royaume de Maroc. Elle a beaucoup d’orge, de troupeaux, & plusieurs mines de fer & de cuivre : la plûpart des habitans sont chauderonniers ou forgerons. Il s’y tient tous les ans une foire célebre, où tous les marchands étrangers, quoique quelquefois au nombre de dix mille, sont nourris & défrayés aux dépens de la province ; mais malgré cette dépense considérable, la province y gagne encore par le débit de ses marchandises. (D. J.)

GETES, (les) Géog. anc. ancien peuple de Scythes, qui ayant passé en Europe, vinrent s’établir aux envirous du Danube. Dès le tems d’Auguste, ils occupoient la rive gauche du Danube, avec les Bastarnes, les Besses, & les Sarmates. Les œuvres d’Ovide sont remplies des plaintes qu’il fait de vivre au milieu d’eux. Quoique le lieu où il étoit relegué, soit à-peu-près sous le parallele de Bordeaux, il le dépeint comme s’il se trouvoit jetté dans le climat de la Norvege. Du tems d’Auguste, les Getes n’étoient point encore établis en-deçà du Danube, mais il paroît qu’ils l’avoient passé au moins en

partie sous Claudius. Au reste, Strabon est le seul des anciens qui ait bien marqué les divisions des Getes, & qui nous apprenne les vrais détails de cette nation.

Les Getes, selon cet auteur, habitoient le pays qui est au-delà de celui des Sueves, à l’orient, le long du Danube ; c’est ce que nous appellons aujourd’hui la Transylvanie, la Valachie, & la partie de la Bulgarie qui est à la droite du Danube. Ils parloient la même langue que les Thraces ; le nom de Getes étoit le nom commun à toute la nation, & le nom particulier d’un peuple de cette nation. L’autre peuple étoit composé de Daces, Daci, que Strabon appelle Δάυοι, Davi, Daves. De ces noms de Getes & de Daves, sont venus les noms de valets Geta & Davus, si communs dans les comédies latines.

Il faut bien distinguer les Goths des Getes. Les Goths habitoient près de la mer Baltique, à l’occident de la Vistule, & les Getes dès le commencement ont été sur les bords du Danube, près de la Dacie. Voyez Goths. (D. J.)

Getes, Philosophie des Getes. Voyez l’article Scythes.

GETH, (Géog. sacrée.) c’étoit une ville de la Palestine, située sur une montagne, près de la mer de Syrie, à quatre lieues de Joppé au midi. Elle étoit une des cinq Satrapies des Philistins ; aujourd’hui c’est un petit village nommé Ybna. Au reste, comme geth ou gath en hébreu, signifie pressoir, il n’est pas étonnant que l’on trouve dans la Palestine pays de vignobles, plus d’un lieu de ce nom. (D. J.)

GÉTULE, (Géog. anc.) ancien peuple de la Lybie intérieure & de la Guinée. Ils habitoient au midi de la Mauritanie, & s’avancerent dans la Mauritanie & la Nunudie. Ortelius croit que les Gétules étoient une nation errante, tantôt dans un lieu, tantôt dans un autre, qui ne se servoit point de brides, & dont les chevaux étoient conduits à la baguette. Cette idée s’accorde parfaitement avec celle qu’en donnent Claudien & Silius Italicus. L’Afrique entiere est quelquefois nommée Getulie par les Poëtes. (D. J.)

GÉVALI, ou GASLE, Gevalia, (Géog.) est une ville de Suede, capitale de la Gestricie, proche le golphe de Bothnie, à 18 lieues N. O. d’Upsal, 26 N. O. de Stockholm, 14 E. de Coperberg. Long. 34. 50. lat. 60. 32. (D. J.)

GÉVAUDAN, (le) Gabalensis pagus, Gabalitana regio, (Géogr.) contrée de France en Languedoc, une des trois parties des Cévennes, bornée N. par l’Auvergne, O. par le Rouergue, S. par le bas-Languedoc, E. par le Vivarais & le Vélay ; c’est un pays de montagnes assez stérile : Mende en est la capitale.

Le Gévaudan a pris son nom des peuples Gabali, & le mot de Gévaudan s’écrivoit autrefois Gabauldan. Le baillage du Gévaudan est en partage entre le Roi & l’évêque de Mende. Les rivieres de Tarn, de Lot, & d’Allier, y ont leurs sources. (D. J.)

GEULEBÉE, s. f. (Hydr.) c’est une décharge de quelque bassin supérieur, qui fournit une nappe ou un reservoir. Cette eau vient tomber sous la bordure du gazon sans faire aucun effet. (K)

GEUM, s. m. (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond ; il sort du calice un pistil fourchu qui devient un fruit oblong, ressemblant en quelque façon à une aiguiere à deux becs, partagé en deux loges, & rempli de semences ordinairement très-petites. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Le geum ordinaire, geum rotundi folium majus (Tournefort) pousse des tiges à la hauteur d’un pié, rondes, un peu tortues, vertes, velues, qui se divisent vers leur sommité en plusieurs petits ra-