Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/448

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Futaille en botte, c’est celle dont les douves sont toutes préparées, & à qui il ne reste qu’à les monter & y mettre des cerceaux.

* FUTAINE, s. f. terme de Commerce, étoffe de fil & de coton, qui paroît comme piquée d’un côté. Voyez Coton. Il y a de la futaine à poil, & de la futaine à grain d’orge. Il y a aussi de la futaine à deux envers, qu’on appelle autrement bombasin, qui vient de Lyon, & qui est doublement croisée. Il y a aussi un grand nombre de futaines dont la trame est de lin, ou même de chanvre. Voyez les dictionnaires de Trévoux & du Commerce.

FUTAIE, s. f. (Econ. rustiq.) c’est le nom qu’on donne en général à tous les vieux bois. On dit jeune futaie, depuis quatre-vingts jusqu’à cent vingt ans ; haute futaie, depuis cet âge jusqu’au dépérissement marqué, qu’on désigne par le nom de vieille futaie.

Les futaies sont l’ornement des forêts. La hauteur des arbres qui les composent, leur vieillesse, le silence & une sombre fraicheur, y pénetrent l’ame d’une émotion sacrée, fort voisine de l’enthousiasme : mais leur utilité doit encore les rendre infiniment recommandables. Les futaies seules peuvent fournir la charpente aux grands édifices, & les bois précieux à la navigation. On ne peut attendre d’ailleurs aucun secours pour ces grands objets. Voyez Bois & Forêt.

On peut avec succès laisser croître en futaies plusieurs especes de bois ; le chêne, le chataigner, le hêtre, le sapin, sont celles dont on tire le plus d’utilité. Les futaies de hêtre & de sapin ne peuvent être composées que d’arbres de brins ; laissez vieillir au contraire des taillis de chêne & de chataigner dans un bon fonds, vous en aurez de belles futaies : chaque sepée se trouve alors composée de plusieurs brins, dont un petit nombre s’éleve aux dépens des autres. Dans ce cas-là, si vous voulez hâter l’accroissement des principaux arbres de votre futaie, il faut retrancher peu-à-peu ces brins, que leur foiblesse destine à être étouffés. Pour ne point vous y méprendre, vous pouvez tous les vingt ans choisir & couper ceux qui languissent d’une maniere marquée ; par ce moyen, les brins que leur vigueur naturelle aura distingués, auront plus de nourriture & plus d’air ; ils grossiront & s’éleveront plus promptement. L’économie n’indique pas d’autres moyens d’avancer les futaies. La nature fait le reste, & il faut la laisser faire. Si vous vouliez élaguer vos chênes, afin que le tronc profitât de la suppression des branches, le tronc lui-même pourriroit. Les branches inutiles meurent peu-à-peu, sans que l’arbre en souffre. Ayez donc attention que les arbres de vos futaies ne soient point élagués : c’est le genre de déprédation le plus ordinaire & le plus dangereux. Cet article est de M. Le Roy, lieutenant des chasses du parc de Versailles.

* FUTILE, adj. (Gramm.) qui n’est d’aucune importance. Il se dit des choses & des personnes. Un raisonnement est futile, lorsqu’il est fondé sur des faits minutieux, ou sur des suppositions vagues. Un objet est futile lorsqu’il ne vaut pas le moindre des soins qu’on pourroit prendre, ou pour l’acquérir, ou pour le conserver. C’est dans le même sens qu’on dit d’un homme qu’il est futile. Une futilité, c’est une chose de nulle valeur. Voyez l’article suivant.

* Futile, (Antiq.) vase à large orifice & à fond très-étroit, dont on faisoit usage dans le culte de Vesta. Comme c’étoit une faute que de placer à terre l’eau qui y étoit destinée, on termina en pointe les vases qui devoient la contenir : d’où l’on voit l’origine de l’adjectif futilis. Homme futile, c’est-à-dire homme qui ne peut rien retenir, qui a la bouche large & peu de fond, & qu’il ne faut point quitter, si

l’on ne veut pas qu’il répande ce qu’on lui a confié. Le futile fut aussi une coupe que portoient à leurs mains les vierges qui entouroient le flamen dans ses fonctions sacerdotales, les femmes qui étoient au service des vestales, & les jeunes enfans qui assistoient le flamen à l’autel, & qu’on appelloit camilles. Les Romains alloient chercher à la fontaine de Juturne, l’eau dont ils remplissoient les futiles. Cette eau guérissoit les malades qui en bûvoient, ainsi que l’assûre Varron (auteur grave).

FUTUR, adj. il se dit d’une chose qui doit être, qui doit arriver, qui est à venir. M. de Vaugelas dit (élém. p. 436.) que ce mot est plus de la Poésie que de la bonne Prose, & le bannit du beau style. Le P. Bouhours soûtient le contraire (élém. nouv. p. 596.), mais il ajoûte qu’il faut éviter de donner dans le style de Notaire, futur époux, future épouse. Cette derniere restriction est favorable au sentiment de M. de Vaugelas. En effet on dira plûtôt, le voyage que nous devons faire, qu’on ne dira, notre voyage futur, &c. Il est établi qu’on dise les biens de la vie future, par opposition à ceux de la vie présente. On dit aussi, les présages de sa grandeur future. Malherbe a dit :

Que direz-vous, races futures,
Quand un véritable discours
Vous apprendra les avantures
De nos abominables jours ? (F)

Futur, en termes de Grammaire, est pris substantivement : c’est une forme particuliere ou une espece d’inflexion qui désigne l’idée accessoire d’un rapport au tems à venir, ajoûtée à l’idée principale du verbe.

On trouve dans toutes les langues différentes sortes de futur, parce que ce rapport au tems à venir y a été envisagé sous différens points de vûe ; & ces futurs sont simples ou composés, selon qu’il a plû à l’usage de désigner les uns par de simples inflexions, & les autres par le secours des verbes auxiliaires.

Il semble que dans les diverses manieres de considérer le tems par rapport à l’art de la parole, on se soit particulierement attaché à l’envisager comme absolu, comme relatif, & comme conditionnel. On trouve dans toutes les langues des inflexions équivalentes à celles de la nôtre, pour exprimer le présent absolu, comme j’aime ; le présent relatif, comme j’aimois ; le présent conditionnel, comme j’aimerois. Il en est de même pour les trois prétérits ; l’absolu, j’ai aimé ; le relatif, j’avois aimé ; & le conditionnel, j’aurois aimé. Mais on n’y trouve plus la même unanimité pour le futur ; il n’y a que quelques langues qui ayent un futur absolu, un relatif, & un conditionnel : la plûpart ont saisi par préférence d’autres faces de cette circonstance du tems.

Les Latins ont en général deux futurs, un absolu & un relatif.

Le futur absolu marque l’avenir sans aucune autre modification ; comme laudabo, je louerai ; accipiam, je recevrai.

Le futur relatif marque l’avenir avec un rapport à quelque autre circonstance du tems ; il est composé du futur du participe actif ou passif, selon la voix que l’on a besoin d’employer, & d’une inflexion du verbe auxiliaire sum ; & le choix de cette inflexion dépend des différentes circonstances de tems avec lesquelles on combine l’idée fondamentale d’avenir. En voici le tableau pour les deux voix.

Voix active. Voix passive.
Laudaturus sum. Laudandus sum.
Laudaturus eram. Laudandus eram.
Laudaturus essem. Laudandus essem.
Laudaturus fui. Laudandus fui.