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la manivelle de droite à gauche pour ramoner le point F de la cramaillere près de l’arbre pV, ensorte que le burin se trouve situe à la base de la fusée, à l’endroit où doit commencer le premier filet ou rainure : alors faisant tourner la manivelle de gauche à droite, on comptera le nombre de tours que fait la manivelle, & par conséquent la fusée, tandis que le burin parcourt la hauteur du cone ; s’il fait plus de six tours demandés, il faut, au moyen de la vis Q, éloigner le point h de celui I, ou ce qui est le même, faire que l’angle hIL soit plus ouvert, & au contraire le diminuer si la manivelle ne fait pas six tours pendant que le burin parcourt la fusée de la base au sommet, & ainsi jusqu’à ce que les six tours demandés se fassent exactement. Il faut ensuite retourner la manivelle en ramenant le burin à la base de la fusée, où, comme j’ai dit, doit commencer le premier point de la rainure ; faire appuyer le burin en pressant la piece DD au point O, & ainsi tourner la manivelle de gauche à droite jusqu’à ce qu’elle ait fait six tours. Le burin ou échope est fixé sur le coulant W, la vis gv regle sur la courbe H l’enfoncement du burin dans la fusée. 8 est une vis pour fixer le coulant W sur la piece DD ; cette rainure de la fusée se fait en ramenant à plusieurs reprises le burin à la base de la fusée, & en continuant à appuyer pour que le burin coupe lorsqu’il va de la base au sommet, &c.

Ce que je viens de dire pour tailler une fusée ordinaire, servira à donner une idée d’opération que la pratique même étendra. Il faut employer les mêmes raisonnemens pour tailler de l’autre côté, & recourir à la description de la machine. Article de M. Ferdinand Berthoud.

* Fusée, en terme de Fileurs d’or, est une piece de leur roüet, qui sort du corps de la machine par-devant, & qui est soûtenu par un boulon de fer qui passe dans un support attaché aux deux piliers de devant. Elle est partagée en huit, douze, seize parties, qui sont tournées en plusieurs crans, en forme de vis, excepté qu’ils ne communiquent point l’un dans l’autre. Ces crans sont encore de différentes grandeurs, pour donner aux roues la quantité de mouvement que l’artiste juge nécessaire pour son ouvrage. Cette fusée est terminée à droite par une roue de bois en plein, qui a elle-même plusieurs de ces crans inégaux pour la même raison.

Fusée, (Manége, Maréchall.) nous appellons de ce nom deux ou plusieurs suros continus, & les uns sur les autres. Voyez Suros.

Fusée, terme de Riviere, voyez Vindas.

Fusée, terme de Blason, qui dénote une figure rhomboïde, plus alongée que la losange ; ses angles supérieurs & inférieurs sont plus aigus que ceux du milieu. Voyez nos Planches de Blason.

On regarde la fusée comme la marque de la droiture & de l’équité. Quelques-uns veulent cependant que les fusées en Blason soient des marques de flétrissure pour ceux qui les portent. Ils en donnent pour raison qu’après que les croisades eurent été publiées, nos rois condamnerent les gentilhommes qui se dispenserent d’aller à la guerre contre les infideles, à changer leurs armes, & à charger leurs écus de fusées, comme reconnoissant qu’ils méritoient d’être mis au nombre des femmes. Dict. de Trév. & Chamb.

FUSELÉ, adj. en termes de Blason, se dit d’un champ ou d’une piece toute chargée de fusées. Voyez Fusée.

Du bec de Vardes, fuselé d’argent & de gueules.

FUSER, v. n. (Chimie) se dit du phénomene que présente le nitre qu’on détonne sur les charbons ardens, parce qu’il ressemble à-peu-près à l’effet d’une fusée. Il seroit cependant bien singulier que ce fût-là l’origine du mot fuser en ce cas, & que ce ne fût pas ce mot au contraire qui nous eût donné celui de fusée ;

car celle-ci ne fuse qu’à raison du nitre qui est sa base. Cependant cela ne paroît que trop vrai. Voyez Nitre. Article de M. de Villiers.

* FUSEROLLE, s. f. (Drap.) brochette de fer qui traverse l’espolin, & qu’on place avec l’espolin dans la poche de la navette.

FUSIBILITÉ, s. f. c’est cette qualité qui se rencontre dans les métaux & minéraux, qui les dispose à la fusion. Voyez Fusion.

L’or est plus fusible que le fer ou le cuivre, mais moins que l’argent, l’étain, ou le plomb. Voyez Or, Argent, &c.

On mele ordinairement du borax avec les métaux pour les rendre plus fusibles. Voyez Borax ; voyez aussi Flux noir & Fondant

FUSIL, s. m. c’est dans l’Art militaire, une arme à feu, qui a succédé à l’arquebuse & au mousquet, montée ainsi que ces deux armes sur un fust de bois qui est ordinairement de noyer.

Outre la monture du fusil dans laquelle on comprend la baguette, on distingue dans cette arme la platine & l’équipage.

La platine est une plaque de fer d’environ cinq pouces de longueur, placée à l’extrémité du canon vers sa culasse, à laquelle sont attachées les différentes pieces qui servent à tirer le fusil.

Ces pieces sont un grand ressort en-dedans de la platine, une noix & bride sur le chien avec sa mâchoire ; une vis au-dessus, le bassinet, une batterie qui couvre ce même bassinet, & un petit ressort qui le fait découvrir & recouvrir.

Le chien tient à la platine par le moyen d’une vis. Son extrémité en-dehors forme une espece de gueule dans laquelle est retenue fixement une pierre à fusil, par le moyen d’une grande vis. La partie supérieure de cette gueule est appellée la mâchoire du chien. Le bassinet est un petit bassin posé en saillie sur la platine, vis-à-vis la lumiere ou la petite ouverture faite au canon pour mettre le feu à la poudre dont il est chargé. La batterie est disposée en espece d’équerre, dont une branche couvre le bassinet, & l’autre se présente à-peu-près parallelement au chien.

Lorsque le chien est tendu, ou ce qui est la même chose, lorsque le fusil est bandé, & qu’on veut le tirer, on lâche la détente qui est sous la platine, ce qui fait tomber avec force sur la batterie le chien armé de sa pierre. Cet effort fait mouvoir la batterie, & lever sa branche qui couvre le bassinet ; & comme la pierre fait feu en même tems sur la partie de la batterie qui lui est opposée, elle allume la poudre du bassinet, laquelle communique le feu à la charge du fusil, & fait ainsi partir le coup.

Les platines du mousqueton, du pistolet, &c. sont composées des mêmes pieces que celles du fusil.

L’équipage du fusil est composé du talon, qui est une espece de plaque de fer qui couvre le bout de la crosse ; de l’écusson, qui est une piece de fer qui embrasse la clé des portes-baguette ; de la soûgarde avec sa détente, qui sert à lâcher le ressort du chien, &c.

Les fusils ont commencé à être généralement établis dans les troupes vers l’année 1704. Avant cette époque il n’y avoit que les grenadiers des bataillons qui en fussent armés, à l’exception néanmoins du régiment des fusiliers, créé en l’an 1671, qui fut dès lors attaché au service de l’artillerie. Tous les soldats eurent des fusils à la place des mousquets, qui étoient alors en usage dans tous les corps d’infanterie. Les fusiliers outre l’épée, furent aussi armés d’une bayonnette ; c’est le premier corps dont les soldats ayent été ainsi armés. Ce régiment est aujourd’hui royal artillerie. Quant aux raisons qui firent quitter les mousquets pour prendre les fusils, voyez Mousquet. (Q)

De la portée du fusil. Pour connoître ce qu’on doit