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profondeur de quatre à cinq piés, & de la forme d’un quarré oblong, où l’on enfouit un corps mort. Voyez les articles Cimetiere, Eglise, Enterrement

Fosse aux Cables, (Marine.) c’est un retranchement fait vers l’avant du vaisseau, sous le premier pont, dans lequel on place les cables. Voyez Marine, Pl IV. fig. 1. n°. 42. (Z)

Fosse au Lion, (Marine.) c’est un retranchement vers l’avant du navire, fait sous le premier pont, destiné à mettre le funin, les poulies, & les caps de mouton de rechange, & qui sert aussi de chambre au contre-maitre. La fosse au lion est à côté de la fosse aux cables, en avant d’icelle. Mar. Pl. IV. fig. 1. n°. 40.

Fosse aux Mats, (Marine.) c’est un lieu rempli d’eau de la mer, dans lequel on met les mâts pour les conserver. Voyez Mats.

Fosse marine, (Marine.) On donne quelquefois ce nom à un endroit de la mer proche les côtes, dans lequel il y a bon fond, & où les vaisseaux peuvent mouiller un peu à l’abri. (Z)

Fosse marine est encore un endroit qui se trouve sur un banc lorsqu’il est plus profond, & qu’il y a plus d’eau que sur le reste du banc. (Z)

* Fosse, terme de Fonderie, est un espace profond entouré de murs, dans le milieu duquel est placé l’ouvrage à fondre : de façon qu’il y ait un pié de distance entre les parties les plus saillantes de l’ouvrage, & le mur de recuit. On fait cette fosse ronde, ovale, ou quarrée, selon que le travail de fonderie l’exige ; les fosses rondes sont les plus usitées & les plus commodes : ordinairement on fait les fosses dans les terres à hauteur de rez-de-chaussée ; de maniere que les terres qui l’environnent soûtiennent le mur de pourtour de la fosse : mais il faut prendre un terrein où l’incommodité de l’eau ne soit pas à craindre. Voyez l’article Equestre figure, & les figures des Planches de la Fonderie des figures équestres, & leur explication.

Fosse, en terme de Monnoie, signifie cette profondeur ou cavité qui est au-devant du balancier où se frappent les monnoies & les médailles ; c’est dans cette fosse que se place le monnoyeur pour poser les flancs entre les coins, afin qu’ils en reçoivent l’empreinte, & pour les retirer quand ils l’ont reçûe. Trévoux.

* Fosse, les Fayenciers & Potiers de terre ont aussi leur fosse ; voyez ce que c’est à ces articles.

* Fosse, (Plombier.) espece de chaudiere de grès ou de terre franche où l’on fond le plomb à mettre en tables ou à faire différens ouvrages : elle est pratiquée au-dessous du rez-de-chaussée de l’attelier ; elle est revêtue en tout sens d’un massif de pierre qui la soûtient contre l’effort d’un métal fondu, dont le poids va quelquefois jusqu’à 3000. Il y a au fond de la fosse une poësle de fonte qui rassemble le plomb à mesure que la fosse s’épuise ; sa partie supérieure est couverte d’une cheminée qui donne issue à la fumée & aux vapeurs. Quand on veut fondre, on commence par échauffer le fond de la fossé avec de la braise ardente : ensuite on la remplit de plomb & de charbon jettés pêle-mêle. On écume le métal a mesure qu’il se met en bain, on en puise avec la cuilliere, on remplit la poësle à verser, & l’on jette l’ouvrage qu’on se propose de faire. Voyez l’article Plombier, & les Planches de Plomberie, avec leur explication.

* Fosse, (Potier d’étain.) c’est un trou pratiqué sous une cheminée, & fait de brique : il est posé à niveau du plancher, & il s’éleve à la hauteur du genou : il est plus long que large. On y allume du feu, & l’on y jette l’étain qui s’y fond, voyez Fondre l’étain. Il y en a qui fondent dans une fosse, au lieu de fondre dans une chaudiere.

* Fosse, (Tanneur.) grande cuve profonde faite de pierre ou de bois, mastiquée dans la terre, où

le tanneur met le cuir, avec le tan imbibé d’eau, pour le faire tanner : on appelle cette manœuvre faire prendre nourriture. Voyez l’article Tanneur.

FOSSÉ, s. m. en Architecture, espace creusé quarrément de certaine profondeur & largeur à-l’entour d’un château, autant pour le rendre sûr & en empêcher l’approche, que pour en éclairer l’étage soûterrein.

Fossé revêtu, est celui dont l’escarpe & la contrescarpe sont revétus d’un mur de mâçonnerie en talud, comme au château de Maisons. (P)

Fossé sec, est celui qui est sans eau, avec une planche de gason qui regne au milieu de deux allées sablées, comme au château de Saint-Germain-en-Laye. (P)

Fossé, (Droit françois.) On environne quelquefois en France les maisons de campagne de fossés, lorsque l’assiette du lieu le permet, c’est-à-dire qu’elle est dans un fond : ces fossés sont le plus souvent remplis d’eau, & servent de défense aux châteaux qu’ils entourent, personne n’y pouvant entrer que par des ponts-levis. Quelquefois aussi ces fossés sont creusés exprès pour attirer les eaux, & dessécher par ce moyen le terrein qui est trop humide : on met, si l’on veut, du poisson dans ces sortes de fossés, & on les revêt de murs à chaux & à ciment.

Mais quel qu’en soit l’usage, un noble ne peut pas faire des fossés autour de sa maison sans lettres-patentes du roi adressées à la chambre des comptes, qui ne les vérifie qu’information préalablement faite de la commodité ou incommodité, & à la charge d’un droit de reconnoissance. A l’égard du seigneur, son consentement est toûjours requis. Ainsi un censitaire ou un vassal ne peut faire fossés ni ponts-levis en sa maison, sans le consentement de son seigneur. Pour peu qu’on sache l’histoire de France, & qu’on remonte aux siecles précédens, on découvre aisément l’origine de ces sortes de servitudes. (D. J.)

Fossé, (le) dans la Fortification, est toûjours une profondeur qu’on pratique au pié du côte extérieur du rempart.

La ligne qui le termine du côté de la campagne se nomme contrescarpe ; il est ordinairement revêtu de maçonnerie vers ce côté, afin que les terres ne s’éboulent point dans le fossé.

Lorsque le rempart de la place est revêtu, son talud extérieur est continué jusqu’au fond du fossé ; & quand il ne l’est point, le talud extérieur se termine au bord du fossé, au niveau de la campagne : alors on laisse entre le pié du rempart & le fossé un chemin de dix ou douze piés, qu’on nomme berme ou relais ; il sert à soûtenir les terres du rempart, pour qu’elles ne s’écroulent point dans le fossé.

Le fossé des places fortes est sec ou plein d’eau ; l’un & l’autre ont leurs avantages & leurs inconvéniens. le fossé sec se défend mieux que le fossé plein d’eau ; mais aussi met-il la place moins à l’abri ces surprises : le fossé plein d’eau est meilleur à cet égard, mais il ne donne pas la même facilité pour faire des sorties sur l’ennemi. Au reste, il ne dépend point de l’ingénieur qui fortifie une place, d’en faire les fossés secs ou pleins d’eau ; il est obligé de se conformer à la nature des lieux où les places sont situées. Ainsi dans les lieux aquatiques le fossé est plein d’eau, & il est sec dans les autres.

Les meilleurs fossés sont ceux qui sont secs, & qu’on peut remplir d’eau quand on le veut par le moyen des écluses ; tels sont ceux de Landau, de Valenciennes, & de plusieurs autres places.

La largeur & la profondeur de fossé se reglent sur le besoin qu’on a des terres pour la construction des ouvrages de la fortification : c’est pourquoi dans les terreins où il y a peu de profondeur, il faut donner plus de largeur au fossé : cette largeur doit toûjours