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L’antimoine & son régule causent la même altération à tous les metaux, les réduit même en scories, & les volatilise.

Ce que nous avons dit de l’arsenic au sujet de l’union qu’il fait avec les différens metaux, est également vrai du régule d’antimoine. Car le metal qu’il fond le plus rapidement, est le fer, & après lui le cuivre, &c. Voyez Caracteres d’Imprimerie.

Le bismuth a la propriété de fondre à un degré de feu bien moins considérable que le régule d’antimoine, les métaux de difficile fusion. Il s’unit facilement avec eux. Voyez ce qu’on en dira dans la partie des flux.

Le zinc se mêle aisément avec le plomb & l’étain, qu’il aigrit en raison de sa quantité.

Si on le fond avec quatre ou même six parties de cuivre, celui-ci est plus fusible. C’est le laiton. Il prend une belle couleur d’or, si on lui mêle de l’étain d’Angleterre.

L’alkali fixe dissout au grand feu toutes sortes de pierres & de terres, & principalement les vitrescibles ; d’où il résulte différens verres. Voyez la lithogéognosie de Pott ; la verrerie de Kunckel, & les articles Verrerie, Email & Porcelaine.

Il fond aisément l’or & l’argent.

Il facilite aussi beaucoup la fusion du fer & du cuivre, qu’il consume ensuite.

L’alkali fixe est sur-tout employé à la réduction des précipités métalliques, c’est-à-dire des chaux des métaux faites par les acides ; mais on ne l’employe guere seul que pour l’or, l’argent ou le mercure. Voyez Nitre alkalisé par les métaux.

Le borax fond & vitrifie toutes les terres, & les terres qu’on mêle avec lui.

Il facilite extrèmement la fusion de l’or, de l’argent & du cuivre. Voyez Soudure.

Le nitre facilite beaucoup la fusion des métaux ; mais on ne l’employe seul que pour l’or & l’argent. Voyez Nitre alkalisé par les métaux.

Le sel marin ne s’employe seul non plus que le nitre, & est plûtôt regardé comme un défensif du contact de l’air que comme un fondant. Voyez Essai, Fusion, & plus bas ce qui regarde les flux réductifs.

Le fiel de verre est d’un usage fréquent dans la partie de la chimie qui traite des métaux ; mais mal-à-propos, selon M. Roüelle. Cet illustre chimiste ayant remarqué que ce corps est un mélange de verre, d’alkali, de la soude, de tartre vitriolé, & de sel de Glauber, a conclu justement que par ces deux derniers sels il faisoit un foie de soufre, qui, dissolvant les métaux au lieu de les réduire, rendoit un essai faux. Voyez Foie de soufre & Soufre artificiel. Il est étonnant qu’un chimiste aussi éclairé que M. Cramer, n’ait pas assez observé ce corps, & qu’il ne fasse presque pas un essai sans y faire entrer cet absurde ingrédient. Voyez plus bas l’article des Flux composés, qui sont de lui.

Le sel ammoniac n’est employé comme fondant qu’au défaut du nitre & du sel marin.

Le soufre fond aisément l’argent, & lui donne assez l’apparence du plomb.

Il pénetre le cuivre & le réduit en une masse friable & spongieuse. Voyez Cémentation du cuivre avec le soufre ou cuivre brûlé.

Il fond promptement le fer, & le réduit en une scorie spongieuse : il suffit pour cela de rougir une barre de fer, & de la froter avec un bâton de soufre.

Il facilite extrèmement la fonte du régule d’antimoine, auquel il rend son premier état de mine d’antimoine.

Il fond aussi le bismuth, mais moins aisément que le régule d’antimoine.

Il rend l’arsenic d’autant plus fusible, qu’il lui est uni en plus grande quantité. Voyez Arsenic jaune, rouge, Rubis d’arsenic, Orpiment, Réalgar.

Fondu avec deux parties d’alkali fixe, il fait le foie de soufre. Voyez Foie de soufre.

Ce foie a la propriété, par rapport au sel alkali qu’il contient, de faciliter & d’accélérer la fusion de toutes les pierres & les terres, ainsi que tous les métaux, même les réfractaires & les demi-métaux, excepté le mercure. Voyez sa révivification. Cramer.

Le sel fusible de l’urine, mêlé à parties égales avec l’argille, entre en fonte ; mais le mélange devient compacte & tout noir, semblable à une agate de cette couleur. Si on met deux parties de ce sel contre une d’argille, le mélange se fond très-bien ; mais il en résulte une masse compacte & grisâtre, dont la cassure ressemble presque à une agate ou à un caillou grisâtre. Quant au sel dont il est ici question, voyez Phosphore.

Six parties de craie, qui est un corps infusible par lui-même, & quatre parties d’argille, aussi infusible par elle-même, donnent un corps dur & bien lié, mais sans transparence.

Quatre parties d’argille avec une partie de spath alkalin, donne une masse très liée, & qui reste opaque : mais si l’on mêle ces deux substances en une certaine proportion, & qu’on expose ce mélange à un feu suffisant & long-tems continué, il se changera enfin en un corps tirant sur le jaune, & pour l’ordinaire verdâtre, transparent & parfaitement dur, qui peut être compté parmi les chefs-d’œuvres de l’art, Pott. Nous allons passer aux flux réductifs simples & composés.

Le tartre crud, le résidu de sa distillation, le savon, le flux blanc & le flux noir, sont des flux réductifs simples. Voyez ce que nous avons dit des deux derniers, au commencement de cet article, & les exemples que nous en allons donner de chacun en particulier.

De la limaille ou des lamines de fer fondues rapidement avec leur double d’étain, du tartre, du verre, & des cendres gravelées, donnent un régule blanc, fragile, & attirable par l’aimant.

Le cuivre facilite la fusion du fer ; mais on ne réussit bien dans cette opération, qu’en couvrant la surface de la matiere avec un mélange de tartre & de verre.

L’arsenic & l’alkali fixe, mêlés avec un corps contenant beaucoup de phlogistique comme le savon, la poudre de charbon & de tartre, fondus dans un bon creuset avec de la limaille & des lamines de fer, donnent un régule de fer blanchâtre & fragile. Si on veut unir au fer une grande quantité d’arsenic par cette méthode, il faudra mêler ensemble égales portions de limaille de fer & de tartre, y ajoûter le double d’arsenic, & jetter le tout dans un creuset rouge, afin de le fondre le plus rapidement qu’il sera possible. On versera cet alliage dans un cone ou une lingotiere, si-tôt qu’on s’appercevra que la fusion est achevée.

Si l’on traite le cuivre avec l’arsenic par la même méthode, il en résulte un composé qui est blanc, & qui conserve encore assez de malléabilité, principalement si on le fait fondre une fois ou deux avec le borax, afin de dissiper l’arsenic superflu. Si cependant on mêle une grande quantité d’arsenic avec le cuivre, il en devient cassant & obscur, & sa surface est sujette à se noircir dans l’espace de peu de jours, par le seul contact de l’air.

Si on allie le bismuth avec des métaux qui se fondent difficilement, il faut faire cette opération dans les vaisseaux fermés, parce qu’il se détruit aisément ; outre cela il faut augmenter le feu très-rapidement, & y faire les additions que nous avons prescrites en parlant de la limaille de fer, jointe avec son double d’étain.