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une baguette percée d’un trou ; cette baguette lmn se rend à la planchette o, à l’extrémité de laquelle elle est attachée avec un cordon qui passe dans un trou fait au bout o de la planchette, qu’elle tient élevée au-dessus de la traverse inférieure 3, 4, d’une quantité un peu plus grande que celle à laquelle cette planchette pourroit descendre, lorsque le coude k de la manivelle, au lieu d’être élevé comme on le voit en k, est le plus abaissé qu’il est possible. La planche op qu’on appelle la marche du roüet, est assemblée en p à tourillons avec la traverse 1, 2, & peut se mouvoir sur elle-même.

La piece qr composée d’un tasseau de bois, percé de deux trous quarrés, à l’aide desquels il peut glisser sur la longueur des traverses 9, 10 ; 11, 12 ; de deux montans s, t, & d’une vis en bois xy, qui passe à-travers le montant ut & le tasseau qr qui est taraudé, cette piece, dis-je, s’appelle la coulisse. La vis s’appelle la poignée ; les deux montans s, t, s’appellent les marionnettes.

Les marionnettes dont on voit une séparément fig. s, t, portent à leur partie supérieure un morceau de cuir a, qui est percé d’un trou dans le milieu, & qui tient à la marionnette par deux petits tenons.

Il s’agit maintenant de passer dans les deux trous des deux cuirs des deux marionnettes, l’assemblage de pieces qu’on voit sur le roüet entier, & qu’on a représenté séparément en C, D, E, F, G, H, I, K, L, M, N, O, P, Q, R. C N est une broche de fer ; elle est percée en c d’un trou extérieur qui va jusqu’en E, où il y en a un autre E qui rencontre l’intérieur, ensorte qu’un fil qu’on passeroit en C, sortiroit par E. Sur cette broche de fer est fixée au point F, une piece de bois FGG, figurée comme on la voit, & armée sur ses bords de petits bouts de fils-de-fer recourbés en crochets : on appelle cette piece l’épinglier. H I K est une bobine enfilée sur la broche. Cette bobine a en H une bosse arrondie, & en K une gouttiere. La piece LM qui contient & serre la bobine sur la broche s’appelle la noix ; elle est à gouttiere en L, & en bosse en M. On ne peut enlever de dessus la broche CN l’épinglier FGG, mai, on en peut ôter & la bobine HIK, & la noix LM.

On a pratiqué à la broche CN une petite éminence D, pour contenir tout cet assemblage fixement entre les cuirs des marionnettes, & l’on a fait la partie M en bosse, afin que le frotement contre un des cuirs en fût moindre.

Ainsi on place tout cet assemblage CDEFGIKLM entre les marionnettes, l’extrémité C passée dans un des trous des cuirs, & l’autre extrémité M passée dans le trou de l’autre cuir. On a auparavant fait passer une corde à boyau dans les deux gouttieres K, L, & dans la gouttiere de la grande roue I.

On bande suffisamment cette corde à boyau, par le moyen de la vis ou poignée xy ; on fait approcher à discrétion le tasseau mobile qr de la traverse immobile at ; & avec ce tasseau tout l’assemblage suspendu entre les cuirs des marionnettes st, fixées sur ce tasseau.

Il faut que la corde soit bandée de maniere qu’en faisant tourner la grande roue i, tout l’assemblage CDEFGHIKLMN tourne ensemble.

D’où l’on voit qu’il faut que la bobine HIK & la noix LM, entrent avec un peu d’effort sur la broche, sans quoi ils tourneroient seuls, & ne feroient pas tourner la broche avec eux : or il faut que tout tourne ensemble.

Cette machine entiere qu’on appelle un roüet étant décrite, il s’agit maintenant d’en expliquer l’usage.

On a fixé sur le milieu de la bobine en i, un bout de fil tout filé : on fait passer ce bout de fil sur la premiere dent O de l’épinglier ; on le conduit de-là au trou E de la broche, & on le fait sortir par le trou

C, comme on voit en Q. On le conduit de Q à la quenouille, en le tenant entre l’index & le doigt du milieu de la main droite. La fileuse est assise devant son roüet, vis-à-vis la marche po ; elle fait tourner la roue i à la main, jusqu’à ce que la manivelle k soit élevée comme on la voit : alors elle met le pié droit sur la marche po ; elle presse le bout o de la marche avec le bout de ce pié : par cette action, le bâton mn est tiré, il entraîne la manivelle k, la manivelle fait tourner la roue i, la roue fait tourner la broche CN avec tout ce qu’elle porte ; le fil fixé d’un bout sur le milieu de la bobine, engagé sur une des dents de l’épinglier & sortant par le trou C de la broche, tourne aussi sur lui-même. La fileuse entretient toûjours la roue i en mouvement dans le sens de i en 13. Quand ce fil a pris une certaine quantité de tors, la fileuse approche du bas de la filasse de sa quenouille, le fil gripe de cette filasse, cette partie de filasse se tord ; à mesure qu’elle se tord & que le fil se fait, il glisse par le trou C sur l’épingle O, & s’entortille sur la bobine.

La fileuse a devant elle sa mouillette ; elle humecte sa filasse & son fil, quand il en est besoin. Elle fait passer le fil d’une épingle O à la suivante P, & ainsi de suite, afin de répandre également son fil sur toute la cavité de la bobine ; quand elle est parvenue à la derniere a, elle retrograde & revient à la premiere O, en passant successivement par chacune des intermédiaires.

Au demeurant on doit observer pour bien filer au roüet, les mêmes regles que nous avons prescrites pour bien filer au fuseau.

Si on établit entre la vîtesse de la grande roue i, 13, & celle de la bobine FIK, & du fil Q, & la vitesse avec laquelle on tire la filasse & on la fournit au mouvement, le rapport convenable, le fil ne sera ni trop ni pas assez tors.

On va vite quand on file au roüet ; mais on prétend communément que le fil qu’on fait n’est jamais ni aussi parfait, ni aussi bon que celui qu’on file au fuseau. Si vous desirez sur l’usage du roüet quelque chose de plus, voyez l’article Coton.

Lorsqu’on a une assez grande quantité de fil, on le met en écheveau par le moyen d’un devidoir. Le devidoir est une roue à plusieurs aîles, soûtenu sur un axe entre deux piliers, & armé d’une manivelle, à l’aide de laquelle on la fait tourner. A mesure qu’elle tourne, elle tire le fil de dessus le fuseau, & s’en charge.

On envoye les écheveaux à la lessive ; d’où ils passent entre les mains du tisserand, quand on veut mettre le fil en toile, voyez l’article Toile ; ou au moulin à retordre, quand on le destine à la couture & à d’autres ouvrages. L’art de retordre le fil a fait de grands progrès. Nous allons suivre ces progrès, & donner l’explication des machines dont on s’est servi successivement.

Le premier fil qu’on ait retordu, l’a été au fuseau ou à la quenouille. Retordre le fil, est en faire une espece de petite corde de plusieurs brins : pour cet effet on le met en autant de pelotes qu’on veut qu’il y ait de brins au fil retors. On attache une clé à l’extrémité de la quenouille ; on fait passer les brins par l’anneau de la clé qui déborde le bout de la quenouille ; on les conduit tous ensemble sur l’extrémité du fuseau ; on les y fixe par le moyen d’une boucle, comme s’il étoit question de filer ; on prend ensuite le bout du fuseau entre les deux paumes de la main, & on le fait tourner sur lui-même de gauche à droite, c’est-à-dire dans un sens contraire à celui dont le fil a été tors, quand on l’a filé : or il est évident qu’il a été tors alors de droite à gauche.

Pour faire sentir la raison de cette manœuvre, il faut considérer, 1°. qu’en quelque sens qu’on tourne