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cessité d’appareiller un cheval qui est marqué en tête avec un cheval qui ne l’est pas, soit aussi pour tromper les ignorans qui regardent un cheval qui n’a point d’étoile, comme un cheval défectueux. Voy. Zain.

Pour cet effet ils cherchent à faire une plaie au milieu du front de l’animal. Les uns y appliquent une écrevisse rôtie & brûlante : les autres percent le cuir avec une haleine, & pratiquent ainsi six trous dans lesquels ils insinuent longitudinalement & transversalement des petites verges de plomb, dont les extrémités restent en-dehors, & débordent de maniere que ces verges sont placées en figure d’étoile. Ils passent ensuite une corde de laine, ou un lien quelconque sous ces six pointes ; ils la recroisent ensuite dessus, & sont autant de tours qu’il en faut pour que toute la place de la pelote soit couverte : après quoi ils arrêtent ce lien par un nœud, & rabattent les extrémités des verges sur la peau. Quelques jours après ils les retirent, & il en résulte une plaie qui occasionne la chûte du poil, lequel en renaissant reparoît blanc. Voyez Poil. (e)

Etoile, (Artificier.) on appelle ainsi un petit artifice lumineux d’un feu clair & brillant, comparable à la lumiere des étoiles. Lorsqu’il est adhérent à un saucisson, on l’appelle étoile à pet.

La maniere de faire cette espece d’artifice, peut être beaucoup variée, tant dans sa composition, que dans sa forme, & produire cependant toûjours à-peu près le même effet. Les uns les font en forme de petite, boules massives : les autres en boules de pâte, percées & enfilées comme des grains de chapelet : les autres en petits paquets de poudre seche, simplement enveloppée de papier ou d’étoupe : d’autres enfin en roüelles plates, de compositions aussi seches, mais bien pressées & enfilées avec des étoupilles.

Dose de composition pour les étoiles. Prenez quatre onces de poudre, deux onces de salpetre, autant de soufre ; deux tiers de limaille de fer, de camphre, d’ambre blanc, d’antimoine, & de sublimé, de chacun demi-once : on peut supprimer ces trois derniers ingrédiens si l’on veut. Après avoir réduit toutes ces matieres en poudre, on les trempe dans de l’eau-de-vie, dans laquelle on a fait dissoudre un peu de gomme adragant sur les cendres chaudes ; lorsqu’on voit que la gomme se fond, on y jette les poudres dont on vient de parler, pour en faire une pâte, qu’on coupe ensuite par petits morceaux, & qu’on perce au milieu avant qu’elle soit seche, pour les enfiler avec des étoupilles.

Des étoiles à pet. Lorsqu’on veut que la lumiere des étoiles finisse par le bruit d’un coup, on prend un cartouche de cette espece de serpenteaux qu’on appelle lardons, très-peu étranglé ; on le charge de la maniere des étoiles dont on a parlé, à la hauteur d’un pouce ; ensuite on l’étrangle fortement, de sorte qu’il n’y reste d’ouverture que celle qui est nécessaire pour la communication du feu ; on remplit le reste du cartouche de poudre grenée, laissant seulement au-dessus autant de vuide qu’il en faut pour le couvrir d’un tampon de papier, & l’étrangler totalement par-dessus. On met cet artifice dans le pot de la fusée, d’où étant chassé par la force de la poudre, il paroît en étoile & finit par un pet.

Des étoiles à serpenteaux. On étrangle un cartouche de gros serpenteaux de neuf à dix lignes de diametre, à la distance d’un pouce de ses bouts ; & l’ayant introduit dans son moule pour le charger, on a un culot dont la têtine est assez longue pour remplir exactement le vuide qu’on a laissé, afin que la partie qui doit contenir la matiere du serpenteau, soit bien appuyée sur cette têtine pour y être chargée avec une baguette de cuivre, comme les ser-

penteaux ordinaires & de la même matiere de leur composition.

Le serpenteau étant chargé & étranglé par son bout, on renverse le cartouche pour remplir la partie intérieure, dans laquelle entroit la têtine de la matiere seche ou humide des étoiles sans l’étrangler. Mais auparavant il faut ouvrir avec un poinçon un trou de communication au serpenteau dans le fond de cette partie, qu’on amorce de poudre avant que de mettre dessus la matiere à étoile.

Cette partie étant remplie & foulée comme il convient, on la laisse ainsi pleine sans l’étrangler, l’arrêtant seulement par un peu de pâte de poudre écrasée dans l’eau, pour l’amorcer & placer cet artifice dans un pot de fusée volante sur cette amorce. Traité des feux d’Artifice.

Etoile, (Horlogerie.) piece de la quadrature d’une montre, ou d’une pendule à répétition. On lui a donné ce nom à cause de sa figure, qui ressemble à celle que l’on donne ordinairement aux étoiles. Elle a douze dents. Voyez son usage à l’article Répétition, & la fig. 57, Pl. II. de l’Horlogeries & suiv. marque B, & dans la 57 par 1, 2, 3-12. (T)

Etoile, (Jard.) on appelle ainsi plusieurs allées d’un jardin, ou d’un parc, qui viennent aboutir à un même centre, d’où l’on jouit de différens points de vûe. Il y a des étoiles simples & des doubles. Les simples sont fermées de huit allées ; les doubles de douze ou de seize.

Etoile est encore un petit oignon de fleur, dont la tige est fort basse, & la fleur tantôt blanche, & tantôt jaune : c’est une espece d’ornithogalum. (K)

Etoile, nom d’un outil dont se servent les Relieurs-Doreurs. On pousse les étoiles après le bouquet & les coins ; on en met plusieurs entre les coins & le bouquet, pour y servir d’ornement. On dit pousser les coins & les étoiles. Voyez Fers à dorer.

Etoile, (Manuf. en soie.) c’est une des pieces du moulin à mouliner les soies. Voyez l’article Soie.

Etoile, terme d’Imprimeur. C’est la même chose qu’astérique. Voyez Astérique.

Etoile, (Géog. mod.) petite ville du Dauphiné.

ETOILÉ, adj. terme de Chirurgie. On donne ce nom à une espece de bandage qui est de deux sortes, le simple & le double.

Le bandage étoilé simple est pour les fractures du sternum & des omoplates. Il se fait avec une bande roulée à un chef, longue de quatre aulnes, large de quatre travers de doigt. Si c’est pour les omoplates, on applique d’abord le bout de la bande sous l’une des aisselles ; on conduit le globe par-derriere sur l’épaule de l’autre côte, en passant sur les vertebres : ensuite on descend par-dessous l’aisselle, pour revenir en-derriere croiser entre les deux omoplates, & assujettir le bout de la bande sous l’aisselle, pour remonter de derriere en-devant sur l’épaule, & continuer les mêmes croisés & circonvolutions, en faisant des doloires : on finit par quelques circulaires autour du corps. Quand on applique ce bandage pour le sternum, on fait par-devant les croisés, qui dans le bandage pour les omoplates se font par-derriere.

Le bandage étoilé double s’applique à la luxation des deux humérus à-la-fois, & à la fracture des deux clavicules. Il se fait avec une bande roulée à un chef, longue de six à sept aulnes, large de quatre travers de doigt, qu’on applique d’abord par-devant, & avec laquelle on fait quatre spica ; le premier sur le sternum, le second entre les omoplates, & un sur chaque épaule : ensuite on finit autour du corps. Si c’est pour les clavicules, on assujettit les deux bras autour du corps. Le nom de ces bandages vient de leur figure. (Y)

Etoilé, (Blason.) Une croix étoilée est celle qui a quatre rayons disposés en forme de croix, assez larges au centre, mais qui finissent en pointe. Voyez Croix.