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sont particulieres. Les mains d’une figure pourroient être exactement conformées ; elles pourroient être dans une exacte proportion avec la figure, & ne pas offrir ces agrémens dont certains détails de leur conformation les embellissent : ces beautés se font remarquer plus sensiblement dans les mains des femmes ; l’embonpoint rend leurs parties arrondies ; il forme dans les endroits où les muscles s’attachent, de petites cavités, qui en marquant la place des jointures, en adoucissent les mouvemens. La sécheresse qu’occasionne l’apparence des os, est heureusement voilée ; & les formes, sans être détruites, sont adoucies. Je dirois la même chose des piés, si l’on pouvoit espérer aujourd’hui de se faire comprendre, en avançant que la petitesse extrème dont les femmes recherchent l’apparence dans leur chaussure, est aussi éloignée de la beauté que la grosseur excessive dont elles veulent se garantir. Peut-on de sens-froid se resoudre à admirer des bases, sur lesquelles chancelle le poids qu’elles doivent soûtenir ? On voit à tout instant un corps énorme chercher en marchant sur deux pivots, un équilibre que la moindre distraction doit lui faire perdre ; & pour cela on détruit dans les tourmens d’une chaussure gênante & douloureuse, la forme des doigts & du coup-de-pié. Il arrive de-là que, si l’on desire d’un peintre qu’il représente une Vénus au bain, ou les graces nues, il fera de vains efforts pour trouver des modeles dont les piés ne soient pas défigurés. Il résulte encore de cette folie, que si l’artiste donne pour proportion aux piés de ces mêmes graces, la longueur de la tête qui est la juste mesure qu’ils doivent avoir, le sexe jaloux de ses avantages est obligé ou de blâmer des beautés qui consistent dans la justesse des proportions, ou d’avoüer qu’il ne possede pas lui-même cette perfection.

Voilà ce qui regarde les graces des extrémités. Pour l’expression qu’elles peuvent ajoûter aux actions, il est aisé d’en voir l’effet dans celui que nos habiles comédiens font sur nous lorsque leurs gestes sont absolument conformes à ce qu’ils doivent sentir & à ce qu’ils récitent. Dans les douleurs la contraction des nerfs se fait sentir avec une expression effrayante dans les mains & dans les piés : ces parties qui sont composées de plusieurs jointures, & par conséquent de plusieurs nerfs rassemblés, offrent dans un espace peu étendu l’action répétée que produit une même cause ; chaque doigt reçoit sa portion de la douleur dont les nerfs sont atteints ; & cette communication des affections de l’ame aux mouvemens du corps, si rapide par la voie des nerfs, devient plus visible & plus sensible par des effets multipliés.

Les artistes doivent donc mettre leurs soins non seulement à bien connoître la justesse des proportions des extrémités, mais encore ce qui dans leur conformation produit des graces, & dans leurs mouvemens fait sentir la juste expression. Voyez Proportion, Figure. Cet article est de M. Watelet.

Extrémités, (Man. & Maréch.) nous entendons

proprement par extrémités dans un cheval, la portion inférieure de ses quatre jambes : ainsi nous disons, un cheval dont les crins, la queue, & les extrémités sont noires. (e)

EXUBERANCE, s. f. (Belles-Lett.) en Rhétorique & en matiere de style, signifie une abondance inutile & superflue, par laquelle on employe beaucoup plus de paroles qu’il n’en faut pour exprimer une chose. Voyez Pléonasme.

EXULCÉRATION, en Medecine, est l’action de causer ou de produire des ulceres. Voyez Ulcere.

Ainsi l’arsenic exulcere les intestins : les humeurs corrosives exulcerent la peau. Voyez Corrosion, Erosion.

On applique quelquefois ce mot à l’ulcere lui-même ; mais plus généralement à ces érosions qui emportent la substance des parties, & forment des ulceres. Voyez Erosion.

Les exulcérations dans les intestins sont des marques de poison. Chambers. Voyez Poison.

EX-VOTO, (Littér.) Cette expression latine que l’usage a fait passer dans notre langue, désigne & les offrandes promises par un vœu, & les tableaux qui représentent ces offrandes ; à l’exemple des Payens qui en ornoient leurs temples, & qui quelquefois y employoient leurs meilleurs artistes.

Ces sortes de tableaux portoient chez les Romains le nom d’ex-voto ; parce que la plûpart étoient accompagnés d’une inscription qui finissoit par ces deux mots ex-voto, pour marquer que l’auteur rendoit public un bienfait reçu de la bonté des dieux, ou qu’il s’acquittoit de la promesse qu’il avoit faite à quelque divinité dans un extrème danger, dont il étoit heureusement échappé. Voyez Tableau votif.

Comme l’usage des ex-voto est tombé depuis longtems, même en Italie, & qu’il n’y a que de pauvres peintres qui s’en occupent pour de misérables pélerins, on ne peut s’empêcher d’être touché du triste sort du Cavedone, ce célebre éleve d’Annibal Carrache, qui après s’être attiré l’admiration des plus grands maîtres, éprouva tant de malheurs dans sa famille, que ses rares talens s’affoiblirent au point qu’il se vit réduit à peindre des ex-voto pour subsister, & enfin obligé de demander lui-même publiquement l’aumône. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EYMET, (Géog. mod.) petite ville du Périgord en France ; elle appartient au Sarladois ; elle est située sur le Drot.

EYND’HOUE, (Géog. mod.) ville du Brabant hollandois, aux Pays-Bas ; elle est située sur la Drommel. Long. 23. 5. lat. 51. 28.

EYNEZAT, (Géog. mod.) ville de l’Auvergne en France ; elle est de la généralité de Riom.

EZAGUEN, (Géog. mod.) ville de la province d’Habat, au royaume de Fez en Afrique.

EZZAL, (Géog. mod.) province d’Afrique ; elle est du royaume de Tripoli.