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mériques, que de celle par laquelle on trouve les racines des équations, le mot racine ayant deux sens très-différens dans ces deux cas. Voyez Racine. (O)

Extraction ou Descendance, en Généalogie, signifie la souche ou la famille dont une personne est descendue. Voyez Descendance & Généalogie. Il faut qu’un candidat prouve la noblesse de son extraction, pour être admis dans quelqu’ordre de chevalerie ou dans certains chapitres, &c. Voyez Chevalier, Ordre, &c.

Extraction, Naissance ou Généalogie, Voyez Naissance & Généalogie.

Extraction, en Chirurgie, est une opération par laquelle, à l’aide de quelqu’instrument ou de l’application de la main, on tire du corps quelque matiere étrangere qui s’y est formée, ou qui s’y est introduite contre l’ordre de la nature.

Telle est l’extraction de la pierre, qui se forme dans la vessie ou dans les reins, &c. Voyez Pierre. Voyez aussi Lythotomie.

L’extraction appartient à l’exérèse, comme l’espece à son genre. Voy. Exérèse & Corps étrangers.

Extraction, (Chimie.) L’extraction est une opération chimique par laquelle on sépare d’un mixte, d’un composé ou d’un sur-composé, un de leurs principaux constituans, en appliquant à ces corps un menstrue convenable. Cette opération a été appellée par plusieurs chimistes, solution partiale. L’extraction est le moyen général par lequel s’exécute cette analyse si utile à la découverte de la constitution intérieure des corps, que nous avons célébrée dans plusieurs articles de ce Dictionnaire, sous le nom d’analyse menstruelle. Voyez Analyse menstruelle, au mot Menstruel. (b)

EXTRADOS, s. m. (Coupe des pierres.) c’est la surface extérieure d’une voûte lorsqu’elle est réguliere, comme l’intrados, soit qu’elle lui soit parallele ou non. La plûpart des voûtes des ponts antiques étoient extradossées d’égale épaisseur. Le pont Notre-Dame à Paris est ainsi extradossé. (D)

EXTRADOSSÉ, adject. en Architecture. On dit qu’une voûte est extradossée, lorsque le dehors n’en est pas brut, & que les queues des pierres en sont coupées également, ensorte que le parement extérieur est aussi uni que celui de la doüelle, comme à la voûte de l’église de S. Sulpice à Paris. (P)

EXTRAIRE, tirer quelque chose d’une autre. Voyez Extraction. En termes de Commerce, il signifie faire le dépouillement d’un journal ou de quelqu’autre livre à l’usage des marchands & banquiers, pour voir ce qui leur est dû par chaque particulier, ou les sommes qu’ils en ont reçûes à-compte. (G)

EXTRAIT, s. m. (Belles-Lettr.) se dit d’une exposition abregée, ou de l’épitome d’un plus grand ouvrage. Voyez Epitome.

Un extrait est ordinairement plus court & plus superficiel qu’un abregé. Voyez Abregé.

Les journaux & autres ouvrages périodiques qui paroissent tous les mois, & où l’on rend compte des livres nouveaux, contiennent ou doivent contenir des extraits des matieres les plus importantes, ou des morceaux les plus frappans de ces livres. Voy. Journal. (G)

L’extrait d’un ouvrage philosophique, historique, &c. n’exige, pour être exact, que de la justesse & de la netteté dans l’esprit de celui qui le fait. Exprimer la substance de l’ouvrage, en présenter les raisonnemens ou les faits capitaux dans leur ordre & dans leur jour, c’est à quoi tout l’art se réduit ; mais pour un extrait discuté, combien ne faut-il pas réunir de talens & de lumieres ? Voyez Critique.

On se plaignoit que Bayle en imposoit à ses lecteurs, en rendant intéressant l’extrait d’un livre qui ne l’étoit pas : il faut avouer que la plûpart de ses

successeurs ont bien fait ce qu’ils ont pû pour éviter ce reproche ; rien de plus sec que les extraits qu’ils nous donnent, non-seulement des livres scientifiques, mais des ouvrages littéraires.

Nous ne parlerons point des extraits dont l’ignorance & la mauvaise foi ont de tout tems inondé la Littérature. On voit des exemples de tout ; mais il en est qui ne doivent point trouver place dans un ouvrage sérieux & décent, & nous ne devons nous occuper que des journalistes estimables. Quelques-uns d’entr’eux, par égard pour le public, pour les auteurs & pour eux-mêmes, se font une loi de ne parler des ouvrages qu’en historiens du bon ou du mauvais succès, ne prenant sur eux que d’en exposer le plan dans une froide analyse. C’est pour eux que nous hasardons ici quelques réflexions que nous avons faites ailleurs sur l’art des extraits, appliquées au genre dramatique, comme à celui de tous qui est le plus généralement connu & le plus legerement critiqué.

La partie du sentiment est du ressort de toute personne bien organisée ; il n’est besoin ni de combiner ni de réflechir pour savoir si l’on est émû, & le suffrage du cœur est un mouvement subit & rapide. Le public à cet égard est donc un excellent juge. La vanité des auteurs mécontens peut bien se retrancher sur la legereté françoise, si contraire à l’illusion, & sur ce caractere enjoüé qui nous distrait de la situation la plus pathétique, pour saisir une allusion ou une équivoque plaisante. La figure, le ton, le geste d’un acteur, un bon mot place à propos, ou tel autre incident plus étranger encore à la piece, ont quelquefois fait rire où l’on eût dû pleurer ; mais quand le pathétique de l’action est soûtenu, la plaisanterie ne se soûtient point : on rougit d’avoir ri, & l’on s’abandonne au plaisir plus décent de verser des larmes. La sensibilité & l’enjouement ne s’excluent point, & cette alternative est commune aux François avec les Athéniens, qui n’ont pas laissé de couronner Sophocle. Les François frémissent à Rodogune, & pleurent à Andromaque : le vrai les touche, le beau les saisit ; & tout ce qui n’exige ni étude ni reflexion, trouve en eux de bons critiques. Le journaliste n’a donc rien de mieux à faire que de rendre compte de l’impression générale pour la partie du sentiment. Il n’en est pas ainsi de la partie de l’art ; peu la connoissent, & tous en décident : on entend souvent raisonner là-dessus, & rarement parler raison. On lit une infinité d’extraits & de critiques des ouvrages de théatre ; le jugement sur le Cid est le seul dont le goût soit satisfait ; encore n’est-ce qu’une critique de détail, où l’académie avoue qu’elle a suivi une mauvaise méthode en suivant la méthode de Scudéri. L’académie étoit un juge éclairé, impartial & poli, peu de personnes l’ont imitée ; Scudéri étoit un censeur malin, grossier, sans lumieres, sans goût : il a eu cent imitateurs.

Les plus sages, effrayés des difficultés que présente ce genre de critique, ont pris modestement le parti de ne faire des ouvrages de théatre que de simples analyses : c’est beaucoup pour leur commodité particuliere, mais ce n’est rien pour l’avantage des Lettres. Supposons que leur extrait embrasse & développe tout le dessein de l’ouvrage, qu’on y remarque l’usage & les rapports de chaque fil qui entre dans ce tissu, l’analyse la plus exacte & la mieux détaillée sera toûjours un rapport insuffisant dont l’auteur aura droit de se plaindre. Rappellons-nous ce mot de Racine, ce qui me distingue de Pradon, c’est que je sai écrire : cet aveu est sans doute très-modeste ; mais il est vrai du moins que nos bons auteurs different plus des mauvais par les détails & le coloris, que par le fond & l’ordonnance.

Combien de situations, combien de traits, de ca-